Hymne au soleil

Pierre Baour-Lormian (1770-1854),  traduction d’Ossian le barde

Roi du monde et du jour, guerrier aux cheveux d’or,
Quelle main, te couvrant d’une armure enflammée,
Abandonna l’espace à ton rapide essor,
Et traça dans l’azur ta route accoutumée ?
Nul astre à tes côtés ne lève un front rival ;
Les filles de la nuit à ton éclat pâlissent ;
La lune devant toi fuit d’un pas inégal,
Et ses rayons douteux dans les flots s’engloutissent.
Sous les coups réunis de l’âge et des autans
Tombe du haut sapin la tête échevelée ;
Le mont même, le mont, assailli par le temps,
Du poids de ses débris écrase la vallée ;
Mais les siècles jaloux épargnent ta beauté :
Un printemps éternel embellit ta jeunesse,
Tu t’empares des cieux en monarque indompté,
Et les vœux de l’amour t’accompagnent sans cesse.
Quand la tempête éclate et rugit dans les airs,
Quand les vents font rouler, au milieu des éclairs,
Le char retentissant qui porte le tonnerre,
Tu parais, tu souris, et consoles la terre.
Hélas ! depuis longtemps tes rayons glorieux
Ne viennent plus frapper ma débile paupière !
Je ne te verrai plus, soit que, dans ta carrière,
Tu verses sur la plaine un océan de feux,
Soit que, vers l’occident, le cortège des ombres
Accompagne tes pas, ou que les vagues sombres
T’enferment dans le sein d’une humide prison !
Mais, peut-être, ô soleil, tu n’as qu’une saison ;
Peut-être, succombant sous le fardeau des âges,
Un jour tu subiras notre commun destin ;
Tu seras insensible à la voix du matin,
Et tu t’endormiras au milieu des nuages....

Roi du monde et du jour, guerrier aux cheveux d’or, Quelle main, te couvrant d’une armure enflammée, Abandonna l’espace à ton rapide essor, Et traça dans l’azur ta route accoutumée ? Nul astre à tes côtés ne lève un front rival ; Les filles de la nuit à ton éclat pâlissent ; La lune devant toi fuit d’un pas inégal, Et ses rayons douteux dans les flots s’engloutissent. Sous les coups réunis de l’âge et des autans Tombe du haut sapin la tête échevelée ; Le mont même, le mont, assailli par le temps, Du poids de ses débris écrase la vallée ; Mais les siècles jaloux épargnent ta beauté : Un printemps éternel embellit ta jeunesse, Tu t’empares des cieux en monarque indompté, Et les vœux de l’amour t’accompagnent sans cesse. Quand la tempête éclate et rugit dans les airs, Quand les vents font rouler, au milieu des éclairs, Le char retentissant qui porte le tonnerre, Tu parais, tu souris, et consoles la terre. Hélas ! depuis longtemps tes rayons glorieux Ne viennent plus frapper ma débile paupière ! Je ne te verrai plus, soit que, dans ta carrière, Tu verses sur la plaine un océan de feux, Soit que, vers l’occident, le cortège des ombres Accompagne tes pas, ou que les vagues sombres T’enferment dans le sein d’une humide prison ! Mais, peut-être, ô soleil, tu n’as qu’une saison ; Peut-être, succombant sous le fardeau des âges, Un jour tu subiras notre commun destin ; Tu seras insensible…

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