C’est une histoire d’amour, qui commençait plutôt bien et risque de finir mal. Actuellement, si je devais qualifier cette relation je dirais, comme sur Facebook, « c’est compliqué »… Tout avait pourtant bien commencé. J’ai d’abord été bouleversée en découvrant qu’il me comprenait si bien. En moins de temps qu’il faut pour le dire, il avait deviné qui j’étais, les films que j’aimais, les auteurs que je lisais, jusqu’à mon obsession inavouable pour… Columbo, les livres de cuisine et le couscous aux boulettes. J’appréciais aussi la délicatesse avec laquelle il m’épargnait toutes les daubes à la mode. Jamais il n’a osé me suggérer la moindre bluette à la noix façon Emily in Paris. Sans rien dire, il avait compris. Sachant sûrement que ma progéniture avait passé l’âge, il m’épargnait aussi les nouveaux Disney et autres Squid Game. J’étais à deux doigts de penser que les mauvais coucheurs exagéraient sur le danger de vivre sous la dictée des datas. Ou alors, j’avais la chance d’être tombée sur l’oiseau rare, un compagnon délicat et attentionné qui balisait ma vie : l’algorithme parfait. Mais un premier faux pas a douché mon bel enthousiasme : des rafales de publicités pour les régimes ! Je l’ai immédiatement soupçonné de s’être branché sans rien dire sur ma balance connectée ? Quelle perfidie ! Sur le coup de la colère, je l’aurais bien viré. Mais comment quitter son algorithme ?
J’ai cru trouver la parade en lui signalant, calmement, que ces publicités ne m’intéressaient pas ou qu’elles n’étaient pas pertinentes. J’ai systématiquement bloqué les liens sponsorisés qui m’avaient offensée. Il avait l’air de comprendre et de faire amende honorable. Et il filait doux. Plus jamais un régime, jamais un coupe-faim… Et puis un jour, il a recommencé. Il m’a trahie avec une info sur les croisières senior en Méditerranée, et une autre sur des gaines qui vous feraient perdre deux tailles. Là, j’ai trouvé qu’il était définitivement allé trop loin.
Suivant les conseils de la grande spécialiste, Aurélie Jean, j’ai récemment pris la décision, lourde de conséquences, de tromper mon algorithme. Après tout, il l’avait bien cherché. Je me suis donc lancée dans une grande opération de désinformation personnelle, l’inondant sur Google de questions saugrenues sur les chats, le rap, le PSG ou Britney Spears. Sur Netflix, j’ai commencé à visionner des documentaires stupides sur les crimes non élucidés au Kentucky. Sur Instagram, j’ai liké les plus débiles des influenceuses. Résultat, il est perdu, le pauvre. Il a l’air tout désorienté. Et il ne sait plus quoi faire pour me satisfaire. Enfin je me sens libre. Mais sans être certaine d’avoir gagné au change. ...
C’est une histoire d’amour, qui commençait plutôt bien et risque de finir mal. Actuellement, si je devais qualifier cette relation je dirais, comme sur Facebook, « c’est compliqué »… Tout avait pourtant bien commencé. J’ai d’abord été bouleversée en découvrant qu’il me comprenait si bien. En moins de temps qu’il faut pour le dire, il avait deviné qui j’étais, les films que j’aimais, les auteurs que je lisais, jusqu’à mon obsession inavouable pour… Columbo, les livres de cuisine et le couscous aux boulettes. J’appréciais aussi la délicatesse avec laquelle il m’épargnait toutes les daubes à la mode. Jamais il n’a osé me suggérer la moindre bluette à la noix façon Emily in Paris. Sans rien dire, il avait compris. Sachant sûrement que ma progéniture avait passé l’âge, il m’épargnait aussi les nouveaux Disney et autres Squid Game. J’étais à deux doigts de penser que les mauvais coucheurs exagéraient sur le danger de vivre sous la dictée des datas. Ou alors, j’avais la chance d’être tombée sur l’oiseau rare, un compagnon délicat et attentionné qui balisait ma vie : l’algorithme parfait. Mais un premier faux pas a douché mon bel enthousiasme : des rafales de publicités pour les régimes ! Je l’ai immédiatement soupçonné de s’être branché sans rien dire sur ma balance connectée ? Quelle perfidie ! Sur le coup de la colère, je l’aurais bien viré. Mais comment quitter son algorithme ? J’ai cru trouver la parade en lui signalant, calmement, que ces publicités ne m’intéressaient pas ou qu’elles n’étaient pas pertinentes. J’ai systématiquement bloqué les liens sponsorisés qui…
