Toi qui lis ces mots, tu n’es donc pas mort. Et moi qui les ai écrits, c’est qu’il y a peu j’étais en vie – et le suis sans doute encore. Que de bonnes nouvelles en quelques lignes seulement, n’est-ce pas ? On pourrait aller fêter ça ? Je prendrais une coupette et toi, ce que tu voudras qui euphorisera tes globules rouges. Ça ne te dit pas ? Tu préfères guetter, les bras en croix, la prochaine catastrophe ? Appréhender la débâcle à venir ? Compter les fléaux, accueillir l’apocalypse ? Remarque, l’avantage avec la dernière, c’est qu’elle est propice à la fête, à la communion, à la transe (dans ma vision du moins, peut-être pas dans celle de Saint Jean de Patmos).
Je le dis haut et fort : nous ne sommes pas morts – pas encore. Mais sommes-nous vivants pour autant ? Que se passe-t-il donc ? Comment s’appelle cet état intermédiaire et bâtard qui nous donne l’air d’anachorètes sans grâce, d’ermites sans extase, de Casanova sans casa ni nova ? Pourquoi, et jusqu’à quand, sommes-nous coincés dans ces limbes existentiels, dont les symptômes majeurs sont l’aquoibonisme, l’ego hypertrophié et le teint blafard ?
J’ai une vague hypothèse – elle vaut ce qu’elle vaut. Peut-être qu’à force d’angoisser, de penser à se soigner avant même de tomber malade, d’avoir peur de perdre sans avoir commencé à jouer, la vie s’est échappée de nous. Peut-être qu’à force de vivoter, nous avons cessé de vivre, et que nous sommes morts depuis longtemps sans même nous en être aperçus. Et nous errons désormais à la surface d’une petite planète qui se vivifie malgré la peste et les ruines : les arbres verdoient au printemps, les oiseaux poussent la chansonnette, les vagues dansent dans la mer, les déserts bronzent au soleil, les micro-organismes musardent dans l’atmosphère, les fleurs se pavanent là-haut dans la montagne…
Tout le monde est à son poste, vif et vivant, il n’y a que nous qui ne sommes pas là. Un peu partout, beaucoup nulle part, un vague sourire en coin et les yeux explosés par les néons des écrans. Les rêves à bout, les peurs à cran.
Mais peut-être que je projette ? Peut-être que c’est moi qui suis en SPM (syndrome prémenstruel) et que je noircis le tableau à cause du rouge à venir. Je devrais me mettre du rouge à lèvres tiens, et écouter Enrico Macias, il paraît que ça aide à voir la vie en rose. Laï, laï, laï, laï, laï, laï ! Laï, laï, laï, laï !...
Toi qui lis ces mots, tu n’es donc pas mort. Et moi qui les ai écrits, c’est qu’il y a peu j’étais en vie – et le suis sans doute encore. Que de bonnes nouvelles en quelques lignes seulement, n’est-ce pas ? On pourrait aller fêter ça ? Je prendrais une coupette et toi, ce que tu voudras qui euphorisera tes globules rouges. Ça ne te dit pas ? Tu préfères guetter, les bras en croix, la prochaine catastrophe ? Appréhender la débâcle à venir ? Compter les fléaux, accueillir l’apocalypse ? Remarque, l’avantage avec la dernière, c’est qu’elle est propice à la fête, à la communion, à la transe (dans ma vision du moins, peut-être pas dans celle de Saint Jean de Patmos). Je le dis haut et fort : nous ne sommes pas morts – pas encore. Mais sommes-nous vivants pour autant ? Que se passe-t-il donc ? Comment s’appelle cet état intermédiaire et bâtard qui nous donne l’air d’anachorètes sans grâce, d’ermites sans extase, de Casanova sans casa ni nova ? Pourquoi, et jusqu’à quand, sommes-nous coincés dans ces limbes existentiels, dont les symptômes majeurs sont l’aquoibonisme, l’ego hypertrophié et le teint blafard ? J’ai une vague hypothèse – elle vaut ce qu’elle vaut. Peut-être qu’à force d’angoisser, de penser à se soigner avant même de tomber malade, d’avoir peur de perdre sans avoir commencé à jouer, la vie s’est échappée de nous. Peut-être qu’à force de vivoter, nous avons cessé de vivre, et que nous sommes morts depuis longtemps sans même nous en être aperçus. Et nous errons désormais à la…
