Adjani ©Aline Zalko

Le vertige Isabelle

Agnès Vannouvong

Portraits croisés
Dans le spectacle Le Vertige Marilyn, Isabelle Adjani incarne une autre icône du cinéma mondial, Marilyn Monroe. Leurs destins, ainsi croisés dans la fiction, se répondent en miroir et révèlent, en clair-obscur, des personnalités plus proches que leurs apparences.  

Elle est insaisissable. Les gens le disent – attaché de presse, metteur en scène, acteur, entourage. Isabelle Adjani est comme l’air – volatile, évanescente, mystérieuse. Dans Le Vertige Marilyn, elle inscrit ses pas sur les traces d’une star hollywoodienne. Le programme est comme un rêve de cinéma : une femme au centre du plateau. Est-ce Marilyn Monroe ? Cette femme est vêtue d’une tenue signée Christian Dior, ce sera la dernière robe, la noire, la mythique. Celle de la dernière séance photo avant la mort de la vedette américaine photographiée par Bert Stern pour Vogue en 1962. Elle est éclairée de toute part – vingt-quatre projecteurs comme vingt-quatre heures de la vie d’une femme. On pense à la célèbre performance Vingt-quatre heures de la vie d’une femme ordinaire de l’artiste Michel Journiac, l’un des représentants de l’art corporel en France. 1974. On pense au roman de Stefan Zweig, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme. 1927. Dans Le Vertige Marilyn, écrit spécialement pour elle, le rapport d’Isabelle Adjani au cinéma, aux mots, est un hommage à la scène dans ce qu’elle a de plus vital et intime. 

2022. C’est un magnifique chemin de traverse que l’actrice nous invite à prendre à la Maison de la Poésie. La salle est pleine. Des chaises en plus dans les allées. Les balcons habituellement fermés sont ouverts pour admirer la Reine I. Sur scène. Noir. Flash couleur soleil. Façon stroboscope. Projecteurs de cinéma. Sa voix. La voix est irréelle. Sa voix est intemporelle. Elle est seule et toutes à la fois : Camille Claudel, la Dame aux camélias, la Reine Margot, Adèle H., Zorah et tant d’autres. Sa voix n’a pas d’âge. 

Adaptée en partie du Ravissement de Marilyn Monroe (Anne Gorouben et Olivier Steiner), conçue par l’écrivain Olivier Steiner, mise en scène par le plasticien Emmanuel Lagarrigue, l’installation scénique minimale s’offre comme un écrin : une structure en métal plantée vers le ciel, une ligne verticale, une tour de Babel dont l’actrice est le centre, un immense bouquet de lys, une coupe de champagne. Elle apparaît vêtue d’une robe haute couture taillée dans douze mètres de velours de soie et vingt-deux mètres de tulle Goutarel, dos nu, triangle érotique à fleur de peau. La performance commence dans la salle emplie d’un brouillard épais comme Venise en plein novembre. Le spectateur ne le sait pas, mais Adjani attend depuis vingt minutes dans le décor comme nous l’attendions devant les portes. Elle surgit du noir, robe dénudée, escarpins assortis, halo de lumière. La magie opère grâce à la pénombre et à la fumée qui plongent le spectateur dans un rêve, une chimère. Entre les deux icônes du cinéma, la lumière est un troisième personnage, une compagnie mystérieuse, une folie onirique qui fait vivre d’âme à âme les deux muses.

« Qui es-tu Marilyn ? N’attends pas, sois absolument silencieuse et seule, le monde viendra s’offrir à toi pour que tu le démasques. Là où commence Adjani finit Monroe. Et là où finit Marilyn, commence Isabelle », écrit Steiner dans la note d’intention. Dans ce dédoublement troublant, deux destins s’entrelacent. Tout oppose et réunit Marilyn Monroe et Isabelle Adjani : la blonde et la brune ; Norma Jean Baker et Yasmine Adjani ; l’Américaine et la Kabyle ; l’orphelinat et la banlieue ; la pulpeuse et l’évanescente. Actrices avant tout, les deux immenses artistes donnent de la voix sans pour autant être des chanteuses à voix. On se souvient de l’interprétation de « I Wanna Be Loved By You » dans le film Certains l’aiment chaud et du célèbre et langoureux Happy Birthday Mr. President adressé à John F. Kennedy. On se rappelle du « Pull marine », cadeau de Serge Gainsbourg qui traverse les décennies. Marilyn M. et Isabelle A. jouent de leur personnage et d’une certaine partition. Dans le programme du spectacle Le Vertige Marilyn, Adjani explique sans détour l’importance de cette femme dans sa vie : « J’adore l’idée de faire vivre ce ravissement de Marilyn, cette perte totale, du monde et de soi. Marilyn joue tour à tour dans nos vies le rôle d’une grande sœur et d’une petite sœur. Elle nous suit, nous précède, nous accompagne. Pourquoi certains êtres non rencontrés dans la vie nous touchent-ils à ce point, de façon si précise et si forte, si physique ? » Sortir de la nuit, donner à voir et à entendre des « histoires de proximité, d’appel, des désirs glacés aussi bien qu’incarnés », voilà la visée du spectacle selon le metteur en scène Emmanuel Lagarrigue, qui signe aussi le son et la lumière.

Le texte mêle l’ultime interview que Marylin Monroe a donnée deux jours avant sa mort et des entretiens d’Isabelle Adjani. Olivier Steiner réunit et réussit avec brio et sensibilité le puzzle de mêler deux vies – l’envers et l’endroit. L’image de la comédienne se superpose à celle de Marylin dans un océan de correspondances et une évidente sororité. Mais l’image va plus loin que ça. Elle engage son être entier, son corps, sa bouche, sa main posée sur le menton. Elle fait un. Elle fait deux jusqu’à ce que le souvenir et l’émotion prennent possession du corps de la star américaine. Le spectateur perçoit l’une et l’autre, la présence et l’absente, la vivante et le fantôme – lèvres immobiles et regard bleu dans le noir de la scène. Le spectateur entend la voix dans les haut-parleurs. Adjani devient une statue vivante. Une splendeur. Un rêve de cinéma.

La barrière disparaît entre ce que nous fantasmons d’elle et ce que nous voyons d’elle.

Le Vertige Marilyn est plus qu’une lecture-performance, c’est un monologue théâtral où Adjani incarne sa légende. Elle véhicule en elle-même tout ce qu’elle représente : une icône, un rêve, un fantasme. Voir Isabelle Adjani dans cette petite salle parisienne est émouvant. Je me dis que depuis La Gifle, tourné en 1974, en passant par Possession, Toxic Affair, Adolphe et Le monde est à toi, réalisé en 2018, la salle entière est depuis toujours sous le charme fou de l’actrice. Ce soir-là, l’étoile du cinéma semble désincarnée. Elle ressemble à un concept où la barrière disparaît entre ce que nous fantasmons d’elle et ce que nous voyons d’elle. L’actrice est à la hauteur de sa représentation. Elle est un symbole : le symbole d’elle-même. Et c’est vertigineux.

Ce soir-là, vers vingt heures à Paris, le temps s’est arrêté. D’une voix commune, comme deux sœurs, deux amies, deux reines, Monroe et Adjani se font désirer comme toutes les actrices. Après tout, le cinéma et l’art ne sont qu’une affaire de désir – désir d’interpréter, d’écrire, de fantasmer. Marilyn M. et Isabelle A. sont deux étoiles qui vacillent, deux solitudes qui clignotent sous les flashs incandescents. Dans leur dialogue inattendu où la biographie est reine, tout laisse entendre qu’elles ont tout sauf l’essentiel. Marilyn, morte seule dans sa chambre entourée de barbituriques, laisse échapper dans le Le Vertige Marilyn : « Avez-vous déjà été très seul dans une chambre ? Seul comme s’il n’y avait plus que vous au monde, et plus que cette chambre pour toute réalité, et derrière des murs, comme des ombres, seulement des pantins et des fantômes ? C’est ma vie. » Les deux femmes posent la question cruciale du bonheur et de l’amour. Adjani chuchote : « Mais généralement, c’est vrai que je ne suis pas quelqu’un d’heureux... je ne sais pas, vous voyez... la question du bonheur me donne le vertige... ce que nous sommes pour nous-même et ce que nous sommes pour les autres... j’aimerais être moins fragmentée... Peut-être que j’aimerais être moins moi... moins seule, oui c’est ça, moins seule. » Ces mots d’Adjani pourraient être ceux de Marilyn qui dirait sans doute que les muses ne sont pas toutes vouées à une solitude éternelle – si l’on croit son rôle d’inspiratrice auprès d’Arthur Miller, le romancier couronné par le Prix Pultizer, qu’elle épouse en 1956.

1981. Adjani cultive elle aussi un rapport précieux aux écrivains et à la littérature et notamment avec Hervé Guibert et L’image fantôme où il parle de son rapport intime à la photographie. Dans le chapitre « La trahison », Guibert fait d’Adjani un personnage romanesque. Elle se fait déjà et encore attendre : « Quelques mois plus tard, elle me désigna parmi la rédaction du journal pour venir faire un reportage sur le film qu’elle tournait à Amsterdam. Elle me fit attendre des heures dans le bar de l’American Hotel, elle repoussa trois fois le rendez-vous, elle venait d’être nommée pour un Oscar. » Il parvient à dîner avec elle. De retour à Paris, ils deviennent amis. Les années passent. 

« Gainsbourg composait pour des actrices, plus vulnérables que des chanteuses qui ont maté leurs cordes vocales. »

Un jour, excédé par l’image trop sophistiquée de l’actrice, il lui propose de faire des photos à la fauverie du Jardin des Plantes. Il l’imagine dans une robe noire sans maquillage au milieu du crocodilium, perdue dans la moiteur, le métal et la pierre. Guibert sait que ces portraits sont uniques. Guibert sait que le lieu ne sera plus jamais le même après la rénovation. Avant de s’envoler à Venise pour un reportage, dans un acte insensé, il se rend à Paris Match pour vendre ces photos. Il en veut un million. La rédaction lui signe un chèque de cinq-cent mille qu’il n’encaisse pas. II prévient celle qu’il nomme « I ». Mortifié, il attend un appel d’elle dans son hôtel vénitien. Au bar du Danieli, il lui écrit des lettres dans une ville plongée dans le carnaval. De retour à Paris, il récupère les photos et déchire le chèque dans les locaux du magazine. Au bout de la ligne, elle lui dit avec gentillesse : « En fait, tu n’as fait cela que pour pouvoir m’écrire. Tu ne m’avais jamais écrit, et je suis heureuse d’avoir tes lettres. » L’épisode relève d’une trahison romanesque qui se transmue en amitié littéraire, artistique, durable. L’écrivain fidèle lui consacre les plus belles pages de son roman À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie. Sous les traits de Marine, l’amie lunatique et colérique toujours dissimulée derrière ses immenses lunettes noires, on reconnaît l’actrice.

1984. Adjani est une muse et elle le sait. « J’ai touché le fond de la piscine, dans le petit pull marine. » Chacun se souvient des paroles de ce tube – qui riment avec Marilyn – comme seul Gainsbourg savait les faire. La comédienne revêt les habits de la chanteuse tout en restant nimbée dans un univers cinématographique. Le clip aquatique a tout d’un court-métrage. Signé Luc Besson, il met en scène la relation d’une jeune femme et de son compagnon. Le regard bleu, la peau diaphane, l’air candide, la jeune Adjani connaît un succès fulgurant – le titre s’écoule à plus d’un million d’exemplaires. Un an plus tard, elle tourne dans Subway. À l’époque, elle est loin d’être une inconnue ; trois ans plus tôt, elle a reçu le César de la meilleure actrice pour son rôle dans Possession d’Andrzej Zulawski. La même année où elle chante « Pull marine », elle reçoit un autre César pour son interprétation dans Un Été meurtrier de Jean Becker. Trois autres suivront.

De Gainsbourg avec qui elle enregistre son seul et unique album, l’actrice dit qu’il avait un talent diabolique. « Serge n’avait pas envie d’une voix de mezzo, il cherchait le point le plus perché possible. C’est pour ça qu’il composait pour des actrices, plus vulnérables que des chanteuses qui ont maté leurs cordes vocales ! » (JDD, 2021). Très affecté par sa rupture amoureuse, il tente de blesser Jane Birkin en proposant à Isabelle Adjani des chansons destinées à Jane. « Il me faisait écouter des chansons prévues pour elle et me disait : “C’est à vous si vous voulez”. J’étais horrifiée ! Même s’ils étaient séparés, je n’aurais jamais accepté de piller les trésors de sa muse et reine ! Soit dit en passant et en rigolant, elles étaient meilleures que celles qu’il a composées pour moi. Cet homme douloureusement amoureux était prêt à tout, à trahir Jane comme un enfant jaloux en lui confisquant ses chansons, et à se trahir lui-même » (JDD, 2021). Comme par hasard, parmi ces chansons qu’il a composées pour Jane, et qui paraîtront dans l’album Baby Alone in Babylon, l’une s’intitule « Norma Jean Baker » et évoque la mort de Marilyn... Entre Adjani et la chanson, c’est une longue histoire d’amour et de mots – faite de rencontres avec Christophe, Higelin, Obispo, et plus récemment le groupe The Penelopes.

1995. Adjani est sublimée dans des rôles d’héroïnes puissantes et tragiques, comme si les deux adjectifs dessinaient l’étoffe romantique des grands artistes. Dans Camille Claudel de Bruno Nuytten et La Reine Margot de Patrice Chéreau, l’actrice est encore récompensée. Elle déchire l’écran dans ce dernier chef-d’œuvre hanté par la violence, le sexe et la mort. Le dialogue avec Patrice Chéreau est profond, littéraire. L’homme de théâtre et de cinéma adapte le célèbre roman d’Alexandre Dumas qui raconte la vie de Marguerite de Valois et son mariage avec Henri de Navarre. Dans ce drame shakespearien épique écrit pour elle, Adjani se fait encore désirer. Elle accepte le rôle, le décline avant de l’interpréter, convaincue par la note d’intention de Chéreau. À sa mort en 2013, Adjani raconte au Monde ses rendez-vous manqués avec l’un des plus grands metteurs en scène du XXe siècle : « Mon lien pour l’éternité avec Patrice Chéreau est La Reine Margot. Nous sommes tous en train de mourir et de nous en aller un peu chaque jour. Ses actrices le savent, le sentent. Valeria Bruni Tedeschi, pour moi, sa divine muse, Dominique Blanc incandescente dans la Phèdre que j’ai désertée, et Anouk Grinberg, irrésistible dans Le Temps et la Chambre, de Botho Strauss, où je ne suis pas entrée. Pardon, Patrice, je ne me suis pas rendue à ces deux rendez-vous que tu m’avais offerts car je te croyais éternel. » Adjani muse, Adjani inspiratrice, Adjani rêveuse nourrit l’imaginaire collectif. Pour Marylin aussi, le mariage avec Arthur Miller fut l’un de ces rendez-vous ratés, dissous dans la noirceur des Misfits et évoqué à demi-mots dans la pièce Après la chute. Mais c’est elle qui, dans ce cas, est partie la première.  

2020. C’est dans le film Sœurs qu’Adjani aborde de façon frontale la question des origines. Le choix des rôles n’est jamais un hasard. Comme pour un grand nombre de créateurs, la carrière de l’actrice obéit à une quête personnelle doublée d’une quête biographique. Yamina Benguigui met en scène trois sœurs franco-algériennes qui espèrent retrouver leur frère enlevé par leur père tandis que la révolution arabe menace l’Algérie. La réalisatrice confie les rôles clés à trois actrices connues pour leur lien direct ou indirect avec ce pays : Rachida Brakni, Maïwenn et Isabelle Adjani. Dans ce casting de haut vol, les personnages féminins explorent de façon douloureuse leur identité, entre une patrie quittée et un pays adopté. Des trois sœurs, Adjani joue la fille aînée – et rend un hommage déguisé aux origines méditerranéennes de son propre père. La question de l’appartenance n’est pas étrangère à l’actrice née d’un père algérien et d’une mère allemande. Comme dans tant de familles où le non-dit fait loi, l’actrice dit : « Je n’ai jamais entendu mon père parler un mot d’arabe. Il va falloir que les uns et les autres se posent en réconciliateurs d’un héritage, pour retrouver une culture qui, bien souvent, se réduit à l’idée religieuse » (ELLE, 2021). On le comprend, le film fait écho à sa propre histoire autour de laquelle elle n’a eu de cesse de tourner toute sa vie. Le mystère Adjani est peut-être là, dans ce silence, dans cette loyauté imposée par sa mère allemande. 

La question de l’appartenance n’est pas étrangère à l’actrice née d’un père algérien et d’une mère allemande.

À 18 ans, elle déclare à Jacques Chancel qui anime l’émission Radioscopie : « Je suis d’origine turque. Ma mère se protégeait de la difficulté, à l’époque, de vivre à Gennevilliers avec un mari d’origine algérienne. Elle avait un contentieux avec sa belle--famille. C’était sa façon à elle de les effacer sur la photo. J’étais désinformée au cœur même de ma famille. Petit à petit, en parlant avec mon père, j’ai découvert son algérianité. Il était garagiste, beau comme Brando et parlait un français parfait, sans accent. Mes parents communiquaient très peu. Je n’ai pas eu le temps ni la possibilité de poser toutes les questions avant que l’un et l’autre ne décèdent. Je me retrouve encore à faire seule le chemin vers mes origines paternelles. » Comme le dévoile Le Vertige Marilyn, le chemin du qui suis-je prend une dimension intime puisée dans le silence, ce silence que subit aussi la star américaine qui ne connut jamais l’identité de son vrai père : « J’ai un sens du secret et du mystère qui me vient de mon père, et qui n’a jamais été pour me faciliter la vie dans notre métier. Les Algériens n’aiment pas dévoiler leurs sentiments, leurs émotions, leur intimité. Pour eux, dans leur culture, c’est quelque chose de répréhensible. J’ai plutôt un penchant pour le silence, le méditatif, le rêve. »

Parfois, son passé la rattrape, comme en 2001 lorsqu’elle joue La Dame aux camélias au Théâtre Marigny. Une femme affirme connaître son père et lui montre une photo d’elle à trois mois, une photo inconnue où elle lit ces mots : « Yasmina à trois semaines ». « Je me suis dit, mon père a dû promettre à sa famille, là-bas, que je me prénommerais Yasmina. Cela évoquait une souffrance, celle de ne pas avoir pu faire le choix de ce prénom » (L’Illustré, 2018). Adjani est comme Peer Gynt, le personnage d’Ibsen qui voudrait tenir entre ses mains le rêve d’être soi. Comme l’on pèle « les peaux d’un oignon » – puissante métaphore de la pièce – Peer Gynt se dépouille de celui qu’il a cru être, dans les fjords de Norvège et les brumes du Nord. Il voudrait peut-être revenir ou partir de l’interrogation de Hamlet, être ou ne pas être ? Interrogation à laquelle Peer Gynt répondrait : être soi-même. Dans le film de Yamina Benguigui où Adjani incarne une metteuse en scène, le personnage fait de son histoire une pièce de théâtre et s’attire par-là même les foudres de sa famille. Entre les identités rêvées, les identités réelles, entre la fiction et le réel, Adjani nous touche car elle pose cette question universelle : quel théâtre se fait-on de sa propre vie, quelles chimères suit-on, quels sont les détours, quelle est notre vérité ? ...

Portraits croisés Dans le spectacle Le Vertige Marilyn, Isabelle Adjani incarne une autre icône du cinéma mondial, Marilyn Monroe. Leurs destins, ainsi croisés dans la fiction, se répondent en miroir et révèlent, en clair-obscur, des personnalités plus proches que leurs apparences.   Elle est insaisissable. Les gens le disent – attaché de presse, metteur en scène, acteur, entourage. Isabelle Adjani est comme l’air – volatile, évanescente, mystérieuse. Dans Le Vertige Marilyn, elle inscrit ses pas sur les traces d’une star hollywoodienne. Le programme est comme un rêve de cinéma : une femme au centre du plateau. Est-ce Marilyn Monroe ? Cette femme est vêtue d’une tenue signée Christian Dior, ce sera la dernière robe, la noire, la mythique. Celle de la dernière séance photo avant la mort de la vedette américaine photographiée par Bert Stern pour Vogue en 1962. Elle est éclairée de toute part – vingt-quatre projecteurs comme vingt-quatre heures de la vie d’une femme. On pense à la célèbre performance Vingt-quatre heures de la vie d’une femme ordinaire de l’artiste Michel Journiac, l’un des représentants de l’art corporel en France. 1974. On pense au roman de Stefan Zweig, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme. 1927. Dans Le Vertige Marilyn, écrit spécialement pour elle, le rapport d’Isabelle Adjani au cinéma, aux mots, est un hommage à la scène dans ce qu’elle a de plus vital et intime.  2022. C’est un magnifique chemin de traverse que l’actrice nous invite à prendre à la Maison de la Poésie. La salle est pleine. Des chaises en…

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