©Erwann Terrier

LA CONQUÊTE

Michaël Darmon

DANS LES COULISSES DE LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE
Télescopée par l’irruption de la guerre en Ukraine, la course à l’Élysée n’en fut pas moins riche en événements. Coups bas, petites stratégies et grandes trahisons, Bastille Magazine vous retrace les derniers mois d’une campagne pas comme les autres.
Paris. 24 avril 2022. 18h30. L’heure d’un rituel du second tour de l’élection présidentielle. Quand tombent les premières estimations, confidentielles, du résultat, les policiers du GSPR, le Groupement de Sécurité de la présidence de la République, reçoivent une notification avec le nom de la Haute Personnalité dont ils devront assurer la protection pour les cinq ans à venir. Les « gorilles de l’Élysée » comprennent qu’ils ne changeront pas de « client ». Les policiers du Service de Protection des Hautes Personnalités qui suivaient Marine Le Pen rejoignent leur base.

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Au même moment, un autre rituel se met en place, dans le monde de l’édition. Les auteurs du roman de la campagne, écrit en temps réel, envoient leurs dernières copies à l’imprimerie des éditions de l’Archipel. Depuis 2002, avant chaque présidentielle, la maison dirigée par Jean-Daniel Belfond forme un binôme de journalistes de terrain pour relater les grandes et petites manœuvres de la compétition. Deux couvertures et deux textes introductifs sont préparés en fonction du vainqueur. Une fois le résultat connu, à 20 heures, l’impression du livre est lancée, pour être disponible en librairie dès le lendemain. Une opération commando de « fast book » qui relève de l’exploit technique, défiant tous les records de fabrication et de distribution dans l’édition. Pour le cru 2022, les journalistes de Libération Charlotte Chaffanjon et Dominique Albertini sont les auteurs de Macron 2, le récit de cette bataille homérique qui a vu Emmanuel Macron remporter l’élection en déjouant toutes les analyses politiques qui prévalaient jusqu’à ce jour. « Il l’a fait. Emmanuel Macron vient de remporter sa deuxième élection présidentielle d’affilée », écrivent les auteurs.
Avec l’habileté d’un Houdini, le magicien qui jadis, bardé de chaînes, parvenait à se dégager d’un caisson rempli d’eau, Emmanuel Macron s’est défait de toutes les entraves qui pouvaient empêcher sa réélection. Un quinquennat vrillé par des crises successives, un scandale dévastateur, l’affaire Benalla, un soulèvement atrabilaire, les gilets jaunes, un Vietnam politique, la réforme des retraites, une pandémie qui a confiné la planète et, pour finir, le retour de la guerre sur le sol européen : aucun dirigeant ne pouvait résister à tant d’épreuves. Deux jours après cette victoire, au terme d’une journée presque entièrement consacrée au sommeil, à la résidence de la Lanterne, le président réélu s’est rendu à son QG dans le 8e arrondissement de Paris, rue ­d’Edimbourg. Il a remercié l’armée des ombres qui a mené la bataille en coulisses. « Statiquement, historiquement, nous devions perdre. Nous avons gagné », leur a-t-il dit.
Cette élection présidentielle 2022, menée à un train d’enfer, ressemble à une série dont le showrunner pourrait bien s’appeler Machiavel. Le conseiller florentin en a écrit le pitch depuis plusieurs siècles : comment le pouvoir se garde ou se perd. Jadis, dans ses années étudiantes, Macron a consacré un de ses travaux à Machiavel. Il a gardé en mémoire quelques-uns de ses conseils. Il sait que les apparences gouvernent le monde et que le seul principe qui vaille est celui de l’incertitude. « Emmanuel Macron aime vérifier que Dieu est toujours avec lui, il aime jouer à la roulette russe », analyse un de ses anciens collaborateurs.
Décembre 2021
« La droite est de retour ! » Au soir du 4 décembre 2021, bras levés en signe de victoire, entourée de ses adversaires défaits au congrès LR, Valérie Pécresse affiche un sourire triomphant. La présidente de la région Île-de-France vient d’être désignée candidate à l’élection présidentielle pour le parti Les Républicains. Éric Ciotti, Michel Barnier, Xavier Bertrand et Philippe Juvin deviennent illico les Mousquetaires de la candidate. Malicieux surnom et clin d’œil au groupe de quadras de la droite auquel elle appartenait en 2012. Elle en était de facto la Milady, du nom de l’héroïne d’Alexandre Dumas. Ironie de l’histoire, une décennie plus tard, Milady a pris le pouvoir sur les Mousquetaires.
La désormais candidate installe un QG de campagne dans les anciens locaux de la société de production Endemol. Les premières affiches qui tapissent les murs sont celles de films culte : Kill Bill, La Guerre des Étoiles, Invictus... Pour l’heure, les LR s’émerveillent d’être réunis sans anicroche, hormis avec Éric Ciotti, le vainqueur conceptuel du congrès. L’élu de Nice est frontalier avec Éric Zemmour, et une partie de la droite conservatrice en frissonne d’aise. D’emblée, il presse Valérie Pécresse d’intégrer ses mesures pour lutter contre le terrorisme, notamment la création d’un Guantanamo à la française. La candidate refuse. « Il faut rester soi-même, les autres sont déjà pris », affirmait Oscar Wilde. Elle n’y parviendra pas.

Emmanuel Macron sait que les apparences gouvernent le monde et que le seul principe qui vaille est celui de l’incertitude.

À l’Élysée, la West Wing s’agite, toute la stratégie ayant été pensée en vue d’un affrontement avec Bertrand. Au point d’envisager des débats de premier tour face à lui, « afin de l’écrabouiller » et de plier l’élection. À revoir. « Tandis que Pécresse, Le Pen, Zemmour, Mélenchon et Hidalgo sont dans l’arène et boxent dans le vide, le président a intérêt à rester en surplomb, à montrer qu’il s’occupe des problèmes des Français tandis que les candidats s’occupent d’eux-mêmes et de leurs sondages », explique un ponte de la Macronie. Pour occuper le terrain, les JAM (Jeunes avec Macron) sont chargés d’alimenter les réseaux sociaux. Ils lancent une grande campagne d’affichage d’inspiration Netflix : un Macron en superstar, un code-couleur et une typographie évoquant une affiche de cinéma, un slogan calqué sur celui des séries : « On en reprendrait bien cinq saisons de plus avec Macron. »
Janvier 2022
Quand le sortant se déclarera-t-il ? Les spéculations submergent les plateaux. À l’Élysée, les conseillers présidentiels sourient. L’un d’eux tranche : « Seuls les candidats qui portent un imaginaire seront capables d’être entendus des Français. C’est le cas de Zemmour, de Mélenchon et de Macron. D’ailleurs, on a fait entrer Joséphine Baker au Panthéon le jour de la déclaration de candidature de Zemmour. On a vu les deux France face à face. L’optimisme versus le crépuscule. »
En ce début d’année 2022, Éric Zemmour croit en son destin. Décidé à piller la droite, il commet l’erreur de laisser le flanc social à découvert. C’est par là que Marine Le Pen va reconquérir le terrain perdu. Très occupé à choyer ses transfuges du RN, le Z ne voit pas le gouffre qui se creuse sous ses pieds, alors que Marine Le Pen préempte le sujet du pouvoir d’achat.
Les socialistes se préparent au naufrage. Michel Sapin, conseiller de François Hollande et compagnon de route du Parti socialiste d’antan, analyse le désastre en marche devant son expresso matinal au café Mucha, où il a gardé ses habitudes, non loin de « Solfé », l’ancien siège du Parti socialiste. « Où sont passés les électeurs de Hollande ? Un tiers chez Macron, un tiers réparti entre les candidats de la gauche, un tiers dans la nature. La reconstruction exigera des circonstances historiques : une droite assumée au pouvoir, comme en 1981 face à Giscard. Conclusion : il faut soutenir Hidalgo et… Pécresse. » Telle sera la consigne propagée, sous le manteau, par les cadres du PS : avec Pécresse à l’Élysée, LREM, peu implantée dans les territoires, disparaîtra et la gauche renaîtra de ses cendres.
Le 15 janvier, sur la route entre Samos et Athènes, où elle est allée prôner une nouvelle politique d’immigration, Pécresse détaille sa stratégie devant ses proches : « Il faut siphonner les électeurs de Marine Le Pen, en démontrant qu’elle n’est pas au niveau. » Las, le même jour, Christiane Taubira déclare sa candidature à l’élection présidentielle. Les médias ne parleront presque pas du déplacement en Grèce de Valérie Pécresse…
Une semaine plus tard, à Aubervilliers, Anne Hidalgo tient meeting. Les images fournies par l’équipe de campagne de la candidate sont cadrées autour de la tribune, mais les plans larges des journalistes brisent l’illusion : la salle est aux trois quarts vide. À l’issue du discours, la maire de Paris quitte la salle sans un regard pour la presse qui l’attend à la sortie. La gauche déprime, car rien n’imprime.
La droite, elle, cherche un second souffle. Beau joueur, Xavier Bertrand tente de cornaquer la gagnante de la primaire LR. « Il faut que tu nous dises ce que tu veux, qui tu es et ce que tu veux pour les Français. » En vain. Alors que le mois de janvier s’achève, Valérie Pécresse cherche toujours son rythme. Bertrand insiste : « La question est : pourquoi veux-tu devenir présidente de la République ? » À aucun moment, Valérie Pécresse ne saura ou ne voudra répondre à cette question. « Il nous faudrait trois points de plus pour commencer à faire la différence », calcule Bertrand. Le mois prochain, peut-être ?
Février 2022
Les macronistes affinent leur calendrier. Ils conseillent à leur champion d’attendre la ­mi-février. « La gauche sera en décomposition, la droite en décantation », pronostique un cacique. Pour l’heure, le président préside. La France et, depuis le 1er janvier, l’Union Européenne. En attendant son entrée dans l’arène, ses concurrents occupent le terrain avec des fortunes diverses.
Catastrophique, la prestation de Valérie Pécresse lors de son premier grand meeting au Zénith marque le zénith de sa campagne : dès le lendemain, un long déclin commence, que rien ne pourra plus enrayer. Déstabilisée, elle multiplie les déclarations maladroites, comme lorsqu’elle reconnaît en direct qu’aller au cinéma lui manque mais qu’elle « compte bien se rattraper dans deux mois ». Le lapsus en dit long sur les chances qu’elle se donne pour gagner.

Catastrophique, la prestation de Valérie Pécresse lors de son premier grand meeting au Zénith marque le zénith de sa campagne.

Emmanuel Macron a repris depuis des mois l’adage bien connu des présidents sortants : « Présider jusqu’au dernier quart d’heure. » Imprévue, l’invasion de l’Ukraine lui fournit l’occasion de retarder encore son entrée en campagne. Confortablement installé à l’étage présidentiel, il profite à fond de l’effet drapeau. Ses conseillers politiques se désolent : « De quelle campagne parlez-vous ? Il n’y aura pas de campagne. Alexis Kohler [secrétaire général de l’Élysée et bras droit de Macron, ndlr] a déjà tout verrouillé. Tout se décide entre deux bureaux à l’Élysée », vitupère l’un d’eux.
Mars 2022
La campagne d’Hidalgo passe en mode calvaire. En coulisses, elle défouraille, disperse, éparpille façon puzzle. Tout y passe : les sondages propagateurs de fake news, les médias qui les citent en boucle, la lâcheté de certains « grands maires, soutiens officiels mais partis se mettre à l’abri au premier coup de vent », les ambitions à peine cachées de Carole Delga (présidente du conseil régional d’Occitanie), Christiane Taubira « qui ne sait que détruire ». Et de conclure : « Je tiens. Ils ne me connaissent pas. Je serai là après. »
L’annonce de l’agression russe a sauvé la candidate Pécresse des retombées d’une polémique au sujet des votes à la primaire – un chien ferait partie des votants selon Libération – et percuté de plein fouet Éric Zemmour, incapable de comprendre l’émotion nationale suscitée par l’exode des Ukrainiens.
Mille mots. Sans enluminures ni fioritures. Emmanuel Macron se résout à solliciter officiellement un nouveau mandat auprès des Français. La guerre faisant rage en Ukraine, il sera président quand il le doit, et candidat dès qu’il le peut. Pas question de débattre avec ses adversaires. Une rencontre avec des Français est organisée à Poissy par le maire, Karl Olive, ami et soutien de Macron. Face aux sympathisants, les questions et les réponses sont inscrites à l’encre sympathique sur les fiches de l’organisateur. La presse soulève le lièvre. Quelques jours plus tard, la conférence de presse jupitérienne du président-candidat ne se passe pas mieux. L’équipe macroniste demande aux journalistes leurs questions à l’avance. Les reporters accrédités s’empressent de raconter l’épisode. Emmanuel Macron expose un projet droitier : il promet de reculer à 65 ans l’âge du départ en retraite, conditionne l’allocation du RSA à des heures de travail et annonce que les enseignants seront payés plus… s’ils travaillent plus. Quant aux reproches qui lui sont adressés sur sa prétendue solitude, Emmanuel Macron assume qu’il s’en moque « royalement, présidentiellement, totalement ».
Jean-Luc Mélenchon grimpe dans les sondages, porté par le vote utile qui s’esquisse à gauche comme à droite. Valérie Pécresse et Éric Zemmour se disputent la quatrième et cinquième place. Christiane Taubira se crashe au décollage, après avoir ajouté de la confusion au désordre : début mars, la 7e candidate à gauche renonce à sa candidature.
La campagne en pointillé du président sortant a du mal à prendre. Autour de lui, très peu sont mis au courant des décisions et des axes du projet. « Les politiques sont parqués », souffle, désabusé, un proche. Les espoirs de la Macronie se concentrent sur le méga-raout de La Défense Arena du 2 avril. Le candidat veut 40 000 personnes, ses conseillers le ramènent à la réalité, Emmanuel Macron transige à 30 000. Il veut une grande démonstration de force pour son unique meeting avant le premier tour.
Avril 2022
« J’y ai croisé plus de banquiers que de charcutiers. » L’auteur de cette réflexion au lendemain du meeting de Macron à la Défense est un haut responsable au sein de l’exécutif, nostalgique des partis de masse. Le meeting géant de LREM a beau être une prouesse technique et technologique, il reste, pour de nombreux militants, le modèle de ce qu’il ne fallait pas faire. Rock star au milieu de la scène, Macron fait son apparition au milieu des fumigènes et tient la vedette durant deux heures trente de discours. De ce ­binch-meeting de la verticalité heureuse, un seul temps fort est retenu : Emmanuel faisant ovationner son épouse Brigitte. Les médias étant entrés en période de stricte égalité, ils ne peuvent retransmettre que des extraits de l’intervention du président-candidat.
Éric Zemmour, pourtant candidat novice, a, lui, bien lu le calendrier. Il avait organisé la semaine précédente son grand meeting au Trocadéro. Mais de l’événement, on ne retiendra que les douze secondes durant lesquelles une partie de la foule scande « Macron assassin ».
À l’approche du premier tour, les sondages se resserrent entre Macron et Le Pen. Pour la première fois depuis le début de la campagne, Emmanuel Macron prend peur. Ses conseillers lui transmettent des notes alarmistes : les projections de reports sont mauvaises, l’abstention sera très haute, le rejet de Macron est massif. « Tout le monde le voit gagner. Personne ne veut qu’il soit réélu », résume un proche du président.
Deux décisions sont prises en ces heures décisives : activer le vote utile et re-diaboliser Marine Le Pen. Emmanuel Macron part à la rencontre de ceux qui ne votent pas pour lui, dénonce inlassablement les outrances et les incohérences de celle qu’il ne nomme plus que comme « la candidate d’extrême droite ». Sur le conseil de Jean-Pierre Chevènement – son vrai coach politique –, il fait appeler Arnaud Montebourg et lui demande son soutien. La conversation dure, évoque les lendemains de la présidentielle. Macron sait qu’il va devoir surprendre s’il est réélu. Pourquoi pas une alliance avec l’ancien socialiste, producteur de miel et d’amandes made in France et souverainiste de gauche ? Lorsque fuitera l’hypothèse de son arrivée à Matignon au lendemain de la réélection, Arnaud Montebourg, sur son lieu de vacances, partira de son rire sonore : « Ah ! L’Élysée s’amuse… »

Pour Marine Le Pen, l’entre- deux-tours est amer. En deux conférences de presse tendues, elle constate que la bienveillance des médias à son égard s’est évanouie.

Le 10 avril au soir, les premières estimations montrent l’ampleur du vote utile, avec pour résultat la reconduction du duel de 2017, dont les Français ne voulaient pourtant pas. Marine Le Pen améliore son score mais se retrouve quatre points derrière Emmanuel Macron. Valeureux troisième, Jean-Luc Mélenchon, qui a siphonné la gauche, échoue d’un souffle aux portes du second tour. La Macronie exulte, mais in petto, la consigne étant de ne pas sourire. « Rien n’est fait » est le slogan officiel qui masque difficilement leur sentiment : la partie est pliée.
Pour Marine Le Pen, l’entre-deux-tours est amer. En deux conférences de presse tendues, elle constate que la bienveillance des médias à son égard s’est évanouie. Elle qui avait fondé sa campagne sur le pouvoir d’achat et le pouvoir des chats voit son projet de société passé au laser. « Pas encore au niveau » titre Libération après le débat, résumant le sentiment général.
Le président sortant, lui, se convertit à l’écologie, jurant de verdir son projet devant des assistances réduites. Sans illusion, une partie de la gauche se résout à voter pour lui. En maugréant.
Nicolas Sarkozy prévoyait d’officialiser la trahison de son camp en grande pompe. Il doit en rabattre pour ne pas gêner l’opération séduction en direction de l’électorat insoumis : dans un simple message Facebook, il appelle à voter Macron. Conspué par les jeunes militants qui ne lui pardonnent pas son défaut de soutien à la candidate LR, il explique à ses visiteurs : « Vous pouvez continuer à faire des campagnes à 4 % ou vous organiser dans le camp du président comme je l’ai fait avec Chirac. » Inélégance ultime, Sarko effectue un virement de 2 000 euros à Valérie Pécresse, qui doit combler le gouffre financier creusé, dans ses finances personnelles surtout, par sa campagne désastreuse. L’ex-candidate aurait, selon son entourage, recrédité le compte dans la journée. Face à Sarkozy, Pécresse opte pour la rébellion, mais après l’extinction.
Le soir du 24 avril, Marine Le Pen réinvente la défaite victorieuse. Comme Ségolène Royale en 2017, elle prend la parole pour un discours triomphal. Elle est en tête dans de nombreux départements, en métropole et outremer. Elle annonce qu’elle poursuivra « son engagement », autrement dit, elle ne raccroche pas les gants. Une carte postale directement adressée à Éric Zemmour et à Marion Maréchal.
En Macronie, le bal des ambitieux s’est ouvert avant même la proclamation des résultats, le président réélu ne pouvant se représenter en 2027. Édouard Philippe, en froid avec son ex-patron, n’était pas convié à l’Élysée pour la soirée électorale. Il s’invite au Champ-de-Mars, où Macron a choisi de prononcer la première allocution de son second quinquennat. Au pied de la tour Eiffel, l’ancien Premier ministre se livre à une longue séance de bain de foule, en direct sur les chaines d’infos. Un message en images pour Macron, sur le lieu qui doit son nom au dieu romain de la guerre, Mars.
Pour cette prometteuse bataille du « Macron 2 », Machiavel sera encore au générique. On peut déjà deviner l’empreinte du conseiller florentin sur le scénario du prochain quinquennat : entre principes élevés et cynisme, le président « saura écarter du même geste l’espoir et le désespoir »....

DANS LES COULISSES DE LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE Télescopée par l’irruption de la guerre en Ukraine, la course à l’Élysée n’en fut pas moins riche en événements. Coups bas, petites stratégies et grandes trahisons, Bastille Magazine vous retrace les derniers mois d’une campagne pas comme les autres. Paris. 24 avril 2022. 18h30. L’heure d’un rituel du second tour de l’élection présidentielle. Quand tombent les premières estimations, confidentielles, du résultat, les policiers du GSPR, le Groupement de Sécurité de la présidence de la République, reçoivent une notification avec le nom de la Haute Personnalité dont ils devront assurer la protection pour les cinq ans à venir. Les « gorilles de l’Élysée » comprennent qu’ils ne changeront pas de « client ». Les policiers du Service de Protection des Hautes Personnalités qui suivaient Marine Le Pen rejoignent leur base. ©Erwann Terrier Au même moment, un autre rituel se met en place, dans le monde de l’édition. Les auteurs du roman de la campagne, écrit en temps réel, envoient leurs dernières copies à l’imprimerie des éditions de l’Archipel. Depuis 2002, avant chaque présidentielle, la maison dirigée par Jean-Daniel Belfond forme un binôme de journalistes de terrain pour relater les grandes et petites manœuvres de la compétition. Deux couvertures et deux textes introductifs sont préparés en fonction du vainqueur. Une fois le résultat connu, à 20 heures, l’impression du livre est lancée, pour être disponible en librairie dès le lendemain. Une opération commando de « fast book » qui relève de l’exploit technique, défiant tous les records de fabrication…

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