J’ai trouvé la lettre. Léonard l’avait cachée dans le vase avec les lys posé sur la table de la cuisine. Il l’avait fourrée bien au fond. Pour pouvoir l’en extraire, il m’a fallu dérober une aiguille à tricoter à l’atelier broderie et tricot, atelier où je ne fiche jamais les pieds habituellement. J’aurais pu briser le vase, mais il est en plastique comme ce bouquet de lys jaunes qui nous a été offert au premier jour de notre installation dans la résidence. Ça m’a rendu furieuse qu’il l’ait cachée là, et comme il n’y avait rien d’autre sur quoi passer ma colère, j’ai arraché les pétales un à un. Après coup, j’ai trouvé ça stupide : ces fleurs artificielles ne m’avaient rien fait. Elles apportaient une touche de couleur à l’appartement morne et anonyme. Il m’arrivait de caresser leurs pétales en essayant de me rappeler un parfum, pas seulement du lys, mais de toutes les fleurs que j’avais humées un jour. Un passe-temps comme un autre.
Quand on s’installe dans une résidence senior, il est interdit d’apporter des objets personnels. La direction part du principe que, grâce à la petite boîte blanche encastrée dans le mur, tout est à notre portée : musique, lecture, cinéma, vidéos et jeux. Le foyer propose un grand nombre d’activités, et on nous fournit des vêtements propres chaque jour. À quoi bon s’encombrer d’affaires, de décorations, de placards, d’étagères qui prendraient la poussière et compliqueraient la tâche du personnel de ménage ? C’est tellement plus commode un appartement vide !
Sauf bien sûr quand on a quelque chose à cacher. Comme une lettre qu’on veut faire disparaître.
Les lettres sont rares de nos jours. L’administration n’y a recours que pour les communications jugées hautement importantes. Pour ces courriers, le facteur est obligatoirement accompagné d’un psychologue et d’un infirmier, c’est la loi. Il faut s’assurer de la parfaite lucidité du destinataire tandis qu’il décachette l’enveloppe et prend connaissance du contenu du message. Ces trois individus avaient dû se présenter à la porte de notre appartement en milieu de matinée. Léonard se trouvait seul à la maison. J’étais descendue nager, comme tous les jours. Cela fait longtemps que je ne suis plus capable de compter les longueurs. À cause des médicaments qu’on nous donne, je ne ressens aucune fatigue ni le moindre essoufflement. Je ne m’arrête que lorsqu’un surveillant me fait signe de sortir de la piscine. Je me sèche, je m’habille, puis je remonte à l’appartement.
Le jour où il a reçu la lettre, Léonard n’en a pas dit mot. Il s’est comporté le plus naturellement du monde, sans rien laisser paraître. À croire que je n’avais pas assez vécu avec cet homme-là pour réaliser qu’il savait si bien mentir. Combien d’années aurait-il fallu ? Cent ans ? Mille ans ?
Je m’appelle Anna B. Je ne vous dirai pas mon âge. Seulement que je suis une vieille dame. J’ai exercé les métiers de maître-nageuse, vendeuse en articles de sport, et thérapeute diététicienne. Bien avant encore, j’ai été, non sans fierté, une nageuse de compétition. J’ai gagné de nombreuses courses, en dos surtout. Je n’ai jamais remporté une seule médaille olympique, à mon grand regret, malgré deux participations aux Jeux. Mon époux, Léonard, était professeur d’histoire. Après son départ à la retraite, il a écrit plusieurs pièces de théâtre, mais aucune n’a jamais été montée et il en a éprouvé une vive amertume.
Léonard avait dix ans de plus que moi. Quand on approche de l’âge du grand départ, cela a son importance. Bien sûr, nous ne pouvons pas connaître l’âge exact. Il varie chaque année en fonction du recensement et des calculs du ministère. Mais si ces chiffres ne sont pas rendus publics, on a bien une petite idée. On assiste au départ d’autres résidents, et alors il suffit de faire le décompte. C’est pour cette raison que je m’attendais à ce que Léonard reçoive ce courrier d’un jour à l’autre. Chaque semaine qui passait, je m’étonnais de ne pas le voir arriver.
Je déplie la feuille toute chiffonnée, passe la main pour l’aplatir. L’en-tête porte le logo du Ministère du Recensement et de la Régulation. C’est formidable les médocs et les piqûres : vous crevez de rage et pourtant le battement de votre cœur ne s’accélère pas. Vous ne ressentez aucun tremblement. Vous voilà parfaitement calme et impassible ! D’ailleurs, en parcourant la lettre, je me rends compte que son contenu est bien vague, pas de quoi frissonner… On informe Léonard de se tenir prêt, sans spécifier la date. Un astérisque renvoie à une note de bas de page qui me concerne plus particulièrement : aux conditions établies par l’article 308-b, il est possible aux conjoints qui le désirent de demander un aménagement de date de départ. La demande doit être effectuée dans les soixante-douze heures suivant la réception du courrier.
Je sens que j’ai besoin d’air. Déveine, ils ont retiré les poignées des fenêtres. La direction préfère qu’on ne puisse pas les ouvrir au prétexte que, si on oubliait de les refermer, la pluie finirait par faire des dégâts. Je suis certaine que c’est surtout pour empêcher les résidents de se jeter dans le vide.
Malgré tout, je colle mon front, puis ma joue contre la vitre glacée. Un vent pluvieux frappe le carreau. Je ferme les yeux, et imagine l’averse fouetter mon visage, le cribler, le dépecer, le briser de toutes parts.
Juste après, je m’acharne sur les lys artificiels.
Depuis le départ de Léonard, j’ai perdu la notion du temps. Je ne suis pas foutue de me rappeler les jours de la semaine. Je pourrais dire hier, comme les enfants désignent tous les jours d’avant, sans distinction. Les journées passent et se confondent. Je n’ai plus de point de repère, tout est nébuleux et vague. Je ne sens pas mon corps, à cause des cachets qu’on nous donne. Je me pince, je me griffe, tire sur mes cheveux, en chuchotant même pas mal, et ça aussi, ça m’effraie.
Quand je regarde les photos de l’arbre du souvenir, j’ai le sentiment d’espionner la vie de quelqu’un d’autre. Je n’ai aucun souvenir de mon premier mariage, ni de la naissance de ma fille. La fillette qui sourit sur les photos, avec ses boucles anglaises, ses lunettes rondes, ses robes en tulle rose, est une inconnue pour moi.
Mais la rencontre avec Léonard est un souvenir bien distinct, un instantané figé dans ma mémoire. Ce jour-là, il portait un large chandail sous une veste en velours élimée aux coudes, des baskets montantes sur un jean noir.
Avant de devenir mon amant, Léonard était mon patient. Nous devions cette rencontre à la reconnaissance faciale de son portable qui avait détecté une soudaine prise de poids. Son médecin en avait été notifié. Il l’avait convoqué et confirmé le diagnostic : Léonard était en surpoids, dans une zone frôlant l’obésité. Ce docteur lui avait donné un ultimatum pour perdre un minimum de douze kilos, et prescrit plusieurs séances avec un diététicien. J’avais vu débarquer en consultation ce colosse, aux cheveux ébouriffés, plein d’embarras. Il me regardait avec reproche, comme si cette injonction à manger plus sainement pour retrouver un indice de masse corporelle réglementaire émanait de moi. La majorité de mes patients avait une attitude très similaire : aucune envie d’être là. Je savais bien qu’on me considérait comme l’agent de l’État, le contrôleur de nos bouches et de nos estomacs. J’avais été formée dans le cadre du grand plan Santé contre l’obésité. Diabète, hypertension, cancers, maladies cardio-vasculaires : véritable désastre pour la santé publique, l’obésité grevait les dépenses publiques, et le gouvernement avait pris des mesures strictes pour l’éradiquer.
Lors de notre premier entretien, Léonard avait reconnu s’être laissé aller depuis son divorce tout en affirmant que cela n’avait rien à voir avec sa séparation. Depuis le départ de ses fils, partis étudier à l’étranger, il ne s’embêtait plus à préparer des repas équilibrés, et ne mangeait plus que des aliments qui lui procuraient du plaisir, à toute heure, sur le pouce, souvent à l’extérieur.
J’ai appliqué avec lui ce que j’avais appris lors de ma formation, sorte d’exploration -bio-psycho-sensorielle au cours de laquelle j’amenais mon patient à définir ce qu’il entendait par plaisirs et satisfaction, à scruter son rapport à la nourriture, et les souvenirs d’enfance que cela lui évoquait. Afin de ne pas culpabiliser les patients qui entraient dans mon cabinet, honteux ou furieux parce que la société les y obligeait, j’avais choisi une approche très douce, essentiellement fondée sur l’émotion, et la sensation. Le Grand plan anti-obésité n’avait pas anticipé que la meilleure thérapie ne peut rien sans la volonté intrinsèque d’un individu. Ceux qu’on envoyait de force à mon cabinet n’en avaient aucune, et d’ailleurs, même avec la meilleure volonté du monde, il y a des montagnes infranchissables. L’essentiel de ma démarche consistait à convaincre mes patients qu’ils étaient encore libres de choisir pour eux-mêmes, de comprendre ce qui était mieux pour eux, et non pour la collectivité. C’était un véritable tour de force de leur faire voir les choses sous cet angle. J’échouais parfois, et les instances médicales prenaient alors des mesures plus radicales.
J’aurais eu beaucoup à dire sur ce Grand plan Santé quand bien même j’en bénéficiais grandement. C’était d’ailleurs pour combler un manque de thérapeutes et de diététiciens que je m’étais vu proposer cette nouvelle formation entièrement gratuite à l’aube de la quarantaine. J’étais ravie de cette reconversion. Mon cabinet était toujours plein. Malgré tout, comme beaucoup d’autres, je n’étais pas dupe. Il peut être dangereux de vouloir le bien des gens à leur place, et la suite a montré que j’avais raison.
Plus je passais du temps avec Léonard lors de nos séances, plus j’étais séduite par sa voix grave et ample, légèrement mélodique du fait des voyelles qui roulaient dans sa bouche et des pauses qu’il effectuait entre chaque phrase. J’aimais ses joues replètes, et ça me faisait de la peine de chercher à les faire disparaître. J’aimais ses mains épaisses, sa barbe grisonnante, ses yeux d’un bleu azur, un bleu mer Méditerranée, qui me donnait envie de partir en vacances avec lui. Il était farouche, et ça me plaisait aussi.
Léonard était tout à fait le genre d’homme à qui proposer de boire un verre, et je ne me suis pas gênée pour le faire. Je me doutais qu’il n’oserait jamais faire le premier pas, à cause de la différence d’âge et des convenances sociales.
Lorsqu’à la fin de notre dernier entretien, je lui ai demandé s’il avait envie de me revoir en dehors du cabinet, Léonard a eu l’air ébahi. Il avait déjà perdu quelques kilos. C’était la preuve que j’étais une bonne thérapeute, lui un docile patient : nous avions bien mérité de fêter cela. Nous sommes devenus amants le soir même, et après cela, on ne s’est plus jamais quitté.
Notre relation a tout de suite été très fusionnelle. Nous ne comprenions pas comment nous avions pu vivre toutes ces années l’un sans l’autre. Cela nous semblait insensé.
Léonard aimait me toucher pendant des nuits entières, me masser, me caresser. M’embrasser partout. Il aimait prendre soin de moi, et me donner du plaisir, le sien semblait peu importer. J’avais déjà quarante-six ans, lui cinquante-six. Il adorait mes seins, mes cheveux, ma bouche, mes fesses et mes cuisses bien fermes. Il les contemplait inlassablement, regrettant de ne pas être un artiste pour peindre mon corps, le photographier, le sculpter.
Le temps filait, mais nos sentiments demeuraient intacts, notre amour flamboyait comme au premier jour.
Tant que nous étions ensemble, nous nous pensions invincibles, rien ne nous effrayait, pas même notre installation dans une résidence senior, pas même la paralysie de ses jambes qui contraignait Léonard à se déplacer en fauteuil roulant.
Ces années bonus que le destin nous accordait gracieusement, glissaient comme des billes sur un boulier, et nous donnaient l’illusion que rien ne pourrait jamais nous séparer.
Je n’ai jamais eu aucun doute sur la fidélité de Léonard. Je ne me suis jamais sentie menacée par une autre femme, mais j’ai été très jalouse d’Olga, son amie qu’il avait rencontrée bien avant moi, à l’université. Je dois reconnaître qu’avec Olga, il avait une relation très particulière dont je me sentais parfois exclue. Il n’y avait rien de physique entre eux, mais Léonard admirait tant son intelligence et sa culture, qu’il ne la contredisait jamais, même quand elle avait tort.
Olga réalisait des séries historiques, et pendant plusieurs années, Léonard a relu, corrigé, documenté, réécrit une grande partie des épisodes. Malgré la quantité d’heures que ce travail impliquait, il n’était ni crédité, ni rémunéré. Il le faisait sur son temps libre, renonçant la plupart du temps à partir en vacances avec moi, ce qui m’exaspérait.
Un jour, Olga a quitté ce monde. J’ai oublié la date, mais c’était l’époque d’avant le déluge, l’époque où il y avait encore des éclaircies. Léonard et moi étions descendus au foyer. Les baies vitrées étaient grandes ouvertes, et nous étions simplement assis sur un banc, les yeux mi-clos, humant l’air. Le ciel était d’un bleu intense, le soleil brillait, chauffait nos couvertures, caressait nos paupières.
Une psychologue et un infirmier se sont approchés de Léonard, et j’ai tout de suite compris qu’ils venaient lui annoncer une mauvaise nouvelle.
Olga avait sauté d’une falaise dans la forêt de Fontainebleau. Elle avait décidé de quitter ce monde sans attendre le jour du grand départ, sans se soumettre à un algorithme qui le déciderait à sa place.
C’est si étrange de ne pas mourir.
Ce fléau a commencé avec la génération de nos parents.
Quand il s’est révélé qu’il n’y avait quasiment plus aucune maladie, aucun mal que nous ne savions soigner, ni guérir, que l’humanité était condamnée à s’accroître indéfiniment, les gouvernements se sont retrouvés comme des c…, pardon… les gouvernements ont été contraints d’agir et de prendre un certain nombre de mesures de régulation démographique. Une politique destinée à stabiliser la population mondiale et éviter la crise écologique qui menaçait d’anéantir toute forme de vie sur Terre.
La plus importante de ces mesures a été appelée le Grand Départ. Mais pour ne pas risquer d’effrayer la population, le Ministère du Recensement et de la Régulation laissait filtrer le moins d’informations possibles, de telle sorte que tout ce qui entourait cet événement demeurait méconnu pour la plupart d’entre nous. Nous ne savions rien, ni de l’algorithme qui définissait le jour et l’heure du grand départ, ni de ce qu’il advenait à celles et ceux qui partaient. On nous promettait seulement un très bel envol, un adieu indolore.
Une seule fois, Léonard a évoqué le sujet. Nous assistions à un concert aux arènes de Lutèce : une musicienne indienne interprétait les six suites de J.S. Bach pour violoncelle seul.
À cette époque, Léonard était encore capable de marcher, et sur le chemin du retour, il a dit : « J’aurais voulu partir ce soir. » Il avait dû sentir une sorte de panique dans mes yeux, car il a aussitôt ajouté : « Avec toi bien sûr…
— À quel moment as-tu pensé ça ?
— Pendant la sarabande de la cinquième suite. »
Ce soir-là, peu avant le récital, la pluie s’était arrêtée. Les organisateurs du concert avaient entrouvert le toit, découvrant un ciel sans nuage, où scintillaient quelques rares étoiles. Le chant du violoncelle était si puissant qu’il m’avait donné l’impression de résonner à l’intérieur de moi. Je vibrais, j’expirais et tressaillais comme si les sonorités émanaient de ma gorge, comme si tout mon corps s’était transformé en instrument à corde et que j’étais moi-même le violoncelle avec lequel la musicienne interprétait cette musique de Bach.
Ce soir-là, j’ai pensé que Léonard m’avait fait une promesse, celle de partir avec moi.
J’ignore comment est le monde aujourd’hui, si cette possibilité de partir à deux existe encore pour vous. Je me souviens qu’il y avait eu une grande lutte pour l’obtenir, des manifestations, des grèves, des occupations. Les revendications émanaient de couples, d’amis, de fratries. On réclamait de pouvoir donner des années à ceux qui n’en avaient plus. On suppliait l’État de ne plus séparer les amoureux, les êtres qui se chérissent. Un amendement à la loi sur la régulation démographique avait été proposé et finalement voté. Ainsi, pour quelqu’un comme moi, plus jeune de dix ans que mon époux, il devenait possible de partir avec lui. En échange, je m’engageais à donner quelques années de ma vie et à partir plus tôt.
Tout était expliqué dans la lettre. Nous avions soixante-douze heures pour en faire la demande.
D’après mes estimations, nous aurions pu gagner quatre ou cinq ans.
Mais il n’en était plus question. Léonard en avait décidé autrement. Je n’avais même pas eu l’occasion d’argumenter, de lui dire qu’il était ma seule source de joie dans cette existence et qu’il n’avait pas le droit de m’abandonner.
Le jour de son grand départ, je n’arrivais pas à pleurer. Léonard m’a fait venir près de lui, et il m’a dit : « Tu te rappelles ce tableau de Nicolas Poussin ? L’hiver ou le déluge ?
— Bien sûr. Nous allions souvent le voir au Louvre.
— Ils l’ont mis où maintenant ?
— Je ne sais pas…
— Depuis quelque temps, je n’arrête pas d’y penser. Je crois bien que c’est le tableau le plus sombre de l’histoire de la peinture. C’est une peinture sans lumière. On a beau chercher, il n’y a pas la moindre source lumineuse. La lune est grise. L’écume des flots, comme la foudre qui déchire le ciel, sont pâles. Ce tableau me fait penser à nous qui nous accrochons désespérément. Anna, je ne veux plus être ce personnage en train de sombrer. Je ne veux plus être l’homme pendu au cou du cheval qui se noie, ni celui s’accrochant à la barque au risque de la faire chavirer. Je garde la tête hors de l’eau depuis trop longtemps. Je suis las de vivre sous ce déluge, las que tu me tiennes à bout de bras. Tu te souviens du serpent sur la falaise ?
— Oui, je crois…
— Ce serpent, c’est la mue, la renaissance éternelle, la mort qui ne vient pas. C’est une malédiction. »
Son débit s’était ralenti un peu. Léonard regardait dans le vide, pourtant on aurait cru qu’il avait le tableau devant les yeux.
« Enfin, dit-il encore, il y a cette mère de l’autre côté du tableau, cette mère qui, sur le point de périr, hisse son enfant pour le sauver. Que l’enfant soit sauf ou non, je crois que cette femme a déjà accepté son destin. Maintenant nous allons accepter ce qui nous arrive, il ne faut plus avoir peur. J’ai passé trop d’années entre le jour et la nuit, à n’en plus finir de vieillir. Il est temps pour moi de partir et de m’éteindre. Mon amour, si tu m’aimes, comprends-moi. »
Il y avait une chanson que mon père écoutait souvent dans la voiture lorsqu’il me conduisait à droite à gauche, au lycée, aux entraînements.
Je monte un cheval qui porte des œillères.
Je voudrais l’écouter mais je ne me souviens plus du titre et de toute façon, cela fait longtemps que la petite boîte blanche encastrée dans le mur pige que dalle quand je lui parle. L’aide-soignante entre dans l’appartement pour me border.
Elle me prend l’aiguille à tricoter des mains.
Je n’ai pas de forces. Je ne résiste pas. ...
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