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Ravagé par les attaques atroces des djihadistes d’Al-Shabab, le Mozambique voit chaque jour de plus en plus d’habitants tenter de fuir leurs terres. Outre l’insécurité qui règne dans le pays, la famine et l’extrême pauvreté ajoutent au drame en cours.
La région du Cabo Delgado, dans le nord-est du Mozambique, vit depuis 2017 un drame humanitaire sans précédent. Les djihadistes Al-Shabab, affiliés à l’État islamique depuis 2019, y font des ravages. Le nombre d’attaques violentes perpétrées a été multiplié par trois tout au long de l’année 2020 par rapport à l’année précédente. Et malgré l’intervention des différentes armées régionales depuis l’été 2021, le conflit s’enlise. Les militaires rwandais, connus pour leur efficacité, ont beaucoup de mal à affaiblir les insurgés. On parle de guerre asymétrique. Des attentats contre les militaires ont eu lieu vers Macomia en avril et mai 2022. Ce groupe armé terrorise les différentes ethnies tout en menant des attaques coordonnées et simultanées contre des institutions publiques. À ce jour, on dénombre déjà plusieurs milliers de morts. Les insurgés kidnappent les femmes et les enfants. Les femmes sont mariées de force alors que les enfants sont formés pour devenir de redoutables enfants-soldats. Quant aux hommes et aux vieilles personnes, la plupart sont massacrés. Les camps se multiplient partout, de Mueda à Negomano en passant par Montepuez, et Metuge. Les arrivées dans des villes sécurisées sont quotidiennes depuis des années, par bateau, route ou même à pied. À Pemba, chef-lieu de la région et ancienne ville touristique, la situation humanitaire n’a cessé de se dégrader. La population de la ville a doublé. Les déplacés s’entassent sur les plages ou attendent dans des bâtiments réquisitionnés par l’État avant d’être relogés. Les habitants sont totalement dépendants de l’aide humanitaire. Les conditions y sont précaires, entre insécurité, extrême pauvreté et famine. Malgré la libération de Mocimboa en août 2021, les habitants ne peuvent pas rentrer chez eux, la ville est détruite et l’insécurité y est importante. Quant à Palma, également libérée, la crise économique est en train d’exploser. Enfin à Quitunda, la ville « modèle » promue par TotalEnergie avec ses maisons en dur, les locaux sont en train de craquer par manque de ressources. Le nombre de personnes fuyant la guerre est passé de 15 000 fin 2018 à plus de 800 000 en 2022, soit plus de 30 % de la population de Cabo Delgado.