Mentor, mentors !

Isabelle Giordano

La France fait partie des pays les plus inégalitaires d’Europe pour son système éducatif. Une école pour tous ? Oui, mais pas la même partout et pas avec les mêmes chances pour tous. 
Aujourd’hui les enfants de pauvres ont moins de chances de poursuivre leurs études au-delà du collège que les élèves nés dans un milieu favorisé. Savoir lire et écrire correctement à l’entrée en sixième, être orienté vers le bac général plutôt qu’enfermé dans une filière pro, faire des études supérieures : cela vous semble naturel ? Pour de très (trop) nombreux enfants issus des classes populaires, c’est pourtant aussi inaccessible qu’un sommet de l’Himalaya.
Pour réussir en classe, avoir un bon prof ne suffit pas. Mieux vaut réunir d’autres conditions pour un parcours sans embûches : logement, santé, environnement familial, tout compte. Si vous vivez dans un logement exigu, contraint de faire vos devoirs dans une chambre partagée ou sur la table du salon, si vous avez une alimentation ou une hygiène de vie qui ne facilitent pas la concentration ou le repos nécessaire, si une situation familiale instable vient perturber votre bien-être mental, vous avez moins de chances de réussir.
Une étude de 2018 de l’OCDE a montré qu’il faut en moyenne six générations en France pour passer de la pauvreté à la classe moyenne. Cette situation est inacceptable.
« Une enfance condamnée à l’échec scolaire est intolérable », comme l’écrit la directrice de la Fondation Alpha Omega, Elisabeth Elkrief, qui dresse le constat dans son dernier livre (Retrouver le chemin de l’école Fayard) : « en France, près de 100 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme et 1,5 million de nos concitoyens n’ont pas d’emploi et ne suivent ni études ni formation. » 
On serait tenté de se laisser envahir par la colère ou le sentiment d’impuissance. Heureusement, il existe une solution, non pas miracle, mais qui a fait ses preuves : le mentorat, aujourd’hui l’un des outils les plus efficaces pour lutter contre les inégalités.

Dans la Grèce antique, le mentor était celui qui faisait un bout de chemin avec le jeune élève, profitant du temps passé sur la route de l’école pour échanger, converser.

Le mentorat ? Il s’agit avant tout d'un binôme, une aventure qui se joue à deux, ou souvent à trois avec la mère de famille. Le « mentor », bien souvent un étudiant ou adulte bénévole, accepte de passer quelques heures par mois avec un jeune « mentoré » et cela pendant une durée minimum de six mois. Attention, il ne s’agit pas de soutien scolaire, et encore moins de se substituer au prof. Le mentorat prend appui sur une relation de confiance, des conversations, des conseils. En un mot, un accompagnement qui ouvre de nouveaux horizons. 
Dans la Grèce antique, le mentor était celui qui faisait un bout de chemin avec le jeune élève, profitant du temps passé sur la route de l’école pour échanger, converser. Véritable trait d’union entre l’école et la maison, entre le professeur et le précepteur. Un lien précieux dont les Grecs, maîtres de l’apprentissage et du sophisme, avaient compris l’utilité.
On pourrait aujourd’hui, loin des amphithéâtres d’Athènes, tirer à nouveau profit du mentorat. D’abord parce qu’il a été récemment porté par une soixantaine d’associations réunies en force de frappe avec le Collectif Mentorat, puis par une politique publique offensive. Résultat : en moins d’un an, en 2021, 100 000 binômes se sont ainsi créés. Plus de mille entreprises ont accepté de s’engager, certaines affichant plusieurs centaines de mentors parmi leurs employés.
Étudiants et salariés y trouvent leur compte ; les uns comme les autres se disent en quête de sens et veulent être utiles, s’unir dans un même combat : briser le plafond de verre.

Journaliste pendant plus de quinze ans (Canal Plus, France Inter…), Isabelle Giordano a été DG d’UniFrance (2013 à 2019) puis présidente bénévole du Comité stratégique du Pass Culture. Elle est depuis janvier 2021 la responsable du Mécénat du groupe BNP Paribas et la déléguée générale de la Fondation BNP Paribas. Elle est par ailleurs engagée de longue date dans le milieu associatif avec « Cinéma pour tous ».
Les résultats sont là : 86% des jeunes suivis par l’association « Article 1 » trouvent un emploi dans les six mois suivant leur mentorat ; 84% des jeunes mentorés disent avoir plus confiance en eux, 95% des jeunes de l’Institut Télémaque ont obtenu leur bac, dont une majorité avec mention. Une meilleure estime de soi, ce qui est loin d’être négligeable dans une période d’anxiété généralisée, des résultats scolaires qui s’améliorent à vue d’œil, plus de chances de réussir son entrée dans la vie professionnelle, tels sont en résumé les bénéfices du mentorat constatés par les études d’impact.
Dans un monde post-Covid où l’on semble retrouver le goût de l'entraide et du geste gratuit, le mentorat apparaît soudain comme une lueur positive. Devenez mentors, un nouveau mantra pour une nouvelle génération....

La France fait partie des pays les plus inégalitaires d’Europe pour son système éducatif. Une école pour tous ? Oui, mais pas la même partout et pas avec les mêmes chances pour tous.  Aujourd’hui les enfants de pauvres ont moins de chances de poursuivre leurs études au-delà du collège que les élèves nés dans un milieu favorisé. Savoir lire et écrire correctement à l’entrée en sixième, être orienté vers le bac général plutôt qu’enfermé dans une filière pro, faire des études supérieures : cela vous semble naturel ? Pour de très (trop) nombreux enfants issus des classes populaires, c’est pourtant aussi inaccessible qu’un sommet de l’Himalaya. Pour réussir en classe, avoir un bon prof ne suffit pas. Mieux vaut réunir d’autres conditions pour un parcours sans embûches : logement, santé, environnement familial, tout compte. Si vous vivez dans un logement exigu, contraint de faire vos devoirs dans une chambre partagée ou sur la table du salon, si vous avez une alimentation ou une hygiène de vie qui ne facilitent pas la concentration ou le repos nécessaire, si une situation familiale instable vient perturber votre bien-être mental, vous avez moins de chances de réussir. Une étude de 2018 de l’OCDE a montré qu’il faut en moyenne six générations en France pour passer de la pauvreté à la classe moyenne. Cette situation est inacceptable. « Une enfance condamnée à l’échec scolaire est intolérable », comme l’écrit la directrice de la Fondation Alpha Omega, Elisabeth Elkrief, qui dresse le constat dans son dernier livre…

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