Born in the USA

Michel Palmieri

FESTIVAL CINÉMATOGRAPHIQUE DE DEAUVILLE

Réservée aux passionnés des salles obscures, la consommation orgiaque de films divers est la proposition commune à l’ensemble des festivals de cinéma. Chaque année, tous, du plus confidentiel au plus médiatisé, tentent de bâtir une offre cohérente, susceptible d’attirer les talents et les spectateurs, de concilier le goût des paillettes et la quête de sens. Parmi ces centaines de festivals, aux thématiques plus ou moins affirmées, organisés à travers le monde, Deauville est bien sûr l’un des plus importants mais c’est sans aucun doute aussi, et peut-être surtout, l’un des plus agréables. Exclusivement dédié à la production américaine, il présente, en avant-première française, les blockbusters de l’automne. Lors de la dernière édition, la 48e, on a pu découvrir Call Jane, de Phyllis Nagy, un film sur la conversion et l’engagement d’une bourgeoise dans la lutte pour la légalisation de l’avortement au début des années 1970 – une histoire vraie, à laquelle l’actualité donne une résonance particulière – June Zero, de Jake Paltrow, une fiction autour d’un événement historique, l’exécution en 1962 du maître d’œuvre de la solution finale, l’autre Adolphe, Eichman, et son  formidable écho dans la société israélienne, When you finish saving the world, première réalisation du jeune acteur Jesse Eisenberg, – le protagoniste du Social Network de David Fincher – qui relate les relations difficiles entre une mère engagée et son fils indifférent aux malheurs du monde, ou le très attendu Blonde, d’Andrew Dominik, adaptation pour Netflix du roman éponyme de Joyce Carol Oates retraçant la vie de Marylin Monroe. 

À Deauville, comme à Cannes ou Venise, cinéastes, acteurs et actrices viennent promouvoir les films présentés mais, en l’absence de limousines aux vitres fumées conduites par des gardes du corps survitaminés, l’atmosphère reste ici bon enfant, par la grâce d’une organisation irréprochable et d’un service d’ordre avenant.

À Deauville, comme à Cannes ou Venise, cinéastes, acteurs et actrices viennent promouvoir les films présentés mais, en l’absence de limousines aux vitres fumées conduites par des gardes du corps survitaminés, l’atmosphère reste ici bon enfant.

Chaque année, les projections s’étalent sur une décade, la première du mois de septembre, et trois lieux : le CID, le plus prestigieux avec son écran immense et son impressionnante capacité – 1500 sièges –, la salle du casino Barrière et le cinéma local, le Morny. La programmation est habile, qui propose chaque jour, outre une grosse production de studio hollywoodien – hors compétition –, deux films indépendants – 13 au total – soumis à l’appréciation d’un jury francophone, présidé cette année par le cinéaste Arnaud Depleschins. En 48 éditions, une sélection toujours exigeante a permis au festival de Deauville de révéler nombre de réalisateurs aujourd’hui reconnus, comme James Gray – prix de la crique à Deauville en 1994 pour son premier long-métrage, Little Odessa – dont le dernier film, Armageddon Time, a été l’événement controversé du premier week-end. Depuis quelques années, Bruno Barde, le très cinéphile directeur du festival, présente en parallèle une section exclusivement consacrée au documentaire, américain évidemment. La cuvée 2022 de ces « Docs de l’oncle Sam » incluaient une série en cinq épisodes de 52 minutes, consacrée à l’histoire d’Hollywood, des pères fondateurs à Netflix – réalisé par Pascal Mérigeau, Bruno Icher et Jérémie Leroux, Hollywood Bruno Icher et Jérémie Leroux, Hollywood busines sera diffusé cet automne sur Canal plus –, des biopics sur les chanteurs Leonard Cohen – Hallelujah, de Dan Geller et Dayna Goldfine – et David Bowie – Moonage Daydream, de Brett Morgen – ou un objet cinématographique étrange et ambitieux – Lynch/Oz, d’Alexandre O. Philippe – étudiant l’influence du Magicien d’Oz – dont le Tin-man, l’homme de fer blanc, est cette année l’emblème du festival – sur l’œuvre envoûtante de David Lynch.

La compétition a couronné cette année Aftersun, premier long-métrage de la jeune cinéaste écossaise Charlotte Wells, qui emporte le Grand Prix du festival et le prix de la critique. Un double trophée qui, si la tradition du festival de Deauville est respectée, annonce pour la lauréate un ciel cinématographique étoilé sur les deux rives de l’Atlantique.



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