C’est Noël, j’ai failli l’oublier.
Ils me demandent, « comment fêtiez-vous Noël ? » et je tâche de saisir le sens de leur question : comment fêtiez-vous Noël ? à une époque précise située dans le passé ?, mais il faudrait alors qu’ils précisent quelle époque et quel passé, il y en a eu tellement et des fastes et des moins fastes et tous ces temps se fondent en moi ; ou bien comment fêtiez-vous Noël ? signifie-t-il vous Madame, en tant que femme de, nous n’utilisions jamais le mot de noblesse et encore moins celui d’aristocratie, d’un simple geste de la main j’interdis à mes interlocuteurs de terminer leurs phrases et de prononcer la suite, j’ignore ce qui pourrait venir après. La plupart du temps cela dit, un glissement s’opère. Noël, j’ai un doute, mais comme je suis à la fois très bien éduquée et très conventionnelle, j’essaye, je commence par un commencement et après tout va bien, pour raconter Noël, je vais parler de mes bonnes et d’abord, Lena ; et quand je raconte, je vois ce que je suis en train de raconter, je le vois réellement, comme en ce moment Lena, que mon mari ne connaît pas, déjà morte, je tire un fil et la pelote vient. Lena se tient dans la cuisine où je la rejoins, Maman m’y a envoyée pour le goûter, j’ai 11 ans et Papa a disparu, sur un coin de la grande table qui sert de plan de travail à Lena, il y a la tasse de chocolat au lait qui fume, le rond de serviette du côté droit de la tasse et, du côté gauche, le calendrier de l’avent avec ses petites fenêtres en carton, la 1, la 2, la 3, jusqu’à la 24, encore fermée, j’ai ouvert la numéro 20 ce matin. Maintenant que nous sommes trois, sans Papa, j’ai le droit de prendre le petit-déjeuner et le goûter avec Lena, bien au chaud, le dos tourné au four, mais je déjeune et je dîne avec Maman dans le froid de la salle à manger avec les portes vitrées qui donnent sur le jardin du Ranelagh, les tuyauteries des radiateurs cognent, tièdes, et font écho à l’horloge un peu plus loin dans le salon, sonnent les heures et les demies, une cadence qui rythme les soirées. Lena fredonne souvent, des chansons dont je ne saisis pas les paroles et que je répète sans comprendre, à l’ouïe uniquement et cela la fait rire, je les chante ? Mais il ne vaudrait mieux pas dit Maman, l’allemand est un mauvais souvenir, depuis que Papa n’est plus là la suspicion est un état constant à la maison, mais Noël se rapproche et, d’ici quatre soirs, nous dînerons, Lena, Maman et moi, réunies dans le froid, Lena à la place laissée vide.
C’est Noël ? Mais qu’est-ce qui cloche chez moi pour que j’oublie Noël, j’ai pourtant la mémoire des détails et la plupart du temps, personne ne s’en rend compte, même pas moi, je récite les poèmes de l’école et énumère les départements, je sais les ingrédients du Christstollen que Lena m’a appris, elle dit « Weihnachtsstollen », comme une brioche de Noël avec de la pâte d’amande dedans ; et ceux des petits pains à la cannelle et des truffes au chocolat que nous roulons sous nos doigts pour les offrir aux enfants orphelins des Apprentis d’Auteuil, mais le jour de la semaine et la date ? Depuis le début du mois, Lena cuit aussi des pains aux sept épices en mémoire des sept jours de la Création et, dans toute la maison, dépose du romarin afin de la protéger des mauvaises influences, c’est ce qu’elle croit, et pour la veillée du 24 une oie au chou rouge si elle en trouve à prix raisonnable chez monsieur Roland le volailler de la rue de Passy, Maman a donné son accord, plutôt qu’une dinde aux marrons, Lena et moi l’avons compris, si Maman n’aime pas faire la cuisine, elle déteste encore plus parler cuisine, c’est-à-dire discuter des menus puis établir une liste de courses, depuis que Papa s’en est allé Lena décide de tout, des soupes beaucoup, pommes de terre et un peu de lard pour avoir chaud, cela dure longtemps, le froid, maintenant on ne sait plus ce que c’est d’avoir froid chez soi, la buée qui sort de nos bouches dans la salle à manger et la gerçure de la couverture au menton la nuit, le givre à l’intérieur sur les carreaux, il y a même des gens qui s’amusent à en fabriquer pour faire joli à leurs fenêtres ou dans le hall d’immeuble par exemple, avec un pochoir, ici ils disent « résidence », où en suis-je ? Je ne sais pas comment j’ai pu devenir cette femme qui oublie, il faut que je raconte, quand je raconte, je vois ce que je suis en train de raconter, je le vois réellement, comme en ce moment mon calendrier ouvert à la fenêtre du 20, avant Lena je n’ai jamais eu de calendrier de l’avent mais il n’y a pas de bonbons en chocolat, ou en quoi que ce soit, derrière les fenêtres en carton, on dirait de petits compartiments, c’est un calendrier religieux avec une image très pieuse, la naissance de l’Enfant Jésus sur la paille entre l’agneau et l’âne gris, irisée d’une lumière de recueillement, je n’en parle pas en dehors de la maison ni en classe à Notre-Dame de Passy, je suis la seule à en posséder un, Lena m’explique que, dans son pays, catholiques et protestants n’imaginent pas Noël sans, « Weihnachten immer mit dem Christstollen und dem Adventskalender », dit-elle. Lena, l’organisation faite bonne, pilier de la maison sans Papa. De son nom complet Lena Weber, arrivée en France après avoir eu faim, pas fière, voilà c’est dit, accommode très bien les restes et quand elle s’en va, quelle est la question déjà ? Quand Lena s’en va Maman feuillette le journal Point de vue Images du monde, assise seule à la table de la salle à manger elle s’imprègne de la vie des rois et des reines et absorbe les photos des châteaux et les photos des soirées dans les châteaux et celles des soirées et des veillées de Noël dans les châteaux avec les enfants aux têtes couronnées, beaucoup de bonnes pour cuisiner, nous n’avons jamais eu de château et Lena partie, l’appartement plus petit mais il y fait chaud, les fenêtres du salon donnent sur la rue La-Fontaine, à côté de Maman assise sur le canapé il y a un sapin aussi grand que moi, nous l’avons fait livrer et décoré de boules de différentes tailles mais toutes en verre transparent, les couleurs de bleu et d’argent dominent, assorties aux guirlandes et aux ampoules qui clignotent ; au faîte de l’arbre, une étoile, à son pied, un papier peint simulant un sol de terre partiellement recouvert de neige, Lena est partie, nous la regrettons Maman et moi, disparue dans un sanatorium, il ne faut pas que je m’arrête, si je m’arrête, je perds le fil et la bobine cherra, je compte sur les doigts de mes deux mains, noms et particularités de nos bonnes après Lena, je commence.
Cora Martin : bonne à rien, un éphémère pis-aller de bonne à qui nous donnons sa chance trois Noëls de suite, notre piété nous dicte nos actes, Maman et moi invitons quelques enfants pauvres et orphelins des Apprentis d’Auteuil, six personnes le 24 décembre et six autres le lendemain avec Cora Martin en cuisine, n’a guère plus de seize ans, est-il nécessaire de s’appesantir ?
Maria Lopez : la dernière bonne de Maman et son dernier Noël, très pieuse, soupe et messe de minuit et moi à son chevet.
Virginia Langlay : la perfection faite bonne, ne doit justement pas être considérée comme telle, miss Langlay ne parle pas de ménage ni de cuisine mais d’entretien et de gastronomie, elle ne gouverne pas seulement aux fourneaux mais régente la maison tout entière et possède ses appartements, sous les nôtres, gouvernante ou intendante semblent mieux appropriés, ai-je déjà évoqué mon mari ? Miss Langlay s’occupe de monsieur de L depuis sa naissance, mon mari en sa présence redevient le petit garçon qu’elle a lavé et nourri – et, en témoin incrédule, j’assiste à l’infantilisation d’un homme de 85 kilos mesurant 1 m 90 et fort comme un étalon mais passons. J’hérite de miss Langlay, ainsi que de beaucoup d’autres choses, l’année de mon mariage, en tant que femme de, nous n’utilisons jamais le mot de noblesse et encore moins celui d’aristocratie, d’un simple geste de la main j’interdis à mes interlocuteurs de terminer leurs phrases et prononcer la suite, j’ignore ce qui pourrait venir après, précisément miss Langlay m’est offerte par ma belle-mère pour notre premier Noël d’époux avec heureux événement à venir, Monsieur et Madame Georges de L ont le plaisir de vous inviter à célébrer la naissance de Jésus de Nazareth, « et bientôt celle d’un autre » plaisante mon mari, et ce Noël-là un menu et un service très français malgré les origines de miss Langlay, il ne faut pas que je m’arrête il faut que je raconte, quand je raconte, je vois ce que je suis en train de raconter, je le vois réellement, comme en ce moment, nous sommes huit réunis et moi orpheline, sans Papa ni Maman, mais devenue madame de L, nappe blanche brodée de fils cuivrés, verres de Bohême, grand, moyen, petit, de gauche à droite l’eau, le vin rouge, le vin blanc, l’assiette est placée à trois centimètres du bord de la table et espacée de l’assiette voisine de trente centimètres, les couverts se situent de l’extérieur vers l’intérieur dans le sens de l’arrivée des plats et les dents des fourchettes reposent sur la nappe offrant ainsi nos armoiries gravées dans l’argenterie au regard de nos convives, la serviette est pliée à gauche de l’assiette et non dans l’assiette, l’assiette à pain et son couteau à beurre à gauche également, nous commençons par des huîtres et du saumon puis viennent le foie gras et le chapon que la mère de mon mari a sélectionné, réservé sur pattes, batifolant dans son enclos, puis fait venir de sa Sologne, décapité, plumé de frais, la bûche est achetée chez Lenôtre, nous la dégustons après la messe de minuit, faisant fi de la tradition des treize desserts, le parfum chocolat fait l’unanimité.
Götilda Nilsson : levée tous les jours à cinq heures, pratique la course à pied dans les allées du bois de Boulogne et le trekking lors de ses congés d’été. À vrai dire, un vrai rouleau compresseur, habituée au froid, vient de Laponie, il m’arrive de surprendre monsieur de L la bouche grande ouverte en présence de Götilda. Vigoureuse est sans doute le mot qui convient, la reine du sapin éclairé, nous l’achetons dès la deuxième semaine de l’avent et multiplions les guirlandes lumineuses et bougies et chandeliers dans la salle à manger, cependant son jambon de Noël n’est pas du goût de la mère de mon mari, qui dîne rituellement chez nous, ni le vin chaud épicé appelé Glögi.
Mary Carrberry : froide et insensible et paradoxalement laide et grasse, nous sommes au régime welsh rabbit, chutney et cheddar toute l’année, dinde à la sauce gravy et Christmas pudding les 24 et 25 décembre et jusqu’à épuisement – personnellement il me suffit de regarder le Christmas pudding pour être rassasiée, dégoûtée, cependant la nécessité de l’anglais dès la maternelle ne se discute pas dans la famille de mon mari et vaut bien quelques sacrifices, Charles et Constance seront bilingues comme l’est leur père, grâce à l’anglais de miss Langlay, entre-temps décédée.
Jane Hamond : l’exubérance américaine, Charles et Constance l’adorent. Championne en grimaces et en gâteaux, nulle au balai. Introduit Halloween chez nous et bientôt dans tout l’immeuble, vulgarité faite fête et doubles dépenses, rien à voir avec la France ; introduit aussi Fifi Brindacier, ce que nous approuvons, monsieur de L et moi-même.
Maria Lopez : tornade blanche ; Aminata Traoré : tout le contraire d’une tornade, ne doit pas être considérée comme noire pour autant ; Yuan Tchan : nulle et archi nulle, un cauchemar, aucun respect de la tradition, révèle à Charles et Constance que le père Noël n’existe pas ; nous persévérons dans les ennuis domestiques et songeons à recourir à d’autres solutions, ce qui semble autoriser ma belle-mère à m’offrir tabliers et torchons et gants et serviettes et nappes en guise de cadeaux de Noël, de chez Porthault, j’ignore si ces présents cachent un message subliminal et s’ils sont une manière de signifier qu’elle m’apprécierait en bonne moi-même, interrogation in petto dont je finis par faire part à monsieur de L et mon mari me dit que lui, oui, apprécierait beaucoup, à son service et en petite tenue sous le tablier Porthault offert par sa mère ce serait bien, avec l’âge l’humour de mon mari change de ton et prend des accents surprenants ; avec l’âge monsieur de L semble également de moins en moins croyant mais de plus en plus gourmand, nous continuons d’accompagner sa mère chaque année à la messe de Noël en l’église de Notre-Dame-de-Grâce de Passy mais ne restons pas jusqu’à l’eucharistie, sous prétexte d’enfants à surveiller et de cadeaux à distribuer, au son des disques 33 tours des Compagnons de la chanson ou de Tino Rossi, les regards et l’attention de mon mari sont distraits, faut-il y voir un lien ? de plus en plus tournés vers les treize desserts réinstaurés qui nous attendent en fin de soirée et que la nouvelle bonne de l’année apporte avec son tablier, mais où en suis-je et à quelle année et quelle est la question déjà ?
Chaque matin ils me demandent et comme je suis à la fois très bien éduquée et très conventionnelle j’essaye, je commence par un commencement et après tout va bien, quand je raconte je vois ce que je raconte, je le vois vraiment comme je vois à la suite Lena, Virginia, Götilda et les autres, chaque fois, jusqu’à ce que je m’endorme et quand je me réveille, quelle est la question déjà ? chaque matin, jusqu’à ce qu’ils me demandent et comme je suis à la fois très bien éduquée et très conventionnelle… Il en manque une. Je ne connais pas les bonnes d’ici, il y en a tellement, je ne sors plus guère de mes appartements mais j’entends les bruits et les pas d’inconnus, allées et venues qui s’invitent et me demandent quelque chose, cette maison est trop grande pour n’avoir qu’une seule bonne et elles sont trop nombreuses pour que je les connaisse toutes et d’ailleurs je ne voudrais pas avoir quoi que ce soit à faire avec elles en cuisine, si Maman n’aime faire la cuisine elle déteste encore plus parler de cuisine, c’est-à-dire discuter des menus puis établir une liste de courses, depuis que Lena, Virginia, Götilda et les autres s’en sont allées ce qu’elles nous servent ici est proprement infect, Noël ou pas, est-ce moi qui les ai engagées ? Je ne sais pas comment j’ai pu devenir cette femme qui oublie, j’ai pourtant la mémoire des détails et la plupart du temps, personne ne s’en rend compte, même pas moi, les bonnes ici s’appellent Eva, Linda, Rosetta et Sofia et je n’ai pas besoin de les raconter pour les voir, je lis leurs noms sur l’étiquette accrochée à leurs blouses roses ou bleues, jour ou nuit, ma vue est excellente, je distingue le tissu qui n’est pas de pur coton ni de lin ni ne vient de chez Porthault, au contraire mélange de synthétique ne nécessitant pas d’entretien, en tabliers je m’y connais, que vont-elles faire à dîner ? j’ai dû passer outre leurs références, c’est Noël ? Je veux parler de Noël et pour raconter Noël, je vais parler de mes bonnes, il en manque une, des lettres voudraient sortir, j’ai la bouche des bègues, il y a du « l » dans celle qui manque à la suite de Lena, Virginia, Götilda et du temps de mon mari, pas encore parti, du « l » et quelque chose d’autre qui pique dans celle qui manque, je n’arrive pas à la dire et si je ne la dis pas elle n’existe pas, je peux réciter les poèmes de l’école et énumérer les départements, cela dit un glissement s’opère et c’est une chanson qui vient, que monsieur de L chantonne sous la douche, « J't'aime bien Lili, j't'aime bien au lit, j't'aime bien au lit aussi, Tu es le “i” du mot ma nuit, du mot ma vie, Lili. »
Lili, de son vrai nom Emilie Lambert : une fleur à l’odeur de frais qui fait penser au printemps et à la danse avec tout ce qu’il faut là où il faut et un rire clair et des dents blanches et une peau lisse et des yeux verts et un air chatte, on croit que cela n’arrive qu’aux autres, mais… Et après le départ de Lili et celui de mon mari, j’oublie, à ces hommes en blanc qui me demandent chaque matin quelque chose, j’aimerais à mon tour poser la question, mais qui sont ces gens qui viennent ici si souvent ? mais comme je suis à la fois très bien éduquée et très conventionnelle, je me tais, je vis au milieu d’invités que je ne connais pas, vieilles personnes qui appellent un bonjour, un baiser, un souvenir s’il vous plaît, plateau-repas qu’Eva, Linda, Rosetta et Sofia servent du bout des doigts ou plutôt à bout de bras, balancés plus que déposés, j’oublie le présent mais je peux raconter le passé qui me plaît, ils me demandent « comment fêtiez-vous Noël ? » et je tâche de saisir le sens de leur question : comment fêtiez-vous Noël ? à une époque précise située dans le passé ?, mais il faudrait alors qu’ils précisent quelle époque et quel passé, il y en a eu tellement et des fastes et des moins fastes et tous ces temps se fondent en moi, j’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans, « qu’avez-vous demandé au père Noël cette année ? » et je tente de saisir quelle réponse est la bonne, « qu’avez -vous demandé au père Noël ? » pour m’entendre dire que le père Noël n’existe pas, je ne perds pas ma tête, ou bien « qu’avez-vous demandé au père Noël cette année ? » pour tester ma mémoire, quels vœux ai-je écrits dans ma lettre ? et à qui ? leurs questions et mes réponses sont un jeu à gagner ou à perdre, j’oublie le présent et reviens au passé qui me plaît tandis qu’en bas dans la rue, un homme en rouge fait les cent pas, passe et repasse devant la vitrine d’un grand magasin, il a une clochette dans la main et de sa bouche s’échappe de la buée et il serre contre lui des enfants à intervalles réguliers, hilares et interrogatifs, des touristes japonais les prennent en photo. L’homme porte un bonnet et de grosses chaussures de neige mais s’essuie le front comme en plein été, disparaît parfois quelques minutes, finit toujours par revenir avec un gobelet en carton dans la main ou quelque chose à manger, la barbe blanche de travers et le bonnet ôté, la tunique ouverte laisse entrevoir alors une autre personne et je me demande si c’est bien sage, n’est-ce pas incroyablement dangereux de laisser toutes ces petites personnes excitées et mal coordonnées se faire prendre dans les bras par un parfait inconnu qui transpire en bonnet rouge, les parents ont parfois de drôles d’idées, moi je n’ai jamais eu d’enfant. Mais quel rapport avec Noël ?...
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