La scène se déroule dans un parc parisien, je suis assis sur un banc dont la froideur métallique, malgré mon pantalon de velours, me pince la chair – je résiste. Le vent poursuit ses coups, balaie à mes pieds un amalgame de poussières, tandis que les arbres se tordent dans tous les sens, comme les monstres du train fantôme. Contre ma cuisse, j’ai fermement tenu mon carnet rouge, celui qui me sert aux écritures, et dans lequel je gribouille des […]
La scène se déroule dans un parc parisien, je suis assis sur un banc dont la froideur métallique, malgré mon pantalon de velours, me pince la chair – je résiste. Le vent poursuit ses coups, balaie à mes pieds un amalgame de poussières, tandis que les arbres se tordent dans tous les sens, comme les monstres du train fantôme. Contre ma cuisse, j’ai fermement tenu mon carnet rouge, celui qui me sert aux écritures, et dans lequel je gribouille des formules sibyllines, le plus souvent pour me donner cet air mystérieux, un peu Café de Flore, « d’homme qui écrit », et donc qui observe, qui sait se tenir à bonne distance, dont le regard, tel un rayon laser forgé dans la pierre philosophale – contrairement au vôtre, plus misérable – transperce le réel, l’essence des choses, etc. Sous la tempête, je n’étais pas venu pour rien : après des semaines d’inactivité, perdu dans le désert de la page blanche, je sentais enfin ma fatigue s’estomper et les idées remuer, frémir sous mon cuir chevelu, dans le mou et l’arrondi de la cervelle, j’allais écrire sous la tempête, cracher un chef-d’œuvre comme on n’en fait plus, au moins quelques vers, peut-être un incipit ou un sujet de roman, j’allais écrire… lorsqu’est tombé de je ne sais quel ciel le dernier livre de Felix Macherez, Les Trois Pylônes. Bon, me dis-je, soupesant l’ouvrage, le débarrassant de la boue qui, lors de sa chute, l’avait profané, c’est sans doute un signe, on veut me dire quelque…
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