Depuis un premier EP, Rêvalité, paru en 2021, cette chanteuse française d’origine asiatique cultive un univers où le R&B se révèle aussi coloré qu’inventif, mâtiné d’électro et de punchlines bien senties sur la féminité, la précarité, le racisme et la quête de soi. Récemment, Thérèse a levé un autre tabou en révélant sur les réseaux sociaux la polykystose hépatorénale dont elle était atteinte. Elle travaille actuellement sur un nouvel EP qui promet. En attendant, c’est de culture(s) métissée(s) dont nous parle Thérèse à travers ces morceaux choisis où les artistes convoqués habillent le territoire hexagonal des couleurs de leurs origines.
« PACHAD » Yael NaimComme beaucoup, j’ai découvert Yael Naim à travers New Soul, une des premières chansons que j’ai chantées sur scène ! En parcourant l’album, j’ai découvert de magnifiques chansons en hébreu. Pachad m’a beaucoup émue… elle parle d’émancipation. C’était la première fois que je tombais sur une artiste « grand public » de notre génération qui chantait dans sa langue d’origine en l’intégrant à de la musique pop-folk et non dans ce que l’industrie peut catégoriser de « world ».
« UNISSASI LAULELET »
The Dø
J’ai été bouleversée par le mélange de cette langue un peu magique, le finnois, l’instru avec des percussions organiques africaines et des synthés très pop. Ce groupe m’a montré à quel point la pop pouvait être riche, exigeante, étrange parfois, libre surtout.
« RIVER »
Ibeyi
Ibeyi s’inscrit dans la mouvance de M.I.A. ou Die Antwoord, mais avec un côté plus éthéré et spirituel, appuyé par le mix d’anglais et de yoruba. Leur musique oscille entre soul, R&B et trip-hop. Je grandis en voyant ces artistes créer leur propre chemin… Cette année-là, en 2015, je quitte mon ancien job de cadre dans une maison de luxe avec quelques phares dans ma nuit.
« STIL » Acid ArabJe découvre Acid Arab avec cette chanson et danse sur ces sonorités qui me transportent loin. C’est de l’électro dark entêtante, avec un supplément de magie que sont les gammes orientales et les voix, les cordes trafiquées et les percussions. Je ne sais expliquer pourquoi les gammes pentatoniques vibrent tant chez moi, il doit y avoir une explication scientifique…
« DKR »
Booba
Booba parle de néocolonialisme sur un rythme afro-caribéen agrémenté de ces quelques notes de kora devenues mythiques. C’est une belle façon de rendre hommage à son continent et pays d’origine en touchant un large public. Et artistiquement, c’est juste génial d’entendre son flow sur ce genre d’instru !
« OASIS »
La Chica
Par hasard, sur un webzine, je découvre La Chica. Le coup de foudre. C’est une musicienne incroyable, une vocaliste et danseuse de talent, une artiste à vision qui mélange musicalement comme visuellement ses origines vénézuéliennes et françaises, et son amour pour la musique anglo-saxonne.
« CHINOISE ? » ThérèseLa pandémie de covid a exacerbé le racisme antiasiatique. En réaction, j’ai décidé de traduire en français une chanson esquissée en anglais et d’en faire un morceau à la fois pop et hip-hop produit par mon binôme lillois, Adam Carpels, mélangé à des instruments traditionnels afghans joués par mon ami japonais Kengo Saito. Majoritairement en français et mandarin, les paroles empruntent des mots à sept langues différentes. C’est cette image de la France que je défends !
« KUHU »
Aurus
Quand je l’ai vu en live, j’avais la sensation d’avoir Beyoncé, Björk, un chanteur d’opéra et un chaman dans le même corps. Ça a vibré fort dans mon cœur. Par ailleurs, la musique d’Aurus est aussi militante. Dans KUHU où il chante également en anglais et créole, il défend la liberté et la diversité. Je ne peux qu’être d’accord !
« PANA NJIA » James BKS ft. Gracy HopkinsJ’ai rencontré James lors d’un camp d’écriture. Je ne connaissais rien de lui mais humainement, on a vraiment accroché. Sa musique est le reflet de sa personnalité calme et solaire, généreuse, déterminée, portée par l’espoir et l’amour de l’autre. J’aime son défi de sortir la musique africaine de la catégorie « world » pour la rendre mainstream.
« DAYNIGHT JOURNUIT»
Zinda Reinhardt, DJ Click RMX
Punk, sensible, entière. Ce que j’aime chez Zinda, c’est son côté si brut. Daynight Journuit me touche parce que s’ajoute cette fragilité en français juxtaposée au sinté manouche. Il y a une réelle mouvance artistique de métissage dans la pop culture ces dernières années, ainsi qu’un public portant ce mouvement. En espérant que l’industrie puisse voir, accepter et soutenir cette création à plus grande échelle.