Depuis ses débuts en solo avec Songs From Electric Sky, en 2006, H-Burns s’est illustré par un langage folk-rock entre acoustique et électrique, jamais emphatique mais capable d’autant de mesure que d’envolées lyriques. Ce que confirme son superbe neuvième album studio, Sunset Park, sorti après de longs mois à reprendre sur scène (et en studio) le corpus de Leonard Cohen. Dès la pochette, nous voilà plongés dans les grands horizons américains. Ce que confirment ses chansons, enregistrées entre le Pays basque et la Californie, à partir de laquelle H-Burns a pris la route sur la côte Ouest, jusqu’au Canada. C’est donc tout logiquement qu’il a imaginé cette playlist autour du road trip, qui nous fait voyager à la fois très loin et près de nous.
« HIGHWAY 61 REVISITED »
Bob Dylan
Toute la mythologie dylanienne dans ce titre : une sirène de police et une histoire de route inégalable ! J’ai découvert Dylan avec mes parents, en commençant par sa période folk. Je goûte tout autant au passage à l’électricité, qui commence juste avant Highway 61 Revisited et qui lui a valu de se faire traiter de « Judas ! » dans la salle d’un concert anglais en 1966. Son personnage reste un mystère intact.
« SURFER KING »
A.A. Bondy
Des guitares avec des réverbs sans fin, l’océan Pacifique en fond, la production de Rob Schnapf. Un grand artiste américain, originaire d’Alabama, avec qui j’ai eu la chance de collaborer sur mon nouvel album. Une chanson qui envoûte longtemps après son écoute…
« I WAS A STRANGER »
Smog
Avant d’enregistrer sous le nom de Bill Callahan, ce compositeur et guitariste américain officiait sous le nom de Smog, et cet album, Red Apple Falls, me hante depuis les années 1990. En une si courte histoire, il crée un univers, la narration avance de couplet en couplet et on découvre qu’il n’était pas si étranger [« stranger » en anglais] que ça avec la chute et le sens de la dernière punchline : « I was well known » [« j’étais bien connu »]. Grande chanson.
« RUINE »Bertrand BelinDes images et une utilisation du français tellement reconnaissable, un texte très émouvant, faussement simple : « tu voulais revoir l’endroit, le voilà, devant toi ». Bertrand est un camarade de longue date avec qui on a collaboré à maintes reprises en live et en studio. Au-delà d’être un maître des mots, c’est un multi-instrumentiste hors du commun. Un artiste précieux dans le paysage musical actuel français.
« BIG TIME »
Angel Olsen
L’album du même nom est un écrin intemporel de country moderne. Mon coup de cœur de 2022 ! La production West Coast de Jonathan Wilson et le son californien me parlent tout particulièrement. Angel Olsen est une reine, je la suis depuis ses premiers morceaux car elle incarne une forme de mysticisme que je trouve fascinante.
« WEST PALM BEACH »
Palace
Avant de devenir Bonnie “Prince” Billy, Will Oldham officiait sous le nom de Palace… Au sein de son catalogue, une pure chanson de coucher de soleil.
« STATE TROOPER »Bruce Springsteen
La route au fond de la nuit, la noirceur de Nebraska, le riff de guitare et le Slap Echo… autant d’éléments de State Trooper un titre vénéneux. Springsteen est une éternelle source d’inspiration pour moi. En particulier Nebraska que je conseille aux personnes freinées par le côté « rock de stade » du Boss, une merveilleuse porte d’entrée enregistrée sur un magnétophone 4 pistes dans son salon. Ce sont les démos de l’album sorties telles quelles.
« ZEBRA »
Beach House
Ce riff de guitare est tout simplement imbattable. Le titre est lumineux, la composition est brillante et la voix de Victoria Legrand nous transporte. J’ai vu Beach House en concert à plusieurs reprises où elle est très peu éclairée… on flotte en pleine dream pop. Elle et son acolyte Alex Scully sont des mélodistes hors pair.
« L’OCÉAN »Dominique AUne grande chanson côtière, la puissance de l’écriture et de la voix de Dominique, la force des images. Impossible de ne pas vibrer. Une version concert à emporter de ce titre existe, toute aussi sublime. Je suis très heureux d’avoir pu collaborer avec lui sur mon nouvel album, Sunset Park, avec le duo Dark Eyes.
« LASER BEAM »
Low
Une des plus belles voix féminines du rock indé, celle de Mimi Parker, qui nous a quittés voilà peu. Avec son compagnon Alan Sparhawk, elle avait cofondé le groupe Low, et les harmonies de ce couple sont parmi les plus magiques que j’ai jamais entendues. Sur Laser Beam, une guitare, une voix et le son du studio de Steve Albini que j’ai eu la chance de pratiquer. Et on est emporté.
Sunset Park, H-Burns, Yotanka Records / Pias.
En tournée française au printemps avec un concert le 8 juin à la Maroquinerie, Paris 20e.