Monument Woman

Emmanuelle Polack

Durant l’Occupation, une employée du musée du Jeu de Paume est le témoin direct du pillage des œuvres d’art organisé par les nazis. Grâce à son travail méthodique de documentation des vols, nombre d’entre elles ont pu être sauvées et restituées.

 

Son nom est peu connu en dehors du cercle restreint des historiens de l’art, des conservateurs et des collectionneurs. Et pourtant… Pourtant, l’engagement, essentiel et héroïque, de Rose Valland en faveur de la récupération des œuvres pillées et spoliées par les nazis a été salué par un certain nombre de distinctions. Elle est ainsi élevée au rang de chevalier de la Légion d’honneur en octobre 1946 sur proposition de Jacques Jaujard (1895-1967), directeur des Musées de France, qui salue à cette occasion son action, rappelant que Rose Valland a apporté « la plus courageuse contribution à la défense artistique française […] en courant des risques qui se renouvelèrent chaque jour pendant quatre ans ». Cette même année, elle reçoit la médaille de la Résistance française. Décoration prestigieuse dont l’attribution témoigne de la prise en compte d’une forme très particulière de résistance au sein des Beaux-Arts. Les pays étrangers lui témoignent également leur reconnaissance ; elle reçoit des États-Unis la Medal of Freedom et, en 1972, la Médaille de la République fédérale d’Allemagne. 

Dans la fiction que lui consacrent Pascal Deux et Zoé Gabillet – une série de podcasts disponible le 4 avril sur France Culture, avec les voix de Clotilde Hesme et Frédéric Pierrot  – elle est présentée comme celle pour qui l’art fut « une priorité au même titre que la paix et la liberté ». Pour apprécier l’importance du rôle de cette femme qui fit le choix de lutter contre la mainmise des nazis sur les collections privées appartenant principalement aux familles juives, il convient de convoquer l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. 

Un mois avant l’occupation de Paris par les Allemands est créé un bureau de protection des œuvres d’art, le Kunstschutz service placé sous l’autorité du haut commandement militaire. Dirigé par le comte Franziskus Wolff-Metternich (1893-1978), sa mission consiste à protéger et sauvegarder les œuvres d’art en zone de guerre, conformément à la Convention de La Haye de 1907. Le Kunstschutz ne pourra cependant pas s’opposer aux saisies d’œuvres pratiquées par d’autres services allemands, au premier rang desquels l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR), une task force bientôt installée au musée du Jeu de Paume.  En effet, dès l’été 1940, débute une vaste campagne de confiscation des archives, des bibliothèques et des œuvres d’art appartenant aux « ennemis du Reich ». Otto Abetz (1903-1958), ambassadeur d’Allemagne à Paris, prend la direction des opérations et parvient à mettre la main sur les collections des grandes familles juives, Rothschild, Seligmann, David-Weill, Georges Wildenstein, Alphonse Kann, ou encore celle du marchand d’art Paul Rosenberg.

 
Quatre années durant, au péril de sa vie, Rose soustrait les renseignements les plus précieux sur les convois qui emportent les œuvres vers l'Allemagne. 

 
Devant l’importance du butin, les dignitaires du IIIe Reich rivalisent d’autorité et se disputent les commandes d’un état-major secret, en charge d’un pillage méthodique, bientôt facilité par les lois du 3 octobre 1940, ordonnées par le régime de Vichy. Ces dernières dépouillent les Juifs déchus de la nationalité française, favorisant l’« aryanisation » des biens juifs et la confiscation de ceux des déportés. Dirigé par l’idéologue nazi Alfred Rosenberg, l’ERR dispose de moyens exceptionnels pour mener à bien ses opérations de pillage. L’antenne de l’ERR qui s’installe à Paris à l’automne 1940 sous la houlette du colonel Kurt von Behr (1890-1945) doit trouver un lieu pour entreposer et emballer son incroyable butin. Trois salles du Louvre sont dans un premier temps réquisitionnées à cet usage. Elles se révèlent vite insuffisantes et, le 1er novembre, le musée du Jeu de Paume est mis à la disposition de l’ERR. Ce bâtiment qui surplombe la place de la Concorde, présente de nombreux avantages : isolé sur la terrasse des Feuillants dans les jardins des Tuileries, à l’abri des regards indiscrets, de grandes cimaises y permettent l’installation d’expositions d’œuvres spoliées destinées à des amateurs très particuliers. Le musée du Jeu de Paume devient ainsi le « salon » du pillage officiel nazi. Durant toute la période de l’Occupation, le Reichsmarschall Goering s’y rendra à 21 reprises pour y faire « son marché », en toute impunité.

Pour Jacques Jaujard, la réunion des œuvres spoliées au Jeu de Paume offre une dernière chance de veiller sur ces collections et d’en empêcher le départ pour le Reich. Il obtient des Allemands l’autorisation de maintenir une collaboratrice au musée, tenue au secret comme l’ensemble du personnel, emballeurs et gardiens. Ce sera Rose Valland, une jeune femme discrète, une provinciale originaire d’un petit village d’Isère, Saint-Étienne-de Saint-Geoirs, passée par les Beaux-Arts de Lyon et de Paris avant de compléter son parcours d’excellence par une formation en histoire de l’art à l’École du Louvre et à l’Institut d’art et d’archéologie. Forte de ce savoir, exceptionnel à l’époque pour une jeune fille de condition modeste, elle parvient en 1932 à décrocher un poste d’attaché de conservation bénévole au musée des Écoles étrangères contemporaines, situé à l’intérieur du Jeu de Paume des Tuileries. Un cursus et une connaissance des lieux qui lui vaudront d’être choisie pour effectuer un inventaire contradictoire des œuvres en transit.

Contestée par la toute-puissante ERR, cette faveur accordée est finalement révoquée : le 9 août 1942, la jeune femme est renvoyée. Cinq jours plus tard, elle entre en résistance. Profitant d’un renouvellement de la garde du musée, elle revient au Jeu de Paume. Aux prétextes d’entretenir le pavillon, de vérifier le chauffage, de pourvoir au ravitaillement des gardiens, d’assurer leur encadrement, Rose Valland obtient du colonel Kurt von Behr, qui dirige le Sonderstab Louvre - une branche de l’ERR chargée de la réquisition des collections appartenant aux familles juives françaises – le droit de se maintenir dans la place. Chaque matin, la peur au ventre, elle est contrainte de présenter son Ausweis signé de la main de von Behr.

Quatre années durant, au péril de sa vie, Rose soustrait aux services de l’ERR les renseignements les plus précieux sur la destination des convois qui emportent les œuvres vers l’Allemagne, sur les œuvres elles-mêmes, et sur leurs propriétaires. Elle enregistre l’ensemble des informations dans sa prodigieuse mémoire avant de les consigner dans des rapports détaillés qu’elle transmet clandestinement à son directeur.

Aux menaces qui pèsent sur les chefs d’œuvre de l’art classique s’ajoutent celles, plus graves encore, qui frappent l’art contemporain international, qu’abhorre et condamne le IIIe Reich au point de programmer leur destruction. Afin de les soustraire à la vue des dignitaires nazis, les œuvres d’art modernes sont dissimulées dans la salle la plus reculée et la moins accessible du musée du Jeu de Paume. En mars 1942, Rose Valland écrit à leur sujet qu’elles « paraissent constituer une catégorie à part parce qu’elles ne sont pas conformes à l’esthétique du IIIe Reich. On pourrait espérer en les voyant rester au musée qu’à la suite de négociations elles reviendraient peut-être à la France, mais elles paraissent maintenant plutôt devoir servir de monnaie d’échange ». Cette dimension marchande ne suffit pas à les sauver toutes. Dans son ouvrage Le Front de l’art, elle raconte l’autodafé perpétré dans le jardin des Tuileries le 27 juillet 1943, dont elle a été le témoin, Selon ses dires, les peintures sacrifiées auraient porté les signatures prestigieuses d’André Masson, Juan Miro, Francis Picabia, Suzanne Valadon, Paul Klee, Max Ernst, Fernand Léger, Pablo Picasso, Moïse Kisling, Roger de la Fresnay, Jacqueline Marval, ou Emmanuel Mané-Katz, entre cinq et six cents œuvres marquées du sceau EK pour Entartete Kunst, «art dégénéré».

Pendant le soulèvement de Paris du 19 au 25 août 1944, Rose Valland monte la garde au Jeu de Paume. La situation particulière du musée, situé sur la ligne de défense du camp allemand, lui vaut là encore de se retrouver au cœur des combats. Inlassable, elle recherche et découvre les informations relatives au dernier convoi d’œuvres d’art qui s’apprête à quitter Paris. Elle alerte aussitôt sa direction qui communique ces informations au réseau de la Résistance des chemins de fer. De multiples interventions de sabotage parviendront à bloquer le « train-musée » en banlieue parisienne. 20 ans plus tard, l’épisode fournira la trame d’un film hollywoodien, Le train, de John Frankenheimer. 

 
Inlassable, elle recherche et découvre les informations relatives au dernier convoi d'œuvres d'art qui s'apprête à quitter Paris.

 
Dès la Libération de Paris, Rose Valland se rapproche du service des Beaux-Arts mis en place par les Alliés, pour attirer leur attention sur la localisation des dépôts allemands afin de les protéger des bombardements éventuels. À cette occasion, elle rencontre James J. Rorimer (1905- 1966), jeune conservateur d’art médiéval, qui sera amené à diriger la section des officiers américains attachés aux questions culturelles, les désormais célèbres « Monuments Men ». L’Allemagne se trouve dans l’immédiat après-guerre sous le contrôle des pays vainqueurs. Ainsi les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’URSS se partagent-ils le territoire de l’ancien Reich. Le 4 mai 1945, Rose Valland reçoit un ordre la chargeant de se rendre sine die, et pour une durée illimitée, auprès de l’état-major de la 1ère armée du général de Lattre de Tassigny. Sa mission en Allemagne consiste à mener des enquêtes pour l’identification et le retour des biens culturels reconnus comme appartenant au patrimoine artistique français.

 
Enfouie dans une mine de sel, repose une partie de la collection Goering : plus de mille œuvres arrachées au patrimoine français. 

 
À son arrivée à Baden-Baden le 11 mai 1945, Rose Valland découvre un pays en ruines.  Partout règne misère et désolation, vestiges de la folie criminelle nazie. Seules les rues ont été déblayées ; de toutes parts s’élèvent des monceaux de décombres, des montagnes d’éboulis au pied d’immeubles éventrés, toitures arrachées, réduits parfois à des charpentes déchiquetées. Quelques façades fantomatiques tiennent encore debout, tandis que les églises et les cathédrales dressent leurs murailles à ciel ouvert. À sa grande surprise, Rose constate que, face à ce spectacle, toute l’animosité envers le peuple allemand s’est s’évanouie, que « la notion d’ennemi, savamment entretenue pendant quatre longues années, soudain disparaît, » témoigne-t-elle.

Les informations patiemment consignées au Jeu de Paume lui permettent de localiser les dépôts d’œuvres d’art et d’éviter leur destruction. Première région visée, la Bavière au sud de l’Allemagne. Elle renferme dans ses nids d’aigles comme au fond de ses mines désaffectées une quantité considérable d’œuvres spoliées. C’est en effet principalement dans cette région montagneuse que les Nazis, fuyant l’avancée des armées alliées, ont concentré le produit de leurs pillages. Le 14 juin 1945, Rose Valland se trouve à Berchtesgaden, où Adolf Hitler et ses plus proches collaborateurs possédaient une résidence secondaire. Enfouie dans une mine de sel, repose une partie de la collection Goering : plus de mille œuvres arrachées au patrimoine français. Parmi celles-ci, des Rembrandt, des Vermeer, et la merveilleuse statue en bois de tilleul du XVIe siècle, autrefois appelée La Belle Allemande et aujourd'hui dénommée Sainte Marie Madeleine de l'artiste Gregor Erhart du Département des Sculptures du Moyen Age, de la Renaissance et des temps modernes du musée du Louvre.

Une grande quantité d’œuvres d’art ayant été repérée en zone américaine, Rose Valland entre en contact avec les officiers américains. Au cours de l’année 1946, elle se voit attribuer de nouvelles responsabilités. Outre sa mission de récupération, on lui confie plus largement la délégation française des Beaux-Arts. Grâce à cette promotion, elle peut enfin engager des négociations avec les Soviétiques. Ces derniers exercent en effet sur leur zone d’occupation une toute puissance qui inclut une appropriation des œuvres d’art récupérées. 

Dès l’immédiat après-guerre, la recherche des œuvres d’art emportées en Allemagne est confiée à la Commission de Récupération Artistique (CRA), créée le 24 novembre 1944 sous la direction d’Albert Henraux (1881-1953), président des Amis du Louvre et vice-président du Conseil des musées nationaux. La CRA siège au musée du Jeu de Paume, dans le lieu même où les Allemands avaient rassemblé leur butin. La mission de cet organisme consiste à étudier les problèmes liés à la récupération des objets et des œuvres d’art et à recueillir, en étroite collaboration avec l’Office de la récupération des biens, les déclarations des propriétaires spoliés.

Le secrétariat de la Commission est confié à Rose Valland. Un poste qui lui revient de droit, compte tenu de l’importante documentation qu’elle a rassemblée pendant l’Occupation : listes des œuvres, listes des propriétaires, localisation des dépôts en Allemagne, ces informations transmises aux armées alliées rendront possible la sauvegarde des dépôts cachés et menacés par les opérations militaires. Plus tard, nommée capitaine dans l’armée française, Rose Valland devient l’agent de liaison entre la CRA et le gouvernement français de la zone d’occupation en Allemagne. Entre 1944 et 1949, elle traite quelque 2289 dossiers de demande de récupération de biens culturels. Leur dépouillement donne lieu à la publication du Répertoire des biens spoliés en France pendant la guerre 1939-1945. Le tome 2 est consacré aux tableaux, tapisseries et sculptures.

De juin à août 1946, la CRA présente à l’Orangerie des Tuileries une exposition intitulée « Les chefs-d’œuvre des collections privées françaises retrouvées en Allemagne par la Commission de Récupération Artistique et les services alliés ». Pas moins de 120 000 visiteurs se pressent pour venir admirer les pièces récupérées : 283 œuvres sont présentées, et parmi elles, quatorze magnifiques peintures choisies pour la collection du Führer, celle de Goering ou bien celles attribuées aux musées allemands. À titre d’exemple, on peut admirer L’Astronome de Vermeer destiné au musée hitlérien de Linz. Au total, sur les quelque 100 000 œuvres emportées par les autorités occupantes, 61 233 ont pu être retrouvées et ramenées en France. Quelque 45 441 œuvres sont remises à leurs propriétaires entre 1945 et 1956.

Les œuvres non réclamées, au nombre de 14 043, seront pour partie vendues par l’administration des Domaines et, pour les plus importantes, confiées par l’Office des biens privés à la garde de la Direction des musées nationaux par un décret du 30 septembre 1949. Ces 2 143 pièces estampillées MNR pour les tableaux et OAR pour les objets d’art (Musées Nationaux Récupération et Objets d’Art Récupération) seront dans un premier temps, entre 1950 et 1954, exposées au château de Compiègne afin de permettre à leurs propriétaires éventuels de se manifester. Dotées d’un statut particulier, elles seront ensuite réparties dans les différents musées nationaux, sans toutefois intégrer juridiquement leurs collections.

Les années 1960, 1970 et 1980 évacuèrent le sujet de la confiscation du patrimoine artistique des familles juives, en déplaçant l’attention sur la protection du patrimoine national, la sauvegarde des collections publiques et leur retour triomphal à Paris, « de clou à clou » pour les tableaux ou de façon plus spectaculaire encore pour les grandes sculptures. Il faut attendre la prise de position du Président de la République, Jacques Chirac, le 16 juillet 1995, à l’occasion de la commémoration du 53e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv’, pour que la situation évolue.

Le Président convenant officiellement de la responsabilité du gouvernement de Vichy dans la déportation des Juifs de France, décision est prise de créer une mission d’étude, mise en place en mars 1997 sous l’autorité du résistant Jean Mattéoli. Elle a pour charge d’enquêter  « sur les conditions dans lesquelles des biens immobiliers et mobiliers appartenant aux juifs résidant en France ont été confisqués, ou, d’une manière générale, acquis par fraude, violence ou dol, tant par l’occupant que par les autorités de Vichy entre 1940 et 1944 ». Il s’agissait d’une obligation morale mais aussi d’une quête de vérité historique, jetant une lumière neuve sur la responsabilité de l’État français dans la persécution et la déportation de milliers de Juifs.

En mars 2013, sous l’impulsion de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, décide d’une nouvelle démarche afin de ne plus attendre passivement les réclamations des ayants-droit. Un groupe de travail est chargé de retracer la provenance d’un corpus d’œuvres, siglés MNR, dont les suspicions de spoliation lui semblaient importantes. Cette nouvelle attitude reflétait une action plus volontariste du ministère de la Culture, laissant augurer des progrès dans l’engagement de l’État en faveur des restitutions d’œuvres spoliées, suivant en ce sens les principes de la déclaration de Washington de 1998.

 
Enquêter sur les spoliations est une obligation morale mais aussi une quête de vérité historique. 

 
Dès février 2016, Audrey Azoulay, nouvellement nommée ministre de la Culture et de la Communication, réaffirme l’enjeu moral des restitutions. Au printemps 2018, un rapport d’un haut fonctionnaire remis à Françoise Nyssen, première ministre de la Culture de l’ère Emmanuel Macron, appelait de ses vœux certaines évolutions dont une nécessaire amélioration du dispositif actuel des recherches de provenance des biens culturels issus de la récupération artistique.

Last but not least, le 18 janvier 2022, la députée Fabienne Colboc, déposait à l’Assemblée nationale un projet de loi relatif à « la restitution ou la remise de certains biens culturels aux ayants droit de leurs propriétaires victimes de persécutions antisémites ». Cette loi ad hoc, inédite à bien des égards, prévoyait d’autoriser la restitution aux ayants-droits des victimes de spoliation à caractère antisémite de quelques œuvres d’art appartenant aux collections nationales. On le sait, la France, soucieuse de garantir l’intégrité des collections nationales, s’appuie depuis la Révolution sur le principe d’inaliénabilité des œuvres constituant les collections nationales. Or, le projet de loi autorisait la sortie du domaine public d’un objet d’art, par dérogation au principe d’inaliénabilité, dès lors que la spoliation à caractère antisémite était avérée. 

Décédée en 1980, Rose Valland serait sans doute étonnée des suites données à son activité de résistante. Il reste toutefois beaucoup à faire dans ce domaine. Il est aujourd’hui urgent de poursuivre le travail, car ces recherches s’inscrivent dans l’apurement de la dette rémanente de la France envers les victimes de la Seconde Guerre mondiale....

Durant l’Occupation, une employée du musée du Jeu de Paume est le témoin direct du pillage des œuvres d’art organisé par les nazis. Grâce à son travail méthodique de documentation des vols, nombre d’entre elles ont pu être sauvées et restituées.   Son nom est peu connu en dehors du cercle restreint des historiens de l’art, des conservateurs et des collectionneurs. Et pourtant… Pourtant, l’engagement, essentiel et héroïque, de Rose Valland en faveur de la récupération des œuvres pillées et spoliées par les nazis a été salué par un certain nombre de distinctions. Elle est ainsi élevée au rang de chevalier de la Légion d’honneur en octobre 1946 sur proposition de Jacques Jaujard (1895-1967), directeur des Musées de France, qui salue à cette occasion son action, rappelant que Rose Valland a apporté « la plus courageuse contribution à la défense artistique française […] en courant des risques qui se renouvelèrent chaque jour pendant quatre ans ». Cette même année, elle reçoit la médaille de la Résistance française. Décoration prestigieuse dont l’attribution témoigne de la prise en compte d’une forme très particulière de résistance au sein des Beaux-Arts. Les pays étrangers lui témoignent également leur reconnaissance ; elle reçoit des États-Unis la Medal of Freedom et, en 1972, la Médaille de la République fédérale d’Allemagne.  Dans la fiction que lui consacrent Pascal Deux et Zoé Gabillet – une série de podcasts disponible le 4 avril sur France Culture, avec les voix de Clotilde Hesme et Frédéric Pierrot  – elle est présentée comme celle pour…

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