En 2012, Théo Le Vigoureux remportait le tremplin AÖC Normandie dans sa région natale. Puis il se fait remarquer par son électro à la fois humble et cérébrale, festive et contemplative, nourrie d’influences du monde entier. Son premier album officiel, Animal (2016), est une invitation au voyage qui n’a cessé de se pour- suivre depuis, et bien au-delà de nos frontières. Aujourd’hui, Fakear est devenu l’un des grands noms de l’électro française. Et son nouveau disque, le superbe Talisman, revendique un militantisme écologique comme une relation fusionnelle avec la nature. Minéral et thérapeutique… En écho avec le titre qu’il lui a donné, Fakear offre à Bastille une playlist égrenant ses talismans musicaux.
« NIGHT BIRD »,
Deep Forest
J’étais encore dans mon berceau lorsque mes parents m’ont fait découvrir ce groupe d’électro français, révélé dans les années 1990. Dès que j’ai pu écouter la musique de mon propre chef, sur ma mini-chaîne hifi ou avec mon baladeur, je me suis réfugié dans ce morceau et dans l’album dont il est tiré, Deep Forest…
À la maison, j’ai toujours ce même CD ! L’objet en lui-même est un talisman.
« KIARA » ,
Bonobo
C’est le quatrième album de ce DJ britannique, la claque musicale qui m’a révélé ce que je voulais faire de ma vie. Alors que j’avais été biberonné au rock progressif, Bonobo m’a emmené vers la musique électronique, mais dans ce qu’elle a de plus organique, liée à l’instinct, dotée d’échos jazzy. En 2017, j’ai ouvert beaucoup de leurs concerts aux États-Unis et c’était la concrétisation d’un rêve.
« TELEGRAPH ROAD »,
Dire Straits
La boîte de Pandore de mon adolescence ! Dire Straits, c’était
le groupe préféré de mes parents. Étant guitariste de formation,
il m’a évidemment servi de modèle. On ne l’assume pas forcément au collège… Mais j’ai beaucoup écouté ce morceau avec ma meilleure amie, Alice, qui est aussi ma violoniste sur scène. Un talisman partagé !
«THE GREAT GIG IN THE SKY»
Pink Floyd
En 2006, je rentre en seconde. Je suis fan de metal ou du rock de Guns N’Roses et Nirvana. Celui qui va devenir mon meilleur ami me prête The Dark Side of the Moon. Un sacré tournant qui a imprimé le rock progressif dans mes influences. Ce que j’adore chez Pink Floyd, et que j’essaye de faire, c’est de prendre le temps d’installer une ambiance.
« GHOSTWRITER »
RJD2
Alors que je m’initiais à la musique électro, deux trajectoires dominaient autour de moi : la French touch et le hip-hop. La house ne parlait pas, à moi, gamin de Caen. Et je n’avais ni la culture ni l’entourage du rap. Finalement, c’est le trip-hop qui m’a emmené vers des musiques de geeks, comme ce DJ américain, RJD2. Ce titre commence par un riff de guitare presque manouche avant de partir sur du hip-hop !
« PAVANE POUR UNE INFANTE DÉFUNTE »
Maurice Ravel
Ce morceau m’est cher car son thème est le même que celui de Porco Rosso, le dessin animé de mon enfance ! Ravel m’appelle, me fait du bien… Il a été crucial quand j’étudiais la musicologie à la fac, dans le sillage de mes parents, tous deux professeurs de musique.
«ACT LIKE YOU KNOW»
Fat Larry’s Band
Le morceau funk que j’écoute sur la route avec mon équipe, celui avec lequel on démarre la fête post-concert. Notre rituel depuis dix ans. Fat Larry’s Band avait une prestance, des costumes, de la danse, du maquillage… C’était un groupe qui savait tout faire.
« ENERGY »
« BLOOM »
Odesza
Une superbe découverte sensorielle à un moment où je m’étais coupé du monde, en Suisse, pour prendre du recul après le succès des débuts. En termes de structures, de textures,
ce duo de Seattle m’a énormément influencé. Il propose des morceaux très pop, parfois même trop, mais qui signent une vraie dextérité musicale.
«SHELTER»
Porter Robinson & Madeon
La musique électro de ce duo, kawaï et assumée comme telle, n’est pas celle qui me touche le plus… Mais le lien s’est créé lorsque j’ai assuré les premières parties de Porter Robinson et Madeon aux États-Unis. Le premier, né en Caroline du Nord, est très connu dans son pays, le second, originaire de Nantes, s’est enraciné dans la scène US. Moi, j’avais 23 ans, je ne parlais pas anglais. Mais toute l’équipe a été très bienveillante avec moi. Et, à force de voir leur public pleurer sur Shelter, je suis moi aussi traversé d’émotions très fortes en l’écoutant.
Talisman, Nowadays Records. En tournée européenne en 2023 et en concert le 2 février 2024 à la salle Pleyel, Paris 8e.