Letizia Battaglia, une vie à montrer la mort

Douleur en noir et blanc

Philippe Trétiack

En documentant inlassablement les assassinats commis par Cosa Nostra, la photographe a contribué à une prise de conscience de la population et à l’élection à la mairie de Palerme de politiques résolus à lutter contre l’impitoyable mafia sicilienne.

 

Quand Leoluca Orlando, le maire antimafia de Palerme, nous conviait à sa danse, une danse macabre, nous prenions place, Letizia Battaglia et moi-même, dans sa Lancia blindée. À l’avant de cette voiture aux allures de cercueil se tenaient le chauffeur et un garde du corps armé d’une mitraillette. On claquait les portes et tout s’accélérait. Dans le rugissement des sirènes nous dévalions à 100, 120, 150 à l’heure peut-être, de la via Roma à la via Cavour, du Teatro Massimo au Palazzo Chiaramonte… De chaque côté de notre véhicule, les deux autres Lancia bourrées de gardes du corps marquaient le tempo de notre valse infernale, glissant à toute allure de la gauche à la droite, pour barrer la route, à chaque carrefour, à une éventuelle voiture bélier. Les sirènes, la chaleur, la tension, le maire plongé dans l’un de ses dossiers et Letizia, serrant toujours son Pentax sur sa poitrine, ses cheveux rouges lui balayant les yeux, un vague sourire aux lèvres, imperturbable et concentrée. C’était il y a trente ans et c’était l’ordinaire de ces années de sang au cours desquelles les cadavres s’amoncelaient sur les pavés, dans les venelles, sur les chantiers.

Un quotidien de violence et de misère, d’injustices et d’atrocités, de tortures, de vols et d’humiliations que Letizia Battaglia, titan de la photographie, capturait jour après jour, avec son compagnon de l’époque, le photographe Franco Zecchin. Tous deux travaillaient alors pour le quotidien palermitain d’opposition, L’Ora. Comme le grand photographe Weegee aux États-Unis, ils se branchaient clandestinement sur la fréquence de la police et aux premiers crépitements du récepteur, au signal d’une fusillade ou d’une explosion, ils sautaient sur leur Vespa pour foncer sur le lieu du crime. Dans cette ville de Palerme, bourdonnante d’embouteillages et de pollution ou confite dans le silence de ses nuits menaçantes, ils arrivaient souvent les premiers, avant même les carabinieri, pour découvrir la ou les victimes du jour. Petites mains de la mafia, liquidées par des sicaires d’un clan adverse ; commerçants abattus pour l’exemple pour avoir trop tardé à s’acquitter du pizzo, de la tangente, du racket ; personnalités politiques de premier plan comme Piersanti Mattarella, le président de la région de Sicile et frère de l’actuel président de la République italienne, ou le journaliste communiste Peppino Impastato ; ou bien encore simples victimes collatérales mortes d’être passées au mauvais endroit, au mauvais moment. Parfois, le corps découvert dans un caniveau, dans un coffre de Fiat ou d’Alfa Romeo, mutilé ou à demi carbonisé, soit celui d’un ami, d’un proche. Il fallait le photographier tout de même. « Au fil du temps, disait Letizia, loin de m’habituer, je me suis décomposée. Avant de sauter sur la Vespa, je vomissais. »

 
Comme giflée par ces images, la société s’ébroua. À la peur succéda la honte, et à la honte la rébellion.

 
C’est de cet acharnement à témoigner de l’innommable qu’est né, au cœur des années 1980, le Printemps de Palerme. Un beau jour, révulsés par tant et tant de crimes, par tant et tant de sang, Letizia et Franco ont décidé d’accrocher sur une place de la ville de Corleone, camp retranché et base opérationnelle du clan du même nom, non plus seulement l’image du jour, celle qui faisait la une du quotidien L’Ora, mais toutes les photographies prises jour après jour et tirées en grand format. Une guirlande d’atrocités si puissamment évocatrice que les Siciliens, pourtant habitués à la litanie des règlements de comptes, des traquenards, des pièges et des assassinats, prirent brutalement conscience de leur abominable réalité. Le choc fut immense et embrasa toute l’île car l’exposition se fit itinérante, occupant les places de Gela, Trapani, Palerme… Voir réunis tous ces corps de suppliciés bouleversa la donne. C’était donc cela la culture de la Sicile ? Comme giflée par ces images, la société s’ébroua. À la peur succéda la honte, et à la honte la rébellion. Il fallait que cela cesse et cela cessa. Aux élections suivantes, en 1985, la Rete, la coalition antimafia dirigée par Leoluca Orlando, remportait la mairie de Palerme. Parallèlement à son implication dans le quotidien L’Ora comme responsable du service photo, poste qu’elle conserva dix-sept années, Letizia glissa dans la politique en intégrant l’équipe municipale. On a peine à s’imaginer aujourd’hui ce que pouvait signifier alors cette révolte de tout un peuple. Pendant qu’à l’Est on se défaisait du soviétisme, à Palerme on tentait de s’arracher aux griffes de la mafia. En vérité, il s’avéra plus facile de réussir à Moscou qu’à Raguse ou Catane, moins difficile de s’affranchir de la bureaucratie stalinienne que de l’emprise des familles crapuleuses qui truquaient les votes, achetaient les silences et muselaient les libertés par la terreur et la corruption. Des années durant, dopée par l’espérance de jours meilleurs, Letizia y crut. Je me souviens de nos déambulations dans Palerme. J’écrivais alors un ouvrage sur l’antimafia (La Vie blindée, éd. Le Seuil, 1992) qui est dédié, justement, à Letizia et Franco. En charge des espaces publics et des jardins, Letizia allait s’affronter aux commerçants véreux qui occupaient les trottoirs pour y exposer leurs marchandises de contrebande, cigarettes, maillots de bain, transats. Du haut son mètre soixante, elle toisait les gros bras des familles qui toujours avaient tenu le pavé, pour leur intimer l’ordre de déguerpir. Cet affrontement de théâtre, ce n’était pas du cinéma. Ici, quand on tuait, on le faisait en silence, sans décorum, sans fioriture. À Naples, avant de se jeter sur son adversaire camorriste pour le larder de coups de couteau, on crie : « Retenez-moi ! ». À Palerme, on s’en approche à moto, casque intégral vissé sur le crâne, et l’on vide son chargeur dans le thorax de la cible avant de remettre les gaz. Ni vu ni connu, omerta oblige. En une fraction de seconde, tout le monde, acteurs comme témoins, disparaît comme disparaissaient alors les corps dissous dans l’acide ou la chaux vive. Ce que Letizia Battaglia symbolisait alors, elle dont le patronyme fut toujours une déclaration de guerre, c’était tout simplement l’esprit de résistance, le courage personnifié. Je n’ai pas rencontré beaucoup d’êtres à sa mesure, droits, authentiques, capables de tenir tête à des monstres d’une cruauté sans limite. Même en Sicile, ils n’étaient pas nombreux. En 1991, comme nous remontions l’Italie, nous nous étions arrêtés dans un village des Pouilles. En ce 1er mai, les communistes s’étaient réunis dans une salle de restaurant. Sur les murs, des affiches proclamaient « Pour un 1er-Mai sans mafia ». Quand on demanda à ses paysans burinés, taiseux, sauvages de nous décrire le quotidien de la présence mafieuse, un grand silence se fit. « Ici, il n’y a pas de mafia », nous dit alors le chef de la section communiste, adossé à l’une de ses affiches. C’était cela la réalité, le déni et la peur. Les juges du pool antimafia, ces héros que furent Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, Letizia Battaglia, Franco Zecchin et quelques autres, cela faisait peu de monde. Quand Letizia avait dit à Libero Grassi cet entrepreneur qui refusait le racket que j’écrivais un livre sur les gens qui résistaient à la mafia, celui-ci, qui devait être assassiné peu de temps plus tard, le 29 août 1991, me dit en me regardant dans les yeux, « dans ce cas-là, cela fera peu de pages ». Du courage, il en fallait pour oser photographier les membres de la Pieuvre dont le statut social n’était parfois qu’une couverture. C’est ainsi que Letizia photographia l’inoxydable Giulio Andreotti, président du Conseil des ministres à sept reprises entre 1972 et 1992, en compagnie du mafieux Nino Salvo. Une audace, un jeu dangereux, la roulette russe.

En vérité, personne n’aurait misé une lire sur Letizia au cours de ses quarante premières années. Née en 1935, dans une famille bourgeoise catholique, elle vécut d’abord à Trieste puis à Naples. Quand, à 10 ans, après avoir croisé un maniaque exhibitionniste, elle s’en ouvrit à son père, celui-ci décida de l’enfermer pour la tenir cachée, loin des turpitudes. Elle fit ainsi l’apprentissage de la servitude, cloîtrée jusqu’à ce qu’à 16 ans, elle ne s’envole, trouve un homme qui la dragua avec sa décapotable. Mariée très jeune, elle eut trois enfants. Femme d’intérieur, Letizia se rêva alors écrivaine. Elle s’y essaya, son mari l’en dissuada, finit par la traiter de folle. Alors, elle jeta l’encre et ne bougea plus du tout. De la dépression qui s’ensuivit, elle découvrit la psychanalyse. Elle commença alors à effectuer des piges pour le journal d’opposition palermitain L’Ora. Devant illustrer elle-même ses articles, elle se mit à la photographie. Et puis, en 1971, elle fit sa valise et demanda le divorce. Ensuite, elle erra du nord de l’Italie au sud, attirée toujours comme par un aimant par ce Palerme qui l’avait vu naître. Elle finit par s’y fixer avant d’en fixer le quotidien désastreux. Entre 1979 et 1986, plus de mille morts, assassinés en ville ou dans les environs.

 
En vérité, personne n’aurait misé une lire sur Letizia au cours de ses quarante premières années.

 
Des photographies de Letizia Battaglia récompensées par de nombreux prix internationaux (prix W. Eugene Smith en 1985, prix Erich Salomon en 2007, prix Cornell Capa en 2009…) toutes en noir et blanc, toutes empreintes de cette énergie qui transpire même dans la mort, on peut dire qu’elles résument une part de l’histoire de l’Italie. On peut en voir une sélection à l’Institut culturel italien, à Paris, rue de Varenne. Frontales, elles extirpent de la gangue urbaine des mondes parallèles. Celui de la mafia bien sûr, avec sa violence, sa vulgarité, ses visages torves de criminels, arrêtés ou abattus, mais aussi et peut-être surtout un univers de misère. Celle des Palermitains pauvres et d’abord des enfants. Quand Letizia l’évoquait, elle revenait souvent à ce cliché d’une chambre minuscule où le lit mange les murs. Une femme y est allongée avec ses deux enfants. « Je pousse la porte, raconte Letizia, je les vois. Je leur dis : “Il est onze heures et vous êtes encore au lit, qu’est-ce que vous faites ?” Et la femme me répond : “Je n’ai ni eau, ni électricité, pas d’argent pour acheter à manger, alors on dort”. » Letizia n’eut de cesse de vouloir réveiller les consciences et pourtant, chez elle, rien de tonitruant, rien de gratuit, pas d’effets, mais un baume, comme une paix qui n’était pas seulement celle des cimetières. Ses images furent, pour la plupart, saisies à la va-vite, sans même qu’elle ait eu le temps de cadrer quoi ce soit. Il fallait témoigner du fait divers, de l’événement brutal et brut, avant que les médecins légistes et les ambulanciers n’embarquent les corps. « Et pour cela, il fallait déjà, m’avait-elle dit, qu’on me laisse passer, moi une femme, dans ce monde d’hommes. Je devais parfois crier pour que le cercle des mâles s’entrouvre et que je puisse appuyer sur le déclencheur de mon appareil photo ». Un jour, l’anecdote est connue, le commissaire de police Boris Giuliano, devinant qu’il avait devant lui un personnage hors norme, l’avait laissée passer. Letizia n’était pas encore la légende de la photographie qu’elle est devenue par la suite mais ce flic l’avait senti. Comme beaucoup d’autres, il fut plus tard assassiné par la mafia.

Dire de Letizia qu’elle fut une militante est une évidence. Elle fut de tous les combats de la décennie comme le furent les grands juges de l’antimafia, les sociologues, prêtres et collègues de la presse qui furent l’âme et l’honneur de la Sicile. Elle fut féministe évidemment, parce qu’elle avait souffert de ce patriarcat qui l’avait bâillonnée jusqu’à ses 40 ans. Elle eut des amants, elle eut des passions. Elle se démena sur tous les fronts, défendant dans le même mouvement, et avec la même empathie, les victimes, les opprimés, les exclus, les gitans ou les fous mais aussi les palais décrépis de la vieille ville de Palerme, cibles des promoteurs et des trafiquants de vestiges ou d’ordures. Elle se battit aussi pour que la ville de Palerme soit dotée d’un centre mondial de la photographie. Il survit aujourd’hui, cahin-caha, lâché par les édiles du jour.

 
À la fin de sa vie, elle reconnaissait qu’il lui arrivait, la nuit, de rêver d’en finir, de brûler tous ses négatifs.

 
Letizia elle-même s’interrogeait sur ce qui l’avait poussée à photographier, non la beauté de la Sicile, son ciel bleu, ses agrumes, ses poissons, mais ses quartiers lézardés, farcis d’inceste, de pulsions sordides et infestés de rats. Elle s’avouait obsédée par cette question qui sans cesse lui échappait. Aussi se tournait-t-elle vers les enfants, les adolescents et surtout les adolescentes dans lesquelles elle retrouvait celle qu’elle avait été, séquestrée par un père jaloux et violent. Sous son regard dur mais toujours empreint d’une humanité saisissante, mêmes les garçons, les petites frappes, ont des charmes de fille. Qu’elle ait toujours su que le visage angélique d’une enfant employée à la plonge dans un restaurant pour subvenir aux besoins de sa famille pouvait un jour s’orner du rictus de la détresse et de la haine, elle ne pouvait le nier, mais « chez les femmes, disait-elle, chez les mères d’assassinés, chez celles qui ont perdu un mari, un père, un frère, un enfant, la détresse demeure de l’amour. Chez les hommes, la douleur finit toujours par être remplacée par un désir de vengeance, et le sang appelle le sang ».

Quand, après dix années d’action politique municipale puis régionale, elle décida, déçue, de reprendre son Pentax ou son Nikon, elle qui n’avait pu se faire au Leica numérique qu’un prix lui avait apporté en Allemagne, elle constata que plus rien n’était comme avant. Parce que la police scientifique avait fait d’immenses progrès, il n’était plus question de laisser la voie libre aux photographes. Ceux-ci étaient tenus à distance des scènes de crime. Et même les crimes n’étaient plus ce qu’ils avaient été. Cela tombait bien car du sang, Letizia en avait trop vu. À la fin de sa vie, elle reconnaissait qu’il lui arrivait, la nuit, de rêver d’en finir, de brûler tous ses négatifs. Il est vrai qu’au début des années 1990, alors que je me trouvais dans l’appartement qu’elle partageait avec Franco Zecchin, j’avais soulevé les couvercles de boîtes à chaussures sur la tranche desquelles on lisait « Homicidi 83 », « Homicidi 84 »… et comme je contemplais, secoué, les photos de corps démembrés, de visages fracassés, Franco m’avait dit d’un ton égal « Ne regarde pas ça, ce n’est pas à jour. » Cette capacité à affronter l’abominable, cette distanciation qui faisait d’eux des reporters de guerre, d’une guerre civile jamais déclarée mais sans trêve, à la fin de sa vie Letizia l’avait perdue. Elle décida alors de reprendre ses images les plus iconiques, enfants jouant à tirer au révolver, un bas glissé sur le visage, juge Giovanni Falcone passant en revue une troupe de gendarmes lors des obsèques du général dalla Chiesa assassiné dans un attentat par la mafia… pour leur accoler des corps de femmes nues, comme une dernière révérence d’élégance crachée à la face des mafieux. De ceux-là, elle avait tiré les portraits, avec le risque que cela comportait, car pour un mafieux être photographié c’était un scuorno, un affront et parfois un arrêt de mort. Elle reconnaissait que cela n’était pas facile de photographier un être enchainé, les mains liées par des menottes, alors cela, elle le faisait sans se cacher, frontalement. Et comme elle utilisait toujours un grand angle, il fallait qu’elle soit au plus près de son sujet pour le capturer. Cela lui occasionna quelques déboires. C’est ainsi que Leoluca Bagarella, un assassin, une brute qui avait commandité une foule d’assassinats et en avait perpétré lui-même une soixantaine, lui décocha un coup de pied qui la renversa et faillit la tuer.

En 1992, quand Giovanni Falcone est assassiné avec sa femme et ses gardes du corps, Letizia renonce à le photographier. De même qu’elle se refusera à immortaliser la dépouille du juge Borsellino. Vingt ans plus tard, elle disait le regretter. « Ces photos que je n’ai pas prises m’ont fait plus de mal que toutes celles que j’ai pu faire au fil des ans. » Il faut croire que cela faisait trop de morts. Elle qui avait été tant de fois menacée par la mafia n’en pouvait plus. Elle avait pourtant survécu. Elle a fini par mourir le 13 avril 2022. En Italie, Letizia est une héroïne. Gageons qu’elle aura bientôt des places à son nom qui célébreront sa mémoire plus que ses victoires, des places que des véhicules blindés franchiront demain à 160 à l’heure parce que l’hydre de la mafia sans cesse redresse la tête et qu’à chaque carrefour, à chaque coin rue, une mine peut exploser, une voiture bélier peut surgir.

 

À voir : Chronique, vie, amour, exposition de Letizia Battaglia à l’Institut culturel italien, Paris 7e, jusqu’au 15 septembre. Un catalogue est publié à l’occasion de cette rétrospective.

À lire : Letizia, par Franco Zecchin, éd. Postcart, 88 p., 16 €....

En documentant inlassablement les assassinats commis par Cosa Nostra, la photographe a contribué à une prise de conscience de la population et à l’élection à la mairie de Palerme de politiques résolus à lutter contre l’impitoyable mafia sicilienne.   Quand Leoluca Orlando, le maire antimafia de Palerme, nous conviait à sa danse, une danse macabre, nous prenions place, Letizia Battaglia et moi-même, dans sa Lancia blindée. À l’avant de cette voiture aux allures de cercueil se tenaient le chauffeur et un garde du corps armé d’une mitraillette. On claquait les portes et tout s’accélérait. Dans le rugissement des sirènes nous dévalions à 100, 120, 150 à l’heure peut-être, de la via Roma à la via Cavour, du Teatro Massimo au Palazzo Chiaramonte… De chaque côté de notre véhicule, les deux autres Lancia bourrées de gardes du corps marquaient le tempo de notre valse infernale, glissant à toute allure de la gauche à la droite, pour barrer la route, à chaque carrefour, à une éventuelle voiture bélier. Les sirènes, la chaleur, la tension, le maire plongé dans l’un de ses dossiers et Letizia, serrant toujours son Pentax sur sa poitrine, ses cheveux rouges lui balayant les yeux, un vague sourire aux lèvres, imperturbable et concentrée. C’était il y a trente ans et c’était l’ordinaire de ces années de sang au cours desquelles les cadavres s’amoncelaient sur les pavés, dans les venelles, sur les chantiers. Un quotidien de violence et de misère, d’injustices et d’atrocités, de tortures, de vols et d’humiliations que…

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