En s’appuyant sur l’exemple des annotations manuscrites portées par l’auteur des Dialogues d’Orasius Tubero sur tous les exemplaires imprimés de cet ouvrage (à l’origine composé, puis recopié sur divers manuscrits), Laurent Calvié a déjà souligné [Bastille no 14], que la séparation tranchée généralement établie par les historiens du livre entre manuscrits et imprimés était « loin d’être étanche ». Or, suivant les mêmes savants, ces deux types de livres s’opposeraient essentiellement aussi en ce que les premiers diffuseraient un même texte en une multitude d’exemplaires, […]
En s’appuyant sur l’exemple des annotations manuscrites portées par l’auteur des Dialogues d’Orasius Tubero sur tous les exemplaires imprimés de cet ouvrage (à l’origine composé, puis recopié sur divers manuscrits), Laurent Calvié a déjà souligné [Bastille no 14], que la séparation tranchée généralement établie par les historiens du livre entre manuscrits et imprimés était « loin d’être étanche ». Or, suivant les mêmes savants, ces deux types de livres s’opposeraient essentiellement aussi en ce que les premiers diffuseraient un même texte en une multitude d’exemplaires, tandis que les seconds, qui constitueraient généralement des unica (des objets uniques), ne pourraient en tout cas être reproduits à l’identique qu’en un très petit nombre. L’objet du présent article est de réfuter cette opposition. Sans être nécessairement clandestines, certaines impressions ne sont pas destinées au commerce de librairie : l’impression privée à usage privé, qui est une pratique presque aussi ancienne que l’imprimerie elle-même, s’est ainsi perpétuée jusqu’à nos jours sous des formes comme les faire-part et les œuvres littéraires aujourd’hui tirées sur l’imprimante personnelle de leur auteur. Certaines de ces impressions ont été produites dans des ateliers typographiques commerciaux, tandis que d’autres sont sorties de presses privées, installées chez de simples particuliers, comme celles de G. Pellicier (1490-1568), un ancien ambassadeur de François Ier à Venise, qui en avait équipé le château de Montferrand, celles du cardinal J. Davy du Perron (1556-1618), qui s’en servait pour faire lire ses ouvrages à ses amis, ou celles du vicomte de Lugny (vers 1617), du duc de Sully (1559-1641) et de Nicolas Fouquet (1615-1680). On connaît…
La suite est reservée aux abonné(e)s
Déjà abonné(e) ? connectez-vous !