Pour en finir avec le médiocre

L’humanité compte huit milliards d’individus, et bientôt dix si toutes les fausses divinités de notre planète le veulent bien. Les prophètes de religions certifiées ou en voie de reconnaissance le disputent aux autocrates avides de domination pour jouer avec les allumettes de l’apocalypse. Et pendant que ces grands enfants mal élevés s’amusent avec leurs jouets de mort, la vraie bombe, le climat, attend son heure pour régler ses comptes. Face au constat, le pessimisme paraît une option sage. Dans ce contexte la France patauge dans le médiocre, avec une délectation qui rappelle la fin de l’Ancien Régime, ce XVIIIe siècle qui fabriquait par ses incapacités une machine révolutionnaire dont Guillotin, jacobin parmi les jacobins, encouragea l’outil le plus efficace, symbole de notre incapacité au dialogue, solution radicale aboutissant à « couper la chique » de tous les adversaires. En 1856, Tocqueville publiait L’Ancien Régime et la Révolution, sa lecture est vertigineuse tant l’auteur semble nous parler de la France d’aujourd’hui. La fin de la monarchie est disséquée avec précision, montrant le bouleversement à venir comme une culbute irréversible : « Au centre du royaume et près du trône s’est formé un corps administratif d’une puissance singulière, et dans le sein duquel tous les pouvoirs se concentrent d’une façon nouvelle, le conseil du roi ». Et puis ce fut la Révolution et son cortège d’horreurs dont notre histoire enseignée entretient le déni. On connait la suite, la France toujours incapable de vivre en démocratie en a contourné tous les éléments fondamentaux pour s’assurer une succession de monarchies républicaines dont…