Recette coréenne

Certaines guerres n’ont, selon la terminologie officielle, ni vainqueurs ni vaincus.   Sortir d’un conflit est parfois chose malaisée, surtout quand aucune des forces en présence ne semble en capacité de remporter une victoire franche. N’imaginons pas qu’une contre-offensive ukrainienne, même si l’Otan ne ménage pas sa peine pour aider les troupes de Kiev, puisse renverser le cours d’une guerre entamée en 2022. Dans un climat où aucun belligérant ne semble prêt à entamer des pourparlers de paix sincères, une solution est évoquée depuis quelques mois par des analystes et des diplomates. Celle d’un armistice « à la coréenne », une configuration qui fige les positions en créant une zone neutre pour garantir le statu quo. Coïncidence, l’armistice de Panmunjeom, qui mit fin aux combats dans la péninsule coréenne, fut signé le 27 juillet 1953. À la fin de l’été 1945, alors que le Japon vient de reconnaître sa défaite, Russes et Américains prennent pied en Corée, annexée depuis 1910 par les Nippons. Dans cette guerre froide qui partout s’installe, la péninsule devient vite un point de tension bouillant. Deux régimes ennemis viennent de voir le jour : le Nord, communiste, toise le gouvernement du Sud, proche des Occidentaux. Et chacun de prétendre, évidemment, être légitime pour unifier le pays sous sa bannière. D’escarmouches en provocations militaires, la situation dégénère le 25 juin 1950, lorsque 200 000 Nord-Coréens déferlent vers Séoul et le sud. Les pertes sont lourdes et les troupes sud-coréennes se retrouvent vite acculées, autour de la ville portuaire de Busan. La réaction internationale ne se fait pas attendre. Le…