Les bandes dessinées de l’artiste égyptienne Deena Mohamed, aux allures de contes de fées et de comics de super-héroïne, évoquent, entre autres, féminisme, patriarcat, islamophobie, colonialisme. À 28 ans, sa notoriété dépasse déjà les frontières de son pays.
« Êtes-vous Deena Shubeik Lubeik ? » Deena Mohamed raconte que ses lecteurs l’interpellent parfois ainsi, par le titre de sa trilogie. Cela ne lui déplaît pas, au contraire, elle s’en amuse. Shubeik Lubeik, une formule aux sonorités entêtantes que l’on pourrait traduire en français par « vos désirs sont des ordres ». Dans cette fantasy urbaine, les personnages peuvent acheter des vœux comme n’importe quel autre produit de consommation. C’est une Égypte de tous les possibles où le réel et la magie s’entrecroisent, avec humour et intelligence. Fruit de cinq années de travail, Shubeik Lubeik confirme les talents de la jeune artiste, à la fois dessinatrice et scénariste.
Deena Mohamed avait déjà été repérée en Égypte, et même hors de son pays, grâce à la publication en ligne de courtes bandes dessinées, regroupées sous le titre de Qahera. Celles-ci mettent en scène une super-héroïne, Qahera donc, musulmane et voilée, déterminée à combattre la misogynie et l’islamophobie. L’idée surgit en 2013, au beau milieu d’une nuit, à l’heure où, habituellement, l’esprit de Deena s’échauffe et ses mains s’animent. En surfant sur Internet, elle tombe sur un article au titre peu engageant : « 10 choses à chercher chez une épouse musulmane ». Révoltée et avide d’exprimer son opinion, elle crée Qahera. D’abord publiées en anglais, les aventures de sa jeune héroïne s’adressent plutôt à un lectorat étranger, dont elle aimerait briser la vision stéréotypée du monde arabe. La plume affûtée, le ton mordant, la jeune femme s’attaque autant aux féministes occidentales, qui voudraient sauver les musulmanes en les réduisant au silence, qu’au patriarcat de sa société. À travers les questionnements de son héroïne, l’auteure aborde une foule de thèmes existentiels, soulignant les contraintes qu’impose la société à l’individu quel qu’il soit, même lorsqu’il dispose de pouvoirs surnaturels.
Née en 1995, l’artiste n’était encore qu’une lycéenne de 16 ans lorsque la place Tahrir, au centre-ville de la capitale, s’est transformée en gigantesque marée humaine. Un bouillonnement de colère qui a conduit à la chute du président Hosni Moubarak, installé depuis trente ans au pouvoir. Comme pour un grand nombre d’artistes contemporains en Égypte, la révolution de 2011 a été source d’inspiration pour Deena. L’une des aventures de Qahera rend hommage aux femmes qui ont continué à descendre dans la rue pour protester, malgré les multiples agressions sexuelles et les viols collectifs qui ont eu lieu pendant les manifestations. Celles et ceux qui les ont protégées sont les super-héros de la vie quotidienne, conclut Qahera.
Pour le neuvième art, il y a eu un avant et un après les événements de la place Tahrir. En Égypte, et plus largement dans le monde arabe, la bande dessinée pour adulte se développe dans le sillage de soulèvements populaires, portée par les espoirs de changements et un vent de liberté passager. Les réseaux sociaux ont accompagné cette progression, facilitant la propagation de ce format d’expression et révélant une multitude de talents, parmi lesquels un grand nombre de femmes.
L’auteure aborde une foule de thèmes existentiels, soulignant les contraintes qu’impose la société à l’individu quel qu’il soit.
En 2008, la publication de Metro, de Magdy El Shafee, marque l’histoire de la bande dessinée arabe. Considéré comme le premier roman graphique égyptien, le thriller s’attaque aux problèmes politiques et économiques qui gangrènent le quotidien des habitants du Caire, en particulier celui des plus pauvres. Une semaine après sa parution, toutes les copies ont été confisquées par la police et le livre interdit par les autorités sous prétexte d’outrage à la morale à cause d’une planche exposant la nudité d’une femme. L’auteur, condamné, a dû s’acquitter d’une lourde amende pour éviter la prison. Après la chute de Moubarak, Metro a de nouveau été commercialisé dans le pays, en anglais d’abord, dès 2012, puis, quelques mois plus tard, dans sa version arabe originale.
La censure n’a pas disparu pour autant. Le président Abdel Fattah al-Sissi, au pouvoir depuis 2013, règne d’une main de fer et ne tolère aucune critique. En 2015, un étudiant effectuant son service militaire a été emprisonné pendant trois ans après avoir posté sur Facebook une photo du dirigeant avec des oreilles de Mickey. Un exemple parmi bien d’autres des limites en matière de liberté d’expression dans un pays où la presse est muselée et les organisations de défense des droits de l’homme étroitement contrôlées. Plusieurs observateurs du neuvième art dans la région constatent que, depuis la révolution, la critique tend à devenir sociale plutôt que directement politique.
Quelques semaines avant le soulèvement de 2011, un premier magazine de bandes dessinées pour adultes fait son apparition en Égypte : Tok Tok. L’équipe veut représenter Le Caire contemporain, reconstituer l’expérience de cette ville, donner la parole aux habitants de tous horizons, dans une diversité de styles. Les cinq fondateurs rendent aussi hommage aux anciens, précurseurs du genre tels que Bahgat Osman, Hussein Bicar, Mohieddine Ellabbad, confortant la dimension patrimoniale de la bande dessinée. Deena Mohamed s’inscrit dans cette veine-là. Elle qui confesse pourtant « ne jamais avoir été très familière avec la bande dessinée » avant de s’y consacrer. Ce média s’est imposé à elle, le dessin étant depuis l’enfance son moyen d’expression. « Les seules bandes dessinées que je connaissais étaient les traductions de Tintin, Astérix et Obélix, W.I.T.C.H.… Mais je n’étais pas une grande fan. » Enfant, elle aurait aimé lire plus de BD écrites par des Égyptiens. Aujourd’hui, elle présente volontiers Magdy El Shafee et les artistes de Tok Tok tels Mohamed Shennawy, Mohammed Salah ou Cheb Makhlouf comme ses modèles, ses sources d’inspiration.
Lorsqu’elle publie les premières aventures de Qahera, Deena Mohamed est surprise de les voir largement partagées sur les réseaux sociaux et faire l’objet de commentaires dans les médias, attirant même l’attention de chercheurs qui suivent les évolutions du neuvième art. Une année après les premières publications, son blog a reçu plus d’un demi-million de visites. Un succès avec lequel la créatrice, qui préfère alors rester anonyme, ne se sent pas vraiment à l’aise : « Je n’étais pas certaine que Qahera méritait toute cette attention. C’était une période vraiment étrange pour moi. J’ai beaucoup appris de cette expérience. J’ai senti que je pouvais conserver cette popularité si je parlais des sujets sur lesquels le public avait envie de m’entendre, mais, selon moi, mes bandes dessinées auraient perdu de leur valeur. » Deena n’a pas envie d’être une marque ou cette porte-parole du féminisme égyptien que certains et certaines voudraient qu’elle soit : « J’avais parfois l’impression que les gens ne lisaient pas vraiment mes histoires, qu’ils étaient juste contents d’avoir une artiste féministe égyptienne. »
En 2015 l’auteure se résout à sortir de l’ombre pour s’impliquer davantage dans le monde de la bande dessinée, alors en pleine effervescence. Cette même année, le festival Cairo Comix organise sa première édition dans la capitale, entièrement consacrée au genre. À tout juste 20 ans, Deena est alors en train de terminer ses études de graphisme. Un domaine qui attire souvent les dessinateurs en devenir, aucun cursus spécifiquement tourné vers la bande dessinée n’existant encore à ce jour en Égypte. Elle fait partie des premiers diplômés de cette formation, tout juste créée à l’université américaine du Caire. Bahia Shebab, qui a fondé cette filière, l’encourage à poursuivre dans cette voie. « Il était évident que Deena était une illustratrice née, elle était très créative. Elle avait choisi l’histoire de la bande dessinée comme sujet de fin d’études et souhaitait en réaliser une, mais le délai était court. Je lui ai dit : “fais-le !” » Les personnages de Shubeik Lubeik voient ainsi le jour.
« Si nous pouvions acheter un seul vœu, que souhaiterions-nous ? » C’est avec cette question que tout un univers prend vie. Les kiosques, ces minuscules supérettes omniprésentes en Égypte, avec leurs cartons colorés, regorgeant de chips et de snacks, nourrissent l’inspiration de Deena. Shokry, un des personnages principaux de la série, vend dans sa boutique trois bouteilles de vœux de première catégorie, ceux qui ont le plus de chances de s’exaucer parfaitement, qui sont aussi bien sûr les plus onéreux. Trois vœux. Trois destins. Aziza est l’héroïne de la première histoire. Affligée par la perte de son mari, la jeune femme issue d’une classe populaire va travailler dur pour acquérir une de ces bouteilles magiques. Shubeik Lubeik a beau être une fiction où les ânes rouspètent à voix haute, le monde que dessine Deena n’est pas si différent du réel. Elle reproduit avec subtilité les inégalités économiques et sociales qui fracturent la société égyptienne. Une pile vertigineuse de dossiers et le visage d’un policier qui n’a qu’un « non » à la bouche viennent se mettre en travers des désirs d’Aziza. Son courage et sa détermination pèsent peu face à la discrimination de classe et aux obstacles dressés par l’administration. Sous forme de guide, quelques pages à la fin de la bande dessinée apportent une profondeur supplémentaire à cet univers magique. Le lecteur apprend que les vœux sont une ressource naturelle présente principalement dans les pays du Sud, mais dont une grande majorité est transformée par les pays du Nord. Le résultat d’une histoire coloniale qui a façonné les inégalités actuelles. Un schéma qui fait écho à l’exploitation bien réelle de certains minerais sur le continent africain, profitant majoritairement aux pays importateurs. Ce regard sensible aux injustices de notre monde est bien celui de Qahera. La bédéiste explore le genre fantastique avec finesse et intelligence, donnant ainsi à son récit toute sa force.
L’histoire d’Aziza achevée, Deena Mohamed ignore encore qu’elle aura une suite. Lorsque ce premier tome, autoédité, remporte le prix du meilleur roman graphique et le grand prix du Cairo Comix en 2017, l’artiste est invitée à Angoulême pour une résidence de quelques mois. Ces marques de reconnaissance incitent les maisons d’éditions à s’intéresser à son travail et lui permettent d’envisager de faire de Shubeik Lubeik une trilogie. L’une d’elles, Dar el-Mahrousa, basée au Caire, republiera en arabe la première partie en 2018, puis les suivantes en 2019 et 2021. Pantheon, pour les États-Unis et Granta Books, pour le Royaume-Uni, commandent une traduction anglaise des deux nouveaux tomes pour une publication, en janvier 2023, d’un roman graphique regroupant les trois histoires. Des versions italienne et farsi doivent paraître prochainement. Et Steinkis travaille sur une édition française avec une traduction de Victor Salama. Dans le deuxième tome, la créatrice aborde le sujet sensible de la dépression à travers Nour, un personnage non-binaire. Venant d’une riche famille, vivant dans une propriété cossue située en dehors du Caire et étudiant la philosophie, Nour a tout pour être bien, mais ne l’est pas. Son cheminement existentiel pose la question du bonheur et des moyens de l’atteindre. Afin de raconter au mieux l’expérience de Nour, l’auteure est allée consulter plusieurs psychologues. En concevant ce volet, Deena avait une pensée pour sa communauté de lecteurs en Égypte, en partie des étudiants. L’attention qu’elle leur porte l’a conduite à ajouter une dimension didactique. « J’avais envie qu’ils puissent se dire : “Si je ressens de la compassion pour Nour – un personnage en marge –, je peux aussi en ressentir pour moi.” Je sens que j’ai une responsabilité auprès de mes lecteurs, notamment en écrivant sur un sujet peu traité par ailleurs », confiait la dessinatrice au podcast « Bulaq ». Après Qahera, ce tome affirme une nouvelle fois qu’elle se plaît dans ce rôle de défricheuse. « Je crois qu’il n’y avait pas encore eu de bande dessinée en Égypte avec un personnage non-binaire. L’apparition des compounds, ces nouvelles villes construites en marge du Caire, est aussi quelque chose de nouveau. S’il en était question, c’était souvent pour se moquer des nouveaux riches, alors que chez Deena, il n’y a pas de jugement », observe Mohamed Shennawy, artiste et cofondateur de Cairo Comix.
La troisième et dernière partie de Shubeik Lubeik fait un saut dans les générations et un voyage dans le temps. Il ne reste à Shokry qu’une seule bouteille magique, qu’il se refuse à utiliser par conviction religieuse. La maladie de son amie Chaouqia va mettre à l’épreuve ses certitudes. L’histoire de ces personnages, tous deux originaires du sud de l’Égypte, nous amène à découvrir de nouveaux paysages et d’autres réalités.
Avec cette trilogie, la bédéiste souhaitait concevoir une œuvre spécifiquement égyptienne : « Pour moi, le style distinctif des dessins de mon pays, c’est la caricature. La plupart de nos auteurs de bandes dessinées étaient aussi des caricaturistes politiques. C’est la relation que les lecteurs ont avec cet art. J’avais envie que les personnages de Shubeik Lubeik soient très expressifs et en même temps suffisamment réalistes pour que les lecteurs puissent s’y identifier. Il fallait que je trouve un équilibre entre la satire et le réel. Les décors devaient être suffisamment détaillés pour que le lecteur sente que les dessins ont été réalisés par une artiste égyptienne. » L’usage singulier de la calligraphie arabe distingue aussi le travail de Deena. Les génies des bouteilles magiques ont l’apparence de leurs propres interrogations, des mots et des lettres pour toute enveloppe corporelle. Il y a seulement quelques pages en couleur au début de chaque ouvrage. Le reste des planches est en noir et blanc, pour des raisons économiques que la dessinatrice signale avec humour dans le dernier tome de la version arabe : « Les légendes sont censées être en couleur, mais cela va rester comme ceci, car nous avons épuisé toutes les pages couleurs dans l’introduction. » Un choix pragmatique qui offre aussi une référence à la version arabe de Tintin ainsi qu’aux mangas japonais, deux influences de Deena.
“Il fallait que je trouve un équilibre entre la satire et le réel.”
Sauf à de rares exceptions, le texte est écrit en arabe égyptien. C’est une autre spécificité de la bande dessinée de cette dernière décennie, l’emploi des dialectes est souvent préféré à l’arabe moderne standard. Pour que ses personnages aient l’air authentiques, Deena a cherché à représenter les différents registres de langue. Nour, jeune Cairote, ne s’exprime pas de la même manière que la vieille Chaouqia. Ce soin accordé à la langue transparaît dans le deuxième tome, où le cours de Nour à l’université est entièrement écrit en anglais. Ces pages sont traduites en arabe en fin d’ouvrage. Le pluralisme de la langue se veut fidèle à la réalité. La même attention a été portée à la traduction anglaise, que Deena a elle-même réalisée. « Quand je lis un livre traduit, j’aime sentir qu’il a été écrit dans une autre langue », insiste-t-elle. Certains mots, sans équivalent en anglais, restent ainsi en arabe égyptien. La bande dessinée dans sa version traduite conserve également son sens de lecture initial, de droite à gauche, comme les mangas. Une première pour Pantheon Books, une des plus importantes maisons d’édition américaines, qui n’avait encore jamais publié de bande dessinée écrite initialement en arabe.
Une après-midi, parcourant les étagères d’une librairie d’Alexandrie, une employée me propose spontanément la bande dessinée de Deena Mohamed. Alors que Shubeik Lubeik commence tout juste à conquérir un lectorat international, la série figure toujours parmi les meilleures ventes en Égypte, cinq ans après le début de sa publication. Avec cette trilogie, l’éditeur Dar el-Mahrousa s’est lancé dans un pari risqué : faire de la bande dessinée pour adultes l’une de ses spécialités éditoriales. Elle est la première maison d’édition du pays à faire ce choix. « En Égypte, les bandes dessinées sont connues pour être uniquement destinées aux enfants. C’était l’une des premières difficultés. Éditer un artiste de BD est coûteux, c’est un projet qu’il faut accompagner jusqu’au bout. C’est plus facile de se lancer dans un travail de traduction où tout est déjà prêt », explique Farid Zahran, le directeur général de Dar el-Mahrousa. Deena Mohamed a ouvert la voie, d’autres auteurs et autrices ont été publiés par la suite. Le festival Cairo Comix a par ailleurs aidé la maison d’édition à entrer en contact avec la communauté des artistes. Elle s’est aussi dotée de sa propre imprimerie. Petit à petit, le marché se développe. Rien de comparable avec les millions d’exemplaires vendus annuellement en France mais, selon Farid Zahran, « une BD peut espérer viser les dizaines de milliers de ventes ». Celui-ci voit dans la bande dessinée l’un des genres les plus prometteurs et dit être reconnaissant envers Deena. « Nous recherchons une vision différente du monde. La bande dessinée s’adresse à un public large et chacun peut comprendre ce qu’il veut », argue Farid Zahran.
Le travail de l’autrice suscite aussi respect et admiration chez ses pairs, plus âgés qu’elle. Ganzeer, artiste connu mondialement pour ses graffitis militants durant la révolution et auteur de la série dessinée The Solar Grid, écrit sur son blog une critique dithyrambique : « Shubeik Lubeik est de loin le livre le plus subversif que j’ai lu depuis des décennies ! Deena Mohamed a beaucoup à dire sur la condition humaine, mais elle le fait avec une grâce naturelle. Superbe bande dessinée, débordante d’intelligence à la fois émotionnelle et intellectuelle, tout en conservant un incroyable sens de l’humour. » Les dessinateurs, ceux dont Deena admire le travail, témoignent de son épanouissement artistique. « Je suis frappé par la capacité avec laquelle elle a développé son art, passant des histoires courtes de Qahera, publiées sur la toile, à Shubeik Lubeik un roman graphique où elle construit tout un monde. Elle s’essaye à différents genres et réussit parfaitement », livre Mohamed Salah, l’un des contributeurs de Tok Tok.
Deena Mohamed reste modeste et ne manque pas de remercier infiniment dès qu’elle reçoit un compliment. Si elle était un personnage de BD, elle ne serait certainement pas un des protagonistes : « Je serais plutôt en arrière plan, comme le chien Snoopy, toujours en train de dormir. Les héros et héroïnes ont trop à faire et n’auraient pas assez de temps pour réaliser des bandes dessinées ! » Mais Deena a bien trop de talent pour pouvoir éviter d’être propulsée sur le devant de la scène. D’autant que, après la traduction de Shubeik Lubeik, l’artiste planche à présent sur un nouveau projet de roman graphique, encore tenu secret. À suivre. ...
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