À l’initiative des Éditions Bartillat, la plume vitriolique d’Henry Miller retrouve son public francophone avec la reparution de Jours tranquilles à Clichy, agrémenté de quelques photographies parisiennes de Brassaï.
Loin de Miller les fastidieux traités de mœurs, ou les obscures contestations universitaires du puritanisme anglo-saxon. Dans un style bref et incisif, fidèlement retranscrit par son traducteur Gérald Robitaille, l’écrivain new-yorkais propose dans ce court chef-d’oeuvre l’éloquent tableau d’une vie transgressive et d’une révolution morale farouchement étrangère à son Amérique natale qu’il se plaît à choquer par contumace.
Texte libertaire, par certains aspects hédoniste, Jours tranquilles à Clichy étonne le lecteur d’aujourd’hui par la sensation perdue d’une facilité de vivre qui imprègne ce petit morceau de littérature.
Nous plongeant dans un Paris de l’entre-deux-guerres où l’on ne mange pas toujours à sa faim mais où la joie se cueille sans effort pour qui sait la reconnaître, sur les boulevards ou à la terrasse du Wepler, au milieu des quidams et des prostituées, Miller nous décrit un autre visage de l’Américain à Paris des Années folles, moins connu et moins mythifié que celui de Gertrude Stein, Ernest Hemingway et ses camarades de la Génération perdue.
Véritable traité de savoir-vivre libre, ces deux nouvelles regroupées sous le même titre retrouvent leur fraicheur et leur vertu corrosive près d’un siècle après leur écriture, continuant de séduire un public lassé du convenable et du politiquement correct…