Le mot de l’éditeur #23

William Emmanuel

« Existe-t-il un moyen d’affranchir les hommes de la menace de la guerre ? D’une façon assez générale, on s’entend aujourd’hui à reconnaître que les progrès de la technique ont rendu pareille question proprement vitale pour l’humanité civilisée, et cependant les ardents efforts consacrés à la solution de ce problème ont jusqu’ici échoué dans d’effrayantes proportions. »

Ces propos d’Albert Einstein – dans une lettre adressée, en 1932, à Sigmund Freud et figurant dans leur opuscule Pourquoi la guerre ? –, sont plus que jamais d’actualité. En ce début de xxie siècle, les instances chargées de faire respecter le droit – droit national pour empêcher la guerre civile ou international pour éviter les conflits interétatiques – sont incapables de remplir leur mission.

Pourquoi ? Évidemment, les dirigeants politiques bellicistes défendent des intérêts particuliers – religieux, politiques, économiques ou financiers – qu’ils essaient de camoufler sous l’étendard de l’intérêt national de leur pays. Mais l’attrait de la guerre a d’autres causes, plus profondes. Ce n’est pas un hasard si l’un des plus grands scientifiques de l’histoire de l’humanité interroge le père de la psychanalyse, qu’il sait doté d’une « profonde connaissance de la vie instinctive de l’homme ». Comme l’explique Freud dans sa réponse, « une part de l’instinct de mort demeure agissante au dedans de l’être animé et nous avons tenté de faire dériver toute une série de phénomènes normaux et patholo-giques de cette réversion intérieure de la pulsion destructrice ».

Comment lutter contre cette pulsion de mort ? Comment supprimer ou, plus modestement, maîtriser la violence, qu’elle soit individuelle ou collective ? Comment faire pour que la paix règne parmi les êtres humains ? Alors que les tensions ne cessent de croître à travers le monde, entraînant toujours plus d’atrocités, ce sont les questions auxquelles tous, dirigeants politiques et citoyens, doivent réfléchir pour essayer de trouver des solutions.

Contrairement à ce que pensent certains politiciens, en particulier les néoconservateurs américains, la guerre n’apporte rien de bon. Penser qu’il faut écraser militairement son ennemi pour établir la paix est un raisonnement à courte vue. La guerre n’entraîne que la destruction et la mort, puis le ressentiment et la volonté de vengeance. Il faut du courage et de l’intelligence pour penser la paix. Les dirigeants des grandes puissances en manquent terriblement. Plus que jamais, les grandes voix doivent donc, comme le firent Einstein et Freud il y a un siècle, s’engager en faveur de la paix pour sortir de cette spirale mortifère.





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