Feu partout

Frédéric Perrot

Pourtant c’était une semaine comme une autre, même gris sans nuance et même bruit de fond. Elle sortait de chez Lidl, caddie a moitié vide, ticket de caisse en main, et subitement, elle s’est arrêtée. Au milieu du parking, au milieu de sa vie. Plus rien ne semblait la convaincre de mettre un pas devant l’autre. Elle a plongé la main dans sa poche pour en sortir cette mini boîte d’allumettes publicitaire distribuée par un type, un peu plus tôt dans la journée. Elle en a craqué une et elle a baladé la flamme sous son ticket de caisse. La lueur dans ses yeux en le voyant s’embraser. La lueur...

La deuxième fois, c’était au retour du travail, dans le wagon bondé du RER. Elle avait les jambes coupées, le dos scié. Il fallait s’asseoir, libérer ses genoux du poids des semaines. Elle s’est installée sur les marches, seul endroit disponible, et s’est mise a trembler. Comme un réflexe, elle a sorti la boîte d’allumettes et elle en a gratté une. Sa deuxième. Elle aurait pu comme chaque jour se lever a 6h30, réveiller Marvin, le laver, calmer ses crises, le déposer a l’école, consumer la journée derrière son poste de triage, retour en RER, aller chercher Marvin a la garderie, l’obliger a manger, tenter de l’endormir, un coup de ménage, grignoter un reste devant la télé, insomnie, réveil a 6h30 et ainsi de suite, mais elle a craqué cette allumette et la voir se plier, noircir, souffrir a sa place, lui a procuré un plaisir trouble. A la quatrième, un homme lui a dit Mais putain arrête avec ça, t’enfumes tout le wagon. Elle en a craqué une cinquième et elle a arrêté.

C’était ça d’abord, des choses minuscules, insignifiantes. Un vieux ticket de métro retrouvé au fond d’un sac, un mouchoir usagé. Les voir s’enflammer lui procurait une joie enfantine. Une cure de jouvence pour pas un rond. La morsure de la flamme sur ses ongles c’était exister dans une autre vie que la sienne, plus intense et immédiate, plus concrète.

Devant le portail de l’école, elle a surpris le regard d’un père sur les ongles noircis de sa main droite. Elle lui a souri. L’homme a détourné les yeux. Marvin a pleuré tout le long jusqu’a l’appartement. Ses cris elle ne les entendait plus, ils faisaient partie du bruit des jours: le tambour d’une machine a laver en mode essorage, une porte qui claque, le roulis métallique du RER. Bien sûr elle avait essayé de comprendre, de calmer les angoisses de son fils, mais rien ne marchait. Elle était épuisée. Pour finir, elle avait laissé faire.

Comme chaque soir, Marvin ne voulait pas la suivre jusqu’a l’appartement, pas marcher, pas monter l’escalier jusqu’au neuvième étage –l’ascenseur était encore en panne. Au sixième, elle s’est arrêtée avec cette expression, OK on s’arrête la et on bouge plus, jamais, on crève ici ça me va. Elle n’a rien dit. Dans la cage d’escalier, en fixant les graffitis au mur, elle est restée impassible dans l’écho de ses hurlements. Juste avant de tomber de sommeil sur le canapé du salon, Marvin a dit Je préfèrerais que ce soit Soraya ma mère. Il était 22h36 –l’heure était affichée en bas de l’écran, sur BFM TV. Les images des émeutes sous la tour Eiffel et la charge des CRS ont interrompu le pliage de son linge. Ces quelques secondes de violence ont été un répit.

Elle a trouvé une chaussette échouée dans le couloir, s’est dirigée vers le panier a linge, a arrêté son geste, a fait demi-tour en la serrant dans son poing et l’a déposée sur la table de la cuisine. Elle l’a observée un temps, la, seule, sale. Elle a mis du temps a prendre: le tissu des chaussettes d’Action brûle mal, une odeur écœurante s’en dégage, une fumée épaisse. Le détecteur d’incendie s’est déclenché. Un bruit assourdissant. Marvin s’est mis a crier Maman, maman, dans leur chambre commune. Elle n’a pas bougé jusqu’a ce que la chaussette finisse de se consumer.

Devant le miroir chaque matin, elle ne savait que faire. Elle rabattait ses cheveux en arrière, pinçait ses joues. Ça finissait toujours avec un air de Tant pis. La galère avait fait son œuvre et creusé des sillons un peu partout sur son corps, alors a quoi bon. La peau est le plus flagrant vestige de nos désillusions. Quand on lui donnait un âge, c’était dix ans de plus. Elle faisait mine de s’en foutre mais pinçait chaque fois les lèvres, c’était a peine visible. Depuis l’enfance elle avait appris a faire ça, taire, se taire, c’était ancrée en elle comme la politesse ou son goût démesuré pour les Babybel. Alors elle avait tu, ses colères, ses plaisirs, sa peine, la douleur quand elle se coupait par accident avec la lame d’un couteau. Chaque fois c’était juste ça: un pincement de lèvres. Quand sa carte bleue a été avalée au distributeur de la rue Vincenot, rien n’a fléchi dans sa silhouette. Pas un hochement de tête, pas un soupir. A croire qu’elle attendait ce moment.

Un week-end sur deux, quand Marvin était chez son père, elle faisait des ménages. Chez Monsieur de Noisy, elle a aperçu le discours du Président en direct de l’Élysée, pour réagir aux émeutes. Un détail captivait son attention sur l’écran plasma: les boutons de manchette du Président. Noirs, cerclés d’or. Elle observait leur scintillement au gré de ses mouvements de mains. Quand il a parlé d’effort collectif, de nécessité de travailler plus, ses doigts se sont crispés sur le manche du balai. Son visage s’est fendu d’une expression étrange.

Sur le chemin du retour vers l’appartement, elle a glissé une allumette dans une boîte aux lettres publique. Elle a été surprise quand les flammes ont jailli a travers la fente. Couleur inattendue dans un feu d’artifice. Ciel illuminé de paillettes. Assise sur un banc, elle a admiré les flammes faire plier la boîte aux lettres jaune. Une fleur qui se fane. Elle souriait face a ce spectacle: le feu, le métal en fusion, ces enveloppes qui ne verraient jamais leurs destinataires. Des relances de dettes sûrement, des amendes, des factures –le courrier c’est toujours des emmerdes.

C’était la douzième allumette qu’elle craquait. Il lui en restait huit.

Ça vient dans la discussion, un jour, avec Jean-Jacques, le collègue avec qui elle partage son poste, au triage. Il dit Le bordel qu’ils foutent dans la rue ça fait bouger les choses quelques semaines mais a la fin ce sera toujours a nous de passer a la caisse. Derrière ce nous il y a tout un monde de choses et de gens, de week-ends a se pencher dans les rayons du supermarché pour vérifier les prix au kilo, a repriser les caleçons, diviser les portions de nourriture en deux et s’infiltrer sur les quais de RER par les portes de sortie. Le cinéma, c’est même pas la peine d’y penser. Ce n’était pas une souffrance, pas un traumatisme, c’était devenu comme un réflexe, on n’y pensait même plus. Mais quelques mots prononcés par des types en costume, parfois, faisaient surgir la colère dans les bars et les salons, a la machine a café. Jean-Jacques se parlait a lui-même, impossible d’en placer une. Elle avait l’habitude. A un moment, elle a juste murmuré Moi je trouve que c’est abusé, ces nouvelles taxes, on devrait tous être dans la rue, comme eux, et foutre le feu partout. Jean-Jacques a fait Mouais, et avec une certaine dextérité, il a continué a enfoncer des portes ouvertes.

Quand elle a déposé Marvin chez son père, il a accueilli son fils en faisant un check, leur check: petite chorégraphie des mains qu’ils avaient inventée ensemble, le week-end précédent. Marvin a passé la semaine a la répéter sans vouloir l’apprendre a sa mère. Sur ce palier, ils ont échangé quelques mots. Elle a fait semblant de ne pas voir le jugement discret de celui avec qui elle avait partagé des jouissances et des peines, des vacances aux Buttes Bleues et des lasagnes gratinées au four, des croix sur des calendriers. Ce regard sur elle, elle aurait pu le dessiner les yeux fermés: il était en tous points similaire a celui qu’elle se lançait dans le miroir, chaque matin. Elle a fait semblant d’aller bien, semblant de ne pas sentir l’euphorie de Marvin a l’idée de passer le week-end chez son père, semblant de ne pas voir cette femme a la chevelure blonde naviguer dans son ancien salon et l’apéro entamé sur la table basse, une bière et un verre de Suze.

Elle grattait les allumettes au hasard de ses errances. Le scooter du Pont-Mariano, le peuplier de la rue Antoine-Marcel, la boîte a livres du quartier Franc-Moisin, elle n’en a tiré aucune satisfaction. Rien ne produisait plus le même effet que les premières allumettes, celles qui avaient tatoué ses ongles de suie. Au début, la rapidité avec laquelle le feu prenait ses proies était jubilatoire, cette facilité a se saisir des choses du monde sans permission ni sommation, la fascinait. A présent, elle ne regardait plus les flammes mais au travers, l’avenir en entonnoir, cette boue qui proliférait au creux des jours.

Le bus, c’était un accident. La poubelle a enflammé le bosquet, qui a enflammé le bus. Mauvais enchaînement de hasards. Strike au dix-neuvième lancer. En voyant le feu s’étendre au buisson, elle a tout de suite compris que rien ne l’arrêterait. Elle commençait a s’y connaître, en chaos. Les flammes ont englouti les buissons et sont venues mordre l’arrière du véhicule, craqueler la peinture, enflammer les sièges un a un. Elle s’est choisie une place de choix sur la colline, un peu a l’écart. Même de la, elle pouvait sentir la fournaise lui brûler les joues et ce qui lui restait d’illusions. Le chauffeur qui faisait sa sieste a l’intérieur n’était pas prévu au programme. Ses cris l’ont a peine sortie de sa torpeur: sans précipitation, elle s’est éloignée dans la nuit.

Dans la pesanteur de sa cuisine, elle a fixé l’auréole brûlée, au centre de la table, sans parvenir a contenir ses tremblements. Le journal local a évoqué la frayeur du chauffeur, indemne, et les recherches de la police pour retrouver le coupable. Le coupable, c’est comme ça qu’ils ont dit. A ces mots, elle n’a pas bronché.

Un matin, elle a déposé Marvin a l’école et elle s’est rendue a la station essence. 1,3kilomètre ou elle aurait pu changer d’avis. Elle a acheté un bidon de cinq litres, l’a rempli, a déposé un monticule de centimes sur le comptoir de la caisse. Une fois chez elle, elle a étudié l’itinéraire le plus rapide pour le palais de l’Élysée. Elle a fait le tour du bâtiment sur Google Street View pour repérer l’endroit idéal. Corps étendu sur le carrelage, elle a attendu le soir en fixant l’heure, sur BFM TV. Son ex ou Élodie, Marvin, Fafa, aucun des noms qui s’affichait sur son téléphone ne la faisait ciller, ni les Qu’est-ce que tu fous, ni les Je vous attends dans mon bureau demain première heure. La seule entaille a l’immobilité du tableau, c’était le mini paquet d’allumettes qu’elle faisait tourner entre ses doigts, et le bruit de la dernière brindille qui valdinguait au-dedans.

Il a fallu deux jours dans cette position, deux jours sans manger, deux jours de mutisme et toutes ces formes étranges dans les fissures du plafond, pour qu’elle se décide a jeter la boîte d’allumettes a la poubelle. Quand elle est revenue au travail le jeudi, les mots de son supérieur ont été d’une violence froide, de celle qui prolifère dans les entreprises, parce qu’il faut bien que quelqu’un fasse le sale boulot. Elle s’est excusée et, avec une sincérité manifeste, elle a assuré qu’elle allait se reprendre en mains, ne serait-ce que pour le gosse. Le patron lui a laissé une seconde chance. Deux jours seraient retenus sur son salaire.

Au poste de triage, Jean-Jacques n’a même pas évoqué son absence, ni les raisons de sa défection. C’est l’avantage, avec les égocentriques, ils ne mettent jamais d’huile sur le feu. Elle l’écoutait en silence, ça lui allait. A un moment, elle s’est même surprise a sourire pour une connerie, une histoire de Melon et Melèche qui sont sur un bateau. Elle a accueilli son propre rire comme un hoquet.

Marvin était d’un calme étrange. Elle considérait son visage, ses gestes, comme on scrute des braises endormies. Elle ne pouvait s’empêcher d’attendre les larmes, quelques cris, cette routine devenue un repère. A la télévision, les images des émeutes contrastaient avec la quiétude de l’appartement. Des femmes et des hommes continuaient a s’indigner en bleu de travail et foutaient le bordel dans les rues, sur les ronds-points, au milieu des autoroutes –partout ou on pouvait les voir, pour une fois. Sur les pancartes, des slogans inscrits a la peinture noire, des Nous aussi on veut payer l’ISF ou des Métro boulot caveau. Elle a saisi la télécommande et elle a éteint la télévision. Même la, Marvin n’a rien dit. Ça commençait a l’inquiéter.

Mercredi. Les cerisiers qui bordent son immeuble explosaient de fleurs blanches. C’était tellement beau que son humeur lui semblait soudain anachronique. Au loin, Marvin riait avec cette gamine, sur le toboggan, si fort qu’on les entendait malgré le brouhaha des voitures a l’heure de pointe. Elle a tourné son visage vers le soleil pour apprécier sa caresse. C’était une de ces journées invincibles qu’on croirait fondues dans de l’acier.

Une nouvelle relance d’huissier l’attendait sur la porte, les ménages n’auront pas suffi. Elle a arraché le papier sans le lire et l’a écrasé dans son poing. Elle a calé Marvin devant la télé et elle s’est isolée dans les toilettes. A mesure qu’elle cognait sa tête contre le carrelage, le sang affluait sur son front, ses yeux, le menton.

Dans le halo blanchâtre du plafonnier de la cuisine, en appliquant un torchon humide sur son visage, elle scrutait la poubelle. Un instant plus tard, elle y plongeait le bras entier. Elle s’est assise au milieu des déchets et elle a ouvert la boîte. La dernière allumette était a sa place. Quand elle a relevé les yeux, Marvin était la, sur le pas de la porte, a la fixer.

Elle n’a pas dormi de la nuit. Avant l’aurore, elle a regardé quelques vidéos sur YouTube, écrit un courrier, fait le ménage.

6h30. Elle a les yeux ouverts quand son réveil sonne. Elle ne s’attarde pas devant le miroir, réveille Marvin, le lave, se bat pour qu’il s’habille et mange un peu. Elle enfile des vêtements amples, neutres, une casquette et son sac a dos, dépose Marvin a l’école, l’observe jusqu’a ce qu’il disparaisse dans le bâtiment, puis se rend sur le quai du RER en direction de Paris.

La localisation de son téléphone déconne. Elle erre dans les rues, confuse. Quand elle repère les grandes portes en bois, elle dépose son sac a dos et l’ouvre. En sortant le bidon, elle réalise qu’il a fui. A partir de la, les gestes sont taillés dans un bloc de certitudes. Elle saisit la boîte d’allumettes, s’éloigne de quelques mètres de son sac a dos, tend la main au plus loin de son corps. De l’autre, elle verse l’intégralité de l’essence sur son crâne et jette le bidon vide qui rebondit dans un bruit de tambour. La rapidité de la scène ne laisse place ni au doute ni a la marche arrière, elle ouvre la boîte d’allumette, saisit la dernière et la gratte a plusieurs reprises pour qu’elle prenne. Sans succès. Elle lâche un soupir d’agacement, pareil à celui qu’on pousse quand le lait déborde d’une casserole. Avant l’étincelle, elle pose les yeux sur son sac a dos qui contient la lettre écrite pendant la nuit, cette lettre dont elle a pesé chaque phrase pendant des heures, avec ses mots a elle, des bordel et des Je t’aime, des C’est une putain de honte, cette lettre qu’elle a signée sans trembler avant de refermer l’enveloppe.

Les flammes provoquent un souffle en s’allumant. Elle pousse un cri d’une telle intensité que tout s’arrête, les voitures, les gens, les arbres. Le monde se résume soudain a ça, un mètre carré de douleur. Le feu avale immédiatement ses cheveux. Pour le reste, il est impressionnant de constater comme le corps humain fonctionne longtemps, même au milieu d’un brasier, sous le crépitement de la peau. Les muscles des jambes, des bras, la bouche et les cordes vocales, les yeux. Pendant que son visage fond, elle panique en voyant les flammes remonter le filet d’essence qui a fui entre elle et le sac a dos. Ce qu’il reste de son regard se pose sur la lettre qui prend feu avec le sac, et disparaît dans une flambée de cendres. Ensuite, des protestations s’élèvent dans la rue, des gens courent, son corps s’effondre. Quelques râles, une odeur âcre et le silence.

Les jours suivants, des encarts de quelques lignes fleurissent timidement dans la presse. On s’interroge sur les motivations qui ont poussé cette femme a s’immoler devant les portes d’une bâtisse luxueuse, a quelques pâtés d’immeubles du palais de l’Élysée. Aucune lettre d’explication n’a été laissée. Aucun lien avéré avec le mouvement qui agite la France –cette mère sans histoire n’a jamais été militante. Un coup de folie, sans doute.

Sur BFM TV, l’information est diffusée sur un petit bandeau, en bas de l’écran. Elle est vite remplacée par une autre actualité :

« L’Institut de transplantation de l’hôpital de New York a réussi a faire fonctionner un rein de porc sur un humain durant deux mois. Un record ! » 

 

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Pourtant c’était une semaine comme une autre, même gris sans nuance et même bruit de fond. Elle sortait de chez Lidl, caddie a moitié vide, ticket de caisse en main, et subitement, elle s’est arrêtée. Au milieu du parking, au milieu de sa vie. Plus rien ne semblait la convaincre de mettre un pas devant l’autre. Elle a plongé la main dans sa poche pour en sortir cette mini boîte d’allumettes publicitaire distribuée par un type, un peu plus tôt dans la journée. Elle en a craqué une et elle a baladé la flamme sous son ticket de caisse. La lueur dans ses yeux en le voyant s’embraser. La lueur... La deuxième fois, c’était au retour du travail, dans le wagon bondé du RER. Elle avait les jambes coupées, le dos scié. Il fallait s’asseoir, libérer ses genoux du poids des semaines. Elle s’est installée sur les marches, seul endroit disponible, et s’est mise a trembler. Comme un réflexe, elle a sorti la boîte d’allumettes et elle en a gratté une. Sa deuxième. Elle aurait pu comme chaque jour se lever a 6h30, réveiller Marvin, le laver, calmer ses crises, le déposer a l’école, consumer la journée derrière son poste de triage, retour en RER, aller chercher Marvin a la garderie, l’obliger a manger, tenter de l’endormir, un coup de ménage, grignoter un reste devant la télé, insomnie, réveil a 6h30 et ainsi de suite, mais elle a craqué cette allumette et la voir se plier, noircir, souffrir a sa…

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