Les savants sortent de leur bulle

Nino Suchwalko

À bras-le-corps !, exposition proposée par le Collège de France, permet de découvrir l’environnement de ceux qui firent la science au xixe siècle.

 

Claude Bernard, Étienne-Jules Marey, Arsène d’Arsonval… Du 25 avril au 12 juillet, la prestigieuse institution parisienne ouvre ses portes au public, et met à l’honneur, avec l’exposition À bras-le-corps! Savants et instruments au Collège de France au xixe siècle, les grands savants qui s’y sont illustrés par leurs recherches dans le domaine florissant des sciences de la nature.

Certains sont célèbres, d’autres moins. Mais tous ont apporté une pierre à l’édifice monumental de notre science moderne. C’est une plongée dans ce laboratoire foisonnant de découvertes en tous genres (aux sciences du corps comme la physiologie, viennent s’ajouter la physique, la phonétique et même la psychologie) que nous proposent les commissaires de l’exposition, Jérôme Baudry et Jean Dalibard – le premier est enseignant-chercheur en histoire des sciences et techniques à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, le second titulaire de la chaire Atomes et rayonnement du Collège.

Un laboratoire, donc, littéralement: en effet, non content de (re)découvrir les travaux des grands scientifiques de l’époque, le visiteur aura la chance d’admirer leurs instruments, grâce à une sélection d’environ cinquante pièces conservées au Collège; parmi elles, pour n’en citer qu’une, la fameuse table où André-Marie Ampère découvrit en 1820 les lois de l’électrodynamique. Loin de se limiter à la théorie, l’exposition saisit d’abord la science au niveau des objets, redonnant toute sa place à une culture matérielle parfois négligée. Le Collège, par ce choix, ne nous donne pas à voir une science «toute faite», mais une science «en train de se faire».

Cette culture matérielle, c’est avant tout l’ensemble des acteurs du progrès scientifique de l’époque, trop souvent éclipsés. C’est le cas des fabricants d’instruments, élevés du statut d’artisans à celui de collaborateurs actifs des savants. On comprend que la science n’est pas l’œuvre d’un homme seul, enfermé dans sa tour d’ivoire, mais le fruit d’une association durable; elle est aussi ce qu’en fait l’opinion publique, elle dont la foi dans le progrès, au-delà de l’étiquette positiviste qu’on accole au xixe siècle, n’était ni unanime ni absolue.

Enfin, l’association est celle des sciences dures et des sciences humaines, comme l’illustre du reste le tandem complémentaire composé des deux commissaires de l’exposition. À l’image du Collège de France, dont l’une des grandes forces est d’avoir toujours allié les premières aux secondes, l’exposition À bras-lecorps! renoue le lien entre progrès scientifique et discours épistémologique – un lien que viendra consacrer le catalogue, à paraître en avril, fruit de la collaboration de chercheurs aux spécialités variées, exemple lumineux de la pluralité d’une science dont l’on n’a jamais fini de louer la richesse. 

 

À bras-le-corps ! Savants et instruments au Collège de France au XIXe siècle au Collège de France, place Marcelin-Berthelot, Paris 5e, du 25 avril au 12 juillet, entrée gratuite.

 

À lire : Catalogue de l’exposition sous la direction de Jérôme Baudry et Jean Dalibard, éd. Collège de France, 26 €.

Disponible le 11 avril.

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À bras-le-corps !, exposition proposée par le Collège de France, permet de découvrir l’environnement de ceux qui firent la science au xixe siècle.   Claude Bernard, Étienne-Jules Marey, Arsène d’Arsonval… Du 25 avril au 12 juillet, la prestigieuse institution parisienne ouvre ses portes au public, et met à l’honneur, avec l’exposition À bras-le-corps! Savants et instruments au Collège de France au xixe siècle, les grands savants qui s’y sont illustrés par leurs recherches dans le domaine florissant des sciences de la nature. Certains sont célèbres, d’autres moins. Mais tous ont apporté une pierre à l’édifice monumental de notre science moderne. C’est une plongée dans ce laboratoire foisonnant de découvertes en tous genres (aux sciences du corps comme la physiologie, viennent s’ajouter la physique, la phonétique et même la psychologie) que nous proposent les commissaires de l’exposition, Jérôme Baudry et Jean Dalibard – le premier est enseignant-chercheur en histoire des sciences et techniques à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, le second titulaire de la chaire Atomes et rayonnement du Collège. Un laboratoire, donc, littéralement: en effet, non content de (re)découvrir les travaux des grands scientifiques de l’époque, le visiteur aura la chance d’admirer leurs instruments, grâce à une sélection d’environ cinquante pièces conservées au Collège; parmi elles, pour n’en citer qu’une, la fameuse table où André-Marie Ampère découvrit en 1820 les lois de l’électrodynamique. Loin de se limiter à la théorie, l’exposition saisit d’abord la science au niveau des objets, redonnant toute sa place à une culture matérielle parfois négligée. Le Collège, par ce choix,…

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