La Divine mimesis, Pasolini entre Baudrillard et Rimbaud

Charles-Alexandre Haddad

Longtemps demeuré introuvable en langue française, La Divine Mimesis de Pier Paolo Pasolini retrouve cette année son public hexagonal dans une nouvelle édition agrémentée de photographies, publiée par Bartillat.

Habitué à la critique sociale et politique, l’auteur de ce texte engagé mais authentiquement littéraire ne peut être pleinement saisi par la seule connaissance de son œuvre cinématographique.

Poète, romancier, essayiste et intellectuel, Pasolini combine dans ces lignes dantesques et allégoriques ses différentes casquettes pour offrir au lecteur un écrit tout aussi onirique que philosophique.

Rédigé entre 1953 et 1967, ce document de nature inclassable réinvente le genre de la prose imagée, puisant dans l’esprit rimbaldien et la tradition latine, pour produire un portrait acerbe de l’Italie post-fasciste. Le réalisateur de L’Évangile selon saint Matthieu y revient sur ses thèmes de prédilection : les conséquences destructrices de la société de consommation, non seulement sur l’ordre social et économique mais peut-être plus encore sur l’identité profonde de l’âme transalpine.

Témoin d’une révolution spirituelle et morale aussi radicale que silencieuse, l’écrivain tient celle-ci pour plus dangereuse et plus décisive pour l’avenir de son pays que les errances mussolinienne de l’entre-deux-guerres. A ces périls menaçant le monde qui le vit naitre, Pasolini oppose, après le cinéma et les essais théoriques, ce grand exercice littéraire, pierre angulaire et synthétique de son oeuvre, l’éclairant efficacement aux yeux de la postérité…



 



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