L’éducation au pouvoir

William Emmanuel

La France subit une dégradation de ses performances industrielles et économiques; elle voit ses services publics essentiels s’effondrer; elle se révèle incapable de gérer ses finances publiques; elle perd de son influence sur les affaires du monde. Sans faire de catastrophisme et sans céder au déclinisme, ce constat, aussi peu plaisant soit-il, ne peut être contesté. Comment expliquer qu’un pays disposant d’autant d’atouts ait pu se retrouver dans cette situation? La réponse tient en une formule: la crise de l’éducation. L’éducation est le moteur de la civilisation. Dès l’Antiquité, l’accent est mis sur la formation des enfants dans les principales puissances de l’époque. Cela a sans doute permis l’avènement de l’«âge axial» allant de 800 à 200 av. J.-C. Comme l’expliquait le philosophe allemand Karl Jaspers (1883-1969) dans son livre Origine et sens de l’histoire, durant cette période on voit apparaître le confucianisme en Chine, le bouddhisme en Inde, l’Ancien Testament en Palestine, la philosophie en Grèce, bref les principaux courants de pensée qui vont structurer l’humanité au cours des deux millénaires suivants. L’émergence d’un nouveau rapport au savoir et au religieux de manière quasi simultanée en plusieurs régions de la planète n’a pu se produire que parce qu’une partie significative de la population a eu accès à l’éducation, y compris dans des sociétés inégalitaires. Tout au long de l’histoire, celle-ci a permis à certains pays d’acquérir de la puissance et de prendre l’ascendant sur les autres. Son importance n’est donc plus à démontrer. D’où la question: pourquoi la France, qui a donné naissance à de grands savants et à de grandes idées, laisse-t-elle son système éducatif se défaire depuis tant d’années? Les responsabilités dans cet échec spectaculaire sont partagées. Quand on a à cœur l’intérêt du pays, on défend l’éducation. Pourquoi donc les politiciens ont-ils préféré l’affaiblir? Choix délibéré ou incompétence? Un redressement est-il possible? Bien sûr mais il prendra du temps. Il ne s’agit pas seulement d’améliorer la place du pays dans les classements internationaux ou de rétablir l’autorité des enseignants. Il faut, au-delà des discours convenus, décider que l’éducation est au centre du projet politique du pays et qu’elle en déterminera le développement à très long terme. L’objectif est de former les citoyens afin de les aider à comprendre le monde. Quand on comprend ce qui se passe autour de soi, on ne se laisse pas dicter son opinion par les autres. L’éducation demeure le plus puissant outil pour devenir libre.



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