La politique relève de l’organisation d’une société, en premier lieu d’un État, avec un système de gouvernement permettant de défendre l’intérêt général. Ceux qui exercent ce pouvoir doivent disposer d’une légitimité incontestable. Autrefois, dans l’Antiquité grecque, cela procédait du savoir. Dans une démocratie moderne, l’onction est donnée par le suffrage universel. Dans les deux cas, un mécanisme de contre-pouvoir est nécessaire. Non pas que tous les dirigeants politiques sont des dictateurs potentiels. Mais nul être humain ne peut prétendre détenir la vérité sur toutes choses et la délibération est indispensable pour comprendre ce qui peut convenir à son pays.
Deux principaux cas de figure se présentent:
– Des politiciens affirmant ce que veut le peuple. Ils prennent donc des décisions démagogiques en espérant obtenir une reconnaissance se traduisant par de nouvelles victoires électorales. Ils ruinent le pays et leurs successeurs doivent imposer des sacrifices à l’ensemble des citoyens.
– Des politiciens assurant savoir ce qui est bon pour le pays. S’appuyant sur leur «expertise» (sujette à caution) et leur légitimité électorale (indiscutable), ils imposent donc des décisions – souvent au bénéfice de leurs soutiens financiers – qui provoquent des crispations et finissent par causer leur perte. Pour tenter d’y échapper, ils accusent les «populistes» de menacer la démocratie.
Il est certain que la démocratie est fragilisée depuis quelques décennies. Il y a l’influence extérieure, c’est évident. Mais la principale cause de cet affaiblissement tient à l’exercice du pouvoir. La France est une caricature dans ce domaine, avec un président de la République pouvant intervenir dans tous les domaines au motif qu’il est élu au suffrage universel direct. Cette Constitution élaborée dans des temps agités – les guerres coloniales – pour un homme d’une stature exceptionnelle, le général De Gaulle, doit être amendée au plus vite afin de mettre en place un système plus équilibré, permettant au président de diriger le pays tout en devant rendre des comptes aux représentants du peuple que sont les parlementaires. Mais cela ne suffira pas à empêcher la montée des populistes sur un continent vieillissant et en voie de marginalisation sur le grand échiquier mondial. Comment redonner une perspective à ces citoyens? Le débat va au-delà des calculs électoraux de court terme.