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Charles-Alexandre Haddad
Le philosophe français fut un lecteur assidu du maître allemand. Il ne lui consacra pourtant aucun ouvrage mais quantité de travaux, enfin réunis.
Principalement connu du grand public pour ses écrits à propos du système carcéral et pour sa contribution notable à la French Theory, Michel Foucault n’en fut pas moins un commentateur particulièrement avisé de Friedrich Nietzsche.
Pourtant, si l’auteur de Zarathoustra constituait sans doute, avec Martin Heidegger, l’une des lectures les plus récurrentes et les plus appréciées du philosophe français, le penseur de l’Histoire de la folie à l’âge classique n’en fit jamais l’objet d’une monographie. De son propre aveu, formulé un mois avant sa mort en mai 1984, il expliqua cette étrangeté : « Je crois que c’est important d’avoir un petit nombre d’auteurs avec lesquels on pense, avec lesquels on travaille, mais sur lesquels on n’écrit pas. »
Cette compilation exigeante et panoptique rappelle l’influence véritable de Nietzsche sur la vie intellectuelle du ponte de la French Theory.
Toutefois, à travers cet ouvrage inédit, dirigé par l’universitaire américain Bernard Harcourt, les éditions du Seuil, en collaboration avec l’EHESS et Gallimard, livrent un volume entier de cours, de conférences et de travaux divers de Michel Foucault relatifs à l’œuvre et à la pensée de Friedrich Nietzsche. Cette compilation exigeante et panoptique rappelle l’influence véritable du philosophe allemand sur la vie intellectuelle de celui qui écrira en 1966 Les Mots et les Choses. C’est bel et bien par un processus de transgression vis-à-vis de ce prestigieux aîné qu’il découvrit son propre style et son propre matériau, sa plus-value théorique transparaissant dans ce groupement de travaux, parmi lesquels figurent notamment ses différentes interventions au Centre universitaire de Vincennes en 1969‐1970, où il inséra la pensée nietzschéenne dans cette grande expérience enseignante libertaire et post-soixante-huitarde, à laquelle participèrent au même titre Roland Barthes, Michel Deleuze ou encore André Glucksmann.
Le livre recense également ses notes du cours intitulé La Connaissance et le Désir, donné à l’université d’État de New York à Buffalo en 1970, dans lesquelles il analyse le rapport de Nietzsche à l’histoire, à la science et à la figure du savant : « À partir de ce modèle, on peut comprendre ce que c’est pour Nietzsche que la connaissance. [Elle] n’est pas le plus ancien instinct de l’homme, ce n’est pas sa nature ; ce n’est même pas une forme générale et a priori. La connaissance est une invention, qui a eu ses préliminaires, ses conditions, ses ruses, ses raisons d’être, ses mécanismes, ses finalités. »
Cette édition contient également les précieuses conférences sur Nietzsche et le problème de la vérité, prononcées par Foucault à l’université McGill de Montréal en 1971, problématique ayant fait l’objet en 2016 d’un livre du philosophe Jacques Bouveresse. L’auteur de l’Histoire de la sexualité y évoque l’idée, formulée dans Le Gai Savoir, selon laquelle « la vérité est la forme la plus impuissante de la connaissance ; et que cette forme a été inventée tardivement, bien après la connaissance elle‐même. Qu’est‐ce qu’une connaissance sans vérité ? Que signifie l’affirmation souvent répétée : la connaissance pendant longtemps n’a connu que l’erreur ? Bien plus, la connaissance ce fut l’erreur ; bien plus encore, le mensonge. »
Nietzsche, cours, conférences et travaux de Michel Foucault, éd. du Seuil/Gallimard/EHESS, 424 p., 28 €...
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