Mama Nike, tissus de secours

Raphaël Chauvancy

La Nigériane Oyenike Davies-Okundaye est une artiste incontournable, respectée dans toute l’Afrique. Ses œuvres, empreintes de la tradition textile de l’adire, font écho à une vie hors normes placée sous le signe de l’émancipation féminine.

Née en 1951 dans une famille pauvre d’Ogidi, en plein pays yoruba, Nike (prononcer «Niké»), comme on la surnomme, perd sa mère à l’âge de 6 ans. La seule école, tenue par des missionnaires catholiques, est à plusieurs kilomètres de son village, qu’elle parcourt à pied quand les rudes travaux des champs la laissent libre. Elle connaît aussi les corvées d’eau, qu’il faut aller puiser tous les deux jours loin de chez elle. Les affres de la faim ne l’épargnent pas, à peine apaisées par les mangues sauvages. La viande est un luxe rare. Un jour, son père tue un serpent qui venait d’avaler un rat. Il vend la chair du reptile et fait rôtir le rat pour lui et sa fille. Le principal fait marquant de son enfance est son initiation par sa grand-mère à l’art traditionnel de l’adire, une étoffe teinte à l’indigo, aux motifs codifiés réalisés à la main par les femmes yorubas.

À ses 13 ans, sa famille veut marier Nike à un puissant villageois qui la convoite mais lui fait horreur. Elle s’enfuit de chez elle et rejoint une troupe de théâtre itinérante. Au hasard des représentations, entre danses et comédies, elle se rapproche du sanctuaire d’Osogbo. Une forêt y est consacrée à la déesse-rivière Osun, l’inspiratrice de l’amour, de la sensualité et de la prospérité. Les fidèles élèvent des autels et laissent leurs sculptures votives sous les ramures luxuriantes depuis plusieurs siècles. Lorsque Nike s’installe à Osogbo, une artiste autrichienne, Susanne Wenger, y a créé une école pour transmettre l’art sacré traditionnel et explorer des voies nouvelles. Une communauté d’artistes brille dans ce qui devient un centre culturel et spirituel de premier plan. Parmi eux, se dégage le flamboyant Prince Twins Seven Seven. À 14 ans, Nike devient sa quinzième épouse.

 
Elle aurait pu n’être que l’ombre effacée d’un homme, noyée dans la masse des co-épouses. Mais son mari a tôt fait de remarquer ses talents artistiques.
 

Elle aurait pu n’être que l’ombre effacée d’un homme à la forte personnalité, noyée dans la masse des co-épouses, qui finiront par se compter par dizaines. Mais Twins a tôt fait de remarquer les talents artistiques de Nike. Il lui confie bientôt la direction de l’atelier où ses femmes ont la charge de mettre en couleur les œuvres qu’il dessine. Nike apprend à peindre pour son époux, en attendant de le faire pour elle-même.

Elle transforme également sa chambre en une petite galerie, où elle expose et vend des adires d’une grande beauté, réalisés selon les techniques qu’elle a apprises enfant et son inspiration du moment. Susanne Wenger les remarque. Séduite par sa maîtrise et ses associations graphiques inédites, l’oyibo, la «femme blanche», l’encourage à persévérer dans cette voie où elle excelle et lui suggère de s’en inspirer dans sa peinture.

 

Market Women, acrylique et stylo sur toile, 1983.

 

La vie est loin d’être idyllique. Twins gagne certes de l’argent, mais celui-ci lui brûle les doigts. En plus de leur travail dans son atelier et des tâches ménagères, ses épouses doivent se démener pour faire vivre la maisonnée remplie d’enfants et soutirer quelques pièces à sa rapacité. Les disputes, alimentées par la jalousie et la promiscuité, sont quotidiennes. Le soir venu, les femmes s’entassent dans de minuscules chambres de trois ou quatre lits. Lorsque Twins choisit de passer la nuit avec l’une d’entre elles, les autres doivent se retourner contre le mur en silence. Si l’une d’elle se manifeste, cela trouble le bon plaisir de l’homme, qui se lève et la corrige à coups de pieds et de poings.

Le destin frappe à la porte de Nike en 1974. Le département d’État américain lance une mission pour identifier dix artistes africains prometteurs et les inviter aux États-Unis. La délégation trouve sans peine des artistes masculins de talent, mais pas de femme. Même s’il n’est alors pas concevable qu’une Nigériane signe une œuvre de son nom et soit donc reconnue comme artiste, les Américains sont conquis par les adires de Nike et la sélectionnent.

 
Le regard différent porté sur Nike la transforme littéralement. En rentrant au Nigéria, elle décide de quitter son mari, en dépit de toutes les conventions.
 

Enceinte de son troisième enfant, elle part ainsi en Amérique, où ses yeux se dessillent. L’adire n’y est pas perçu comme une pratique traditionnelle sur le déclin mais comme une forme d’art. Ses étoffes lui sont payées en dollars; jamais elle n’avait eu autant d’argent. Autre révélation: elle n’est pas considérée comme la petite main obscure de Twins Seven Seven mais pour ses propres talents.

Le regard différent porté sur elle la transforme littéralement. En rentrant au Nigéria, la jeune femme décide de quitter son mari, en dépit de toutes les conventions. Mieux encore, elle entraîne avec elles ses co-épouses. Les jalousies d’antan sont oubliées. Devenues libres, elles se considèrent désormais comme des sœurs et s’appellent ainsi. Nike leur transmet son art et les ventes permettent à la petite communauté de vivre. Humilié, Twins préfère accepter le fait accompli que d’étaler son infortune sur la place publique, et se hâte de prendre de nouvelles épouses…

Libérée de l’emprise physique de son époux, Nike s’arrache également à l’emprise morale des interdits sociaux et devient la première Nigériane à signer ses œuvres. Elle rencontre alors son second mari, un Gallois, avec qui elle aura deux enfants. Leurs vingt ans de vie commune correspondent à sa période artistique la plus prolifique. Mais, lorsqu’il choisira de repartir dans son pays, elle préfèrera rompre que de quitter le soleil d’Afrique pour le brouillard celtique. Elle se remariera avec le gouverneur de l’État de Benue, qui partage encore sa vie aujourd’hui.

Sans se raccrocher formellement à aucune école, Nike s’inscrit naturellement dans le courant ona, terme yoruba qui désigne à la fois l’art, l’artisanat et l’esthétique, et comporte une notion dynamique, vivante. L’onaïsme associe les motifs et matériaux traditionnels à la création artistique contemporaine. Les œuvres qui en sont issues associent harmonie visuelle, expérience vécue et symbolique intemporelle; elles ne se laissent pas simplement contempler mais se lisent et se méditent.

 

Potters, acrylique, encre et stylo sur toile, 1981.

 

Alors que l’art abstrait occidental peine à se renouveler, Nike explore des voies figuratives innovantes, dans la lignée du renouveau artistique africain. Ses œuvres chatoyantes utilisent des supports divers, toiles ou textiles, et des matériaux variés au service du thème central des femmes africaines, de la cosmogonie et du bestiaire yoruba. Les plus emblématiques évoquent des scènes féminines sous la forme d’un patchwork symbolique. La fréquence des camaïeux de bleu est un clin d’œil à l’amour et à la déesse Osun, dont il est la couleur consacrée.

Les créations de Nike ne sont pas pensées sous une forme picturale figée mais comme des mises en abîme vivantes, qui expliquent sans doute la sensation de mouvement qui s’en dégage, comme les reflets de la lumière sur un tissu mouvant.

Nike revendique une approche de l’art total. Elle accompagne d’ailleurs généralement ses expositions de musique et de danses traditionnelles suivies d’un défilé de mode en adire. La musique et la danse sont les expressions du corps qui exulte avec ses passions, ses joies, sa sensualité et sa vitalité éphémères. Nike elle-même n’hésite pas à entrecouper sa discussion de pas de danse et de rires.

 

Reflection of Life, acrylique sur toile, 2000.

 

Le vêtement occupe un rôle intermédiaire; il est une seconde peau qui survit au corps mortel et rappelle ses attitudes, sa démarche, sa tenue. Nike soutient que la manière de se vêtir est une manière d’être. C’est pourquoi il est si important qu’un habit, comme l’adire, ait une histoire, un sens et une beauté intrinsèque que les habits industriels n’ont pas. Le tissu est une œuvre d’art que l’on porte ou que l’on expose – elle a réalisé de nombreuses œuvres mêlant techniques du batik.

 
Pour Nike, une oeuvre qui ne soigne pas l’âme est une oeuvre ratée, un assemblage de traits et de formes sans profondeur ni intérêt.
 

La peinture, elle, est immortelle à l’échelle de l’homme. Reflet fragile du cycle de la vie, elle fixe le présent dans l’éternité, à l’image de Dieu, le plus grand des artistes selon Nike. Enfin, l’art a une fonction thérapeutique qui permet même à une personne malade, ou mourante, d’échapper à sa condition en se connectant à une beauté qui la dépasse et qui lui survivra. Pour Nike, une œuvre qui ne soigne pas l’âme est une œuvre ratée, un assemblage de traits et de formes sans profondeur ni intérêt.

Au Nigéria, le salaire minimum est d’une vingtaine d’euros par mois. Des dizaines de millions de personnes n’ont d’autres perspectives que de survivre et peinent à trouver leur poignée de riz ou leur fufu de manioc quotidien. Dans ce contexte, la condition féminine est particulièrement dure. Comme Nike jadis, les fillettes sont mariées avant d’avoir grandi et entrent dans une relation où elles n’ont ni voix propre ni personnalité reconnue ni créativité tolérée. Nike évoque avec douleur certains de ces êtres fragiles, brisés avant d’avoir grandi, qui ont choisi de se donner la mort plutôt que de traîner une existence sans rêves et sans espoir. Un jour, pour les punir de s’être violemment disputées et d’avoir troublé son repos, Twins Seven Seven a enfermé Nike avec deux autres co-épouses pendant trois jours. Dans une pièce sans lumière. Sans nourriture. Sans eau. Les lèvres desséchées par la chaleur africaine, les jeunes femmes suppliaient en vain qu’on leur donnât au moins à boire. Nike était enceinte. Elle a perdu son enfant.

Nike n’est pas une artiste engagée. Elle aime trop l’art pour le confondre avec un tract ou une plaquette publicitaire. En revanche, elle est une femme d’action. Elle n’a rien oublié de ses épreuves passées et a décidé de consacrer sa vie à l’amélioration de celles des femmes de son pays. Consciente que l’autonomie financière est la condition de l’émancipation, elle a créé sur ses fonds propres plusieurs centres de formation dédiés à l’art de l’adire. Tout en perpétuant les traditions de leur peuple, plusieurs milliers de jeunes filles se sont vues offrir un métier et des revenus. Car l’adire se vend bien. Il est devenu un article de luxe prisé. En véritable mère, Nike apprend également à ses étudiantes à gérer l’argent gagné et à le réinvestir. Ses actions dérangent. Accusée de semer la confusion dans les ménages, on lui reproche d’instruire celles qui ne sont faites que pour servir et de leur donner des aspirations qui ne sont pas pour elles. La police la harcèle. Arrêtée pour «incitation au féminisme», elle répond qu’émanciper les femmes, c’est émanciper la nation… et poursuit son action sitôt relâchée.

En leur permettant d’exprimer leur créativité, Nike est persuadée de rendre aux femmes leur âme et leur personnalité, contre ceux qui voudraient les réduire à une fonction. En cultivant les rêves, l’expression artistique attise la soif de liberté. Le chemin est encore long à parcourir: Nike a vu pleurer certaines de ses élèves dont le matériel avait été confisqué et les œuvres déchirées par un mari brutal. Mais elle a initié un mouvement irréversible. Les jeunes femmes nigérianes savent désormais qu’elles existent en tant qu’individus, qu’elles peuvent nourrir des projets, aspirer à une vie un peu meilleure et que leur famille devrait être le lieu de l’amour et du partage, pas une prison sans air.

 

Sweet Mother, acrylique, encre et stylo sur toile, 1981.

 

Nike a davantage fait progresser la cause de ses concitoyennes que bien des agences internationales, des ONG ou des services de l’État. Elle refuse de créer des mendiantes qui passeraient d’une dépendance à une autre mais transmet une identité, des connaissances et un savoir-être qui leur ouvrent les portes d’un nouvel avenir. L’art total de Nike est indissociable d’une vision totale de l’homme et de la femme, complémentaires mais égaux. Parce qu’elle a été une mère pour tant de Nigérianes et qu’elle a porté puis donné vie à une expression artistique féminine foisonnante, elle a gagné sans l’avoir recherché le beau et affectueux surnom de «Mama Nike», sous lequel elle est désormais connue chez elle comme à l’étranger.

La douceur, la gentillesse et l’humilité de Mama Nike s’accompagnent d’un fort leadership. Elle est d’ailleurs une entrepreneuse avisée. La Nike Art Foundation dispense des formations artisanales traditionnelles et artistiques. Sa galerie d’art de Lagos est devenue la plus grande de toute l’Afrique et a essaimé à Abuja, Agidi et Osogbo, où Nike veille d’un œil alerte à la scénographie qu’elle bouscule et réinvente à chacun de ses passages. Elle s’apprête à ouvrir dans quelques mois un musée du textile à Abuja.

 

Mama Nike.

 

La Nike Gallery et ses emprises sont devenues un monument national et un lieu de passage obligé pour les chefs d’État, les élites économiques ou les intellectuels en visite au Nigéria. Les œuvres de Nike et de ses protégés ont ainsi rejoint de prestigieuses collections internationales privées, comme celle du roi du Maroc, ou publiques, aux États-Unis notamment. À Londres, une de ses pièces s’est vendue pour près de 100000 euros en 2022, témoignage de la reconnaissance internationale de son immense talent.

 
Les années passent et semblent glisser sur elle. Elle continue à créer, à promouvoir son art et celui de son pays
 

Les années passent et semblent glisser sur elle. Elle continue à créer, à promouvoir son art et celui de son pays. Lors de ses nombreux déplacements à l’étranger, elle se fait toujours accompagner par de jeunes créateurs prometteurs pour les faire bénéficier de sa notoriété. Personnage d’un charisme lumineux, Nike s’est vu attribuer les chefferies traditionnelles d’Osogbo et d’Ogidi. Est-elle une femme de pouvoir ? Je lui ai posé la question lors d’une longue discussion sous les frondaisons d’un caroubier séculaire. Après un court silence, Nike a désigné de la main les oiseaux bleus qui picoraient autour de nous.

« Voyez-vous, il ne reste des oiseaux ici que parce que le jardin est ceint de murs et protégé. Sans cela, ils auraient été tués jusqu’au dernier pour être mangés. Il faut agir, arracher les familles à la pauvreté pour sauver les oiseaux, et notre monde. Pour cela, il faut s’appuyer sur les femmes. »

Puis elle a écarté en riant l’idée d’être une femme de pouvoir. « Non. Mais je suis peut-être une expression du pouvoir des femmes », a-t-elle ajouté malicieusement.

Le Nigéria, pays de tous les extrêmes, construit des gratte-ciel dignes de Dubaï sur des îles artificielles dans la lagune de Lagos. Tout autour, 15 millions de misérables s’entassent dans des bidonvilles noyés dans la boue quand tombent les terribles pluies africaines. Le pétrole coule à flots des entrailles du pays et pourtant les pénuries de carburant le paralysent régulièrement. Une vitalité débordante côtoie une violence débridée et les crimes les plus ignobles. La démographie hors de contrôle n’est régulée que par une mortalité effrayante et une espérance de vie inférieure à 55 ans. Y a-t-il un espoir pour le Nigéria ?

Les anciens l’ont presque tué par corruption vénale et morale, déplore Mama Nike, dénonçant l’égoïsme prédateur des élites et l’obscurantisme ethnique des masses. L’argent ne devrait-il pas contribuer au développement du pays et l’enracinement à ouvrir les consciences vers l’universel ?

 

The Bridesmaid, acrylique, encre et stylo sur toile, 1983.

 

Si le géant aux 230 millions d’habitants devait s’effondrer, l’onde de choc dépasserait les limites de l’Afrique et irradierait le monde. Mais Mama Nike ne croit pas à ce scénario. Elle estime plutôt qu’un ordre nouveau émergera de l’actuel chaos apparent. Les ressources sont immenses. Dynamique et prospère, la diaspora tourne les yeux vers sa terre d’origine, y investit ses capitaux et y déploie ses compétences. Surtout, une jeunesse ouverte sur le monde et créative dans tous les domaines, de l’art à l’économie, arrivera bientôt aux affaires.

Lorsqu’elle est arrivée adolescente au sanctuaire d’Osogbo, Nike a imploré la déesse Osun de faire d’elle une artiste, s’engageant en retour à faire profiter son peuple de ce qu’elle pourrait apprendre et gagner. Exaucée, elle a tenu sa promesse. Personnalité solaire, Mama Nike a fait de sa vie une œuvre d’art et son art a embelli la vie de bien des hommes et des femmes. Peut-être y a-t-il chez elle une étincelle divine. Ou tout simplement beaucoup d’humanité.

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La Nigériane Oyenike Davies-Okundaye est une artiste incontournable, respectée dans toute l’Afrique. Ses œuvres, empreintes de la tradition textile de l’adire, font écho à une vie hors normes placée sous le signe de l’émancipation féminine. Née en 1951 dans une famille pauvre d’Ogidi, en plein pays yoruba, Nike (prononcer «Niké»), comme on la surnomme, perd sa mère à l’âge de 6 ans. La seule école, tenue par des missionnaires catholiques, est à plusieurs kilomètres de son village, qu’elle parcourt à pied quand les rudes travaux des champs la laissent libre. Elle connaît aussi les corvées d’eau, qu’il faut aller puiser tous les deux jours loin de chez elle. Les affres de la faim ne l’épargnent pas, à peine apaisées par les mangues sauvages. La viande est un luxe rare. Un jour, son père tue un serpent qui venait d’avaler un rat. Il vend la chair du reptile et fait rôtir le rat pour lui et sa fille. Le principal fait marquant de son enfance est son initiation par sa grand-mère à l’art traditionnel de l’adire, une étoffe teinte à l’indigo, aux motifs codifiés réalisés à la main par les femmes yorubas. À ses 13 ans, sa famille veut marier Nike à un puissant villageois qui la convoite mais lui fait horreur. Elle s’enfuit de chez elle et rejoint une troupe de théâtre itinérante. Au hasard des représentations, entre danses et comédies, elle se rapproche du sanctuaire d’Osogbo. Une forêt y est consacrée à la déesse-rivière Osun, l’inspiratrice de l’amour, de la sensualité et…

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