Nathalie Azoulai, les mots sont ses armes

Ce qui intéresse l’écrivaine, c’est le moment où les choses se cassent, les silences qui en disent long. Nathalie Azoulai n’a pas grandi dans une bibliothèque. Fille cadette d’une fratrie nombreuse, élevée en banlieue parisienne, elle a d’abord connu la solitude avant la littérature. «Je ne veux pas faire le cliché de l’enfant qui passe son temps à lire, parce que ce n’est pas vrai», confie-t-elle. Longtemps, les livres n’ont été qu’un écho lointain de sa maison aux parfums d’Égypte, où plusieurs langues se mêlaient. «Enfant de la télé», les images l’attiraient plus que les mots posés. Pourtant, à 16 ans, une rencontre déterminante change la donne: Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir. «Le jour où j’ai lu ça, je me suis dit: “Voilà, j’ai envie d’une trajectoire comme ça, qui brave les obstacles et les interdits”.» Cette révélation littéraire l’arrache à sa section scientifique et la pousse vers des études littéraires. À la manière de Simone de Beauvoir, elle veut comprendre, inventorier, décortiquer les textes avant d’écrire les siens. D’abord universitaire, elle imagine un avenir fait de critiques et de commentaires, mais les livres la rattrapent autrement. Travailler dans l’édition l’immerge dans la fabrique des textes, mais aussi dans leur pesanteur: «Je lisais les autres et j’avais plein de choses à leur dire, puis un jour, j’ai eu envie d’écrire à mon tour.» À 35 ans, en 2002, elle publie son premier roman: Mère agitée. Une décennie plus tard, elle quitte son emploi dans l’édition pour…