Chagall et Léger, deux géants du modernisme

L’art est un espace propice à la remise en question des conventions. Les artistes questionnent les idées établies, ouvrent de nouvelles perspectives et accompagnent, voire anticipent, les évolutions et les débats en cours dans la société. Or, cet esprit antidogmatique trouve, en partie, ses racines dans le modernisme, un mouvement dont Marc Chagall (1887-1985) et Fernand ­Léger (1881-1955) sont des représentants majeurs. Du reste, l’ensemble de la production artistique contemporaine continue d’être irriguée par l’influence de ce courant. Mais revenons à Chagall et Léger. Aucun des deux artistes n’estimait nécessaire de peindre ses sujets tels qu’ils apparaissent dans la vie. Leurs styles respectifs ne sont pas réalistes. Ils ne visent pas à décrire une situation précise, ils cherchent plutôt à évoquer des idées et des sentiments. Sous leurs pinceaux, les figures et les objets sont tour à tour décontextualisés, exagérés, stylisés, voire déformés. La figuration devient un vecteur pour susciter des récits et des conversations plus larges sur la société, les sentiments et la place de l’homme dans un monde de plus en plus polarisé et industrialisé. Nés à six ans d’intervalle dans les années 1880, ces artistes ont tous les deux passés une partie de leurs dernières années sur la Côte d’Azur, dont ils ont significativement enrichi l’héritage culturel. Pour autant leurs vies démarrent de façon très différente. Si Fernand Léger débute son parcours artistique comme apprenti architecte dans sa ville natale, Argentan, dans l’Orne ; Marc Chagall, lui, voit le jour dans l’Empire russe et passe ses premières années…