« De dix à quatorze ans, j’ai connu l’amour. Je ne le savais pas, j’aurais dit qu’il s’agissait d’amitié. J’ai fait le rapprochement bien plus tard, après m’être essayée à ce qu’il est convenu d’appeler amour : ce que j’avais connu à dix ans n’était pas d’une autre nature. À ceci près qu’il n’entrait dans la joie d’alors ni saisons ni brouillards, ce qui est rarement le cas entre adultes. C’est la sécurité affective dont j’ai le souvenir, la sécurité absolue nous […]
« De dix à quatorze ans, j’ai connu l’amour. Je ne le savais pas, j’aurais dit qu’il s’agissait d’amitié. J’ai fait le rapprochement bien plus tard, après m’être essayée à ce qu’il est convenu d’appeler amour : ce que j’avais connu à dix ans n’était pas d’une autre nature. À ceci près qu’il n’entrait dans la joie d’alors ni saisons ni brouillards, ce qui est rarement le cas entre adultes. C’est la sécurité affective dont j’ai le souvenir, la sécurité absolue nous baignant comme une mer chaude qui me fait appeler amour ce que nous avons partagé, Sybil et moi. Nous vivions là un privilège, une grâce que je ne pensais pas en ces termes mais dont toutes les fibres de mon être étaient sûres. » Ces considérations qui ouvrent le livre de Laurence Cossé, Le Secret de Sybil, pose la question essentielle qui traverse le roman, celle qui a sans doute incité l’auteure à l’écrire : des années plus tard, peut-on penser sa vie à la lumière de nos amitiés enfantines ? Quand on commence seulement à s’ébrouer dans le monde, les liens semblent se nouer sur des détails infimes mais concrets. Immédiate, l’amitié entre enfants est quelque chose de l’ordre du fait. Les années passant, il subsiste une part d’énigme dans cette relation tout à la fois forte et lâche. Est-ce la raison pour laquelle on a besoin de littérature ? L’écrivaine Laurence Cossé a connu Sybil à 10 ans. Deux enfants, puis deux adultes qui ne se comprendront pas, mais dont la force est d’avoir…
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