J’ai découvert le shunga – l’art des estampes érotiques japonaises – par accident. Mon avion pour Bucarest, un matin de décembre, avait été dérouté sur Milan pour cause d’intempéries. Bloqué à l’hôtel vingt-quatre heures, j’avais pris le train pour le centre-ville, mais tous les musées étaient fermés, sauf une galerie proche du Duomo qui exposait ces « images de printemps » constituées de figures de couples, d’étoffes entremêlées, de lampes renversées, de peaux collées, de cuisses et de lèvres… Et puis il […]
J’ai découvert le shunga – l’art des estampes érotiques japonaises – par accident. Mon avion pour Bucarest, un matin de décembre, avait été dérouté sur Milan pour cause d’intempéries. Bloqué à l’hôtel vingt-quatre heures, j’avais pris le train pour le centre-ville, mais tous les musées étaient fermés, sauf une galerie proche du Duomo qui exposait ces « images de printemps » constituées de figures de couples, d’étoffes entremêlées, de lampes renversées, de peaux collées, de cuisses et de lèvres… Et puis il y a quelques jours, près de quinze ans après l’épisode milanais, j’ai trouvé sur une brocante deux estampes (xylographies) de ce style si particulier, datées du début du XiXe siècle. Elles étaient au format « manga » (18 centimètres sur 12), dans un fin papier, avec une image respectivement dans l’angle inférieur droit et supérieur gauche. L’ensemble, en noir et blanc rehaussé de peinture rouge sur les lèvres des amants, le nœud des cheveux féminins et la tranche de l’oreiller. Nul besoin d’aucune autre couleur pour donner vie à ces images semblant sorties d’un monde parallèle. J’ai eu beau essayer de demander à des amis, des collègues, des connaissances, de traduire le long texte encadrant les scènes érotiques, tous baissèrent les bras devant une si grande difficulté (ou par pudeur ?). Seule une phrase émergea du silence global, visiblement prononcée par le partenaire masculin : « Je vais me servir de tes hanches… ». Alors, j’ai eu envie d’aller plus loin, de mieux comprendre le monde étrange et savoureux des shungas. J’étais intrigué – comme médecin, ou comme anthropologue, ou…
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