© Clémence Monnet

Thérapie des cordes

Victor Dumiot

Entre extase et catharsis, kinbaku, rope bottom et shinai, plongée initiatique dans l’univers du shibari : ses rituels, ses instruments, ses disciples et ses abu-riggers.

 
Je suis la plaie et le couteau.

Charles Baudelaire
 

Les prénoms et les lieux de cet article ont été modifiés à la demande de mes interlocuteurs afin de garantir leur anonymat.

 
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– C’est ta première fois, hein ?

–Oui. Je lui réponds nerveusement, en repliant mes bras sur le tatami.

– Un conseil ? Laisse-toi faire. 

Sur ces mots, elle m’invite à m’asseoir sur le tatami, attrape mes deux mains –jointes dans un signe de fausse prière– et, selon ses indications, je me laisse faire. Elle enroule la première corde autour de mes poignets, avant de la serrer le plus fort possible. La douleur se plante sans prévenir dans ma chair, et l’abîme me saisit.

 
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Il y a quelques années, j’ai croisé par hasard une ancienne petite copine, Alexia, dans les rues de Lyon. Elle m’explique que, juste après notre rupture, elle s’est lancée dans les cordes.

– Dans les cordes ?

– Oui, je fais du shibari.

– Mais tu te fais attacher ?

– Ah non! Je préfère largement attacher. Tu n’imagines pas le plaisir que c’est de réduire des gros balaises à des petites choses fragiles.

Le 3 janvier 2024, Alexia, avec qui j’ai gardé quelques liens, m’appelle.

– Je serai à Paris dans trois semaines – silence, puis –, ce serait l’occasion de t’attacher. Ça te tente ?

J’ai toujours eu un goût pour les déviants.

Tous ceux qui, tout en respectant la loi, «viennent au monde» avec un pas de côté –une aventure que seuls des initiés s’autorisent. Tous ceux pour qui le plaisir s’endure. Ceux qui prodiguent la douleur ou la consomment comme un sacrement. Ceux pour qui dire non, stop ou ça suffit! est une manière de réclamer encore l’impact du fouet et la pression des cordes. Les gens normaux se plaisent à les pointer, monstres humains qui pullulent dans les backrooms mystérieuses et les soirées interdites, que tout le monde fantasme, mais où presque personne n’ose mettre un pied. Il faut du courage pour supporter la dynamique de ses fantasmes.

On ne parle jamais assez de la violence contenue par le lit de la bonne morale. Sur des draps blancs, parfum vanille, vous savez que les porcs aiment s’allonger. Les pratiquants du shibari manifestent un souci du consentement qui donnerait de bonnes leçons à tous ceux qui pensent l’avoir assez écouté. Il faut dire que la pratique pousse à l’extrême ce que consentir peut signifier. C’est une sorte de base-jump du sexe, où la sécurité est d’abord celle du consentement obtenu, renouvelé, et en l’absence duquel ces jeux fantasmatiques basculent et s’annulent, deviennent criminels. Liberté furieuse, funambule, qui marche sur son fil fragile et vulnérable où rien n’est d’avance balisé. Elle fait du sexe un pur art de jouir –ars erotica ou esthétique de vie si chers à mon maître, Michel Foucault. Bienvenue dans le monde des riggers, sub, dom, rope bottom, praticiens et praticiennes esclaves encordés ou maîtres encordeurs!

La perspective de cette initiation me lance sur les traces de cette pratique, dont les nouvelles tendances, notamment queers, sont à des années-lumière des clichés racoleurs ou aseptisés des réseaux sociaux.

– Oui, Alexia, attache-moi. 

 
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On ne devrait pas l’appeler shibari, mais kinbaku. Du bondage hardcore, 100% cul –ou de l’érotisme.

– Le kinbaku, à l’origine, c’est une pratique vénère et hyper codifiée des samouraïs pour torturer leurs ennemis, m’explique Charlotte Bae, une dominatrice superstar, qui tient une école des cordes dans le nord de la France.

Des samouraïs. Un instant j’imagine, la nuit recouvrant le dojo, ces impressionnants guerriers, soldats du shogun, se livrer à d’autres jeux. Ils portent ces masques que l’on croit soudés. Furieusement grimaçants. Ils sont liquides, transpirants, kimonos jetés à terre comme de grosses fleurs écrasées. Leur peau blanche luit à la lumière des lunes et des étoiles. Ils serrent et font claquer les cordes de jute sur leurs corps, anéantissent ce qui reste de honte, et touchent, avec la précision d’un laser, la région véritable du plaisir. 

– Rien d’érotique, hein ! C’est juste de la punition par l’immobilité, poursuit Charlotte. 

Bientôt, la pratique mute et intercepte les rayonnements d’une modernité ouverte aux passions et fétichismes les plus crus, qu’elle documente et expose par la photographie. Le kinbaku est né. Il offre en pleine lumière une débauche de positions obscènes et scandaleuses. Des cordes qui tordent des corps pour les ouvrir à l’œil. C’est l’artiste Seiu It qui, le premier, enfonce le couteau. D’autres suivent, comme Chimuo Nureki et John Willie. 

Depuis que le shibari s’est démocratisé en France, Monsieur et Madame Tout-le-Monde viennent voir Charlotte. Certains sont issus du milieu libertin. D’autres cherchent à introduire le shibari dans la chambre à coucher pour dynamiser leur vie sexuelle. Elle rencontre des wannabe dominées, des already dominateurs, des expérimentés, des inexpérimentés, des voyeurs, des sensuels, des timides, des complexées, des lubriques, des anorgasmiques, des jouisseuses, des masos.

Pour préparer la séance, Charlotte distribue à ses soumis et soumises un questionnaire afin de mieux cerner la personnalité de celui qui se fera attacher. C’est comme une liste des courses. On veut faire jouer la lame contre la poitrine, entre les cuisses, sur la langue. On veut se faire pincer, étouffer. Goûter au shinai, le fouet japonais. On veut se faire griffer, taillader. On s’offre au dur joug de la loi. Le soumis écrit noir sur blanc ses désirs pour laisser au maître le soin de les écrire sur son corps. D’une certaine manière, tout cela fonctionne comme la machine de La Colonie pénitentiaire, ça ordonne, ça punit.

Charlotte se rappelle une session où un homme s’est vexé parce que sa femme semblait plus habile pour attacher et faire de gros nœuds qui tiennent.

– Et le consentement dans tout cela ?

–La domination, c’est un jeu de dupes, répond Charlotte. C’est toujours le dominé qui domine, en vérité. L’attacheuse obéit davantage à celui qu’elle attache, et non l’inverse.

Ce que l’attaché offre à l’attacheur, l’attacheur doit lui rendre. C’est le mouvement synchronisé de deux planètes, offertes cosmiquement à un don-contre-don. Une érodialectique de l’être et du néant. J’assisterai à cette étrange éclipse sexuelle: attacheur et attaché s’unissent dans un gémissement continu, dans le même râle, la même respiration syncopée. Cette passion de l’autre me paraît à des années lumières de la façon dont nous, vanilles, réglons la question du sexe: par une consommation utilitaire. Nous sommes des utilisateurs sexuels sans fantasme ni imagination, des véhicules automatiques téléguidés.

D’autres femmes ont un profil plus particulier: ce sont des victimes de violences sexuelles, de grossesses compliquées, de chirurgie esthétique ratée, qui entretiennent avec leur chair un rapport traumatique.

– Avec les cordes, il y a une nouvelle relation au corps qui se crée. On se sent serrés très fort, comme lorsqu’on est bébé, dans les bras de ses parents.

– Et cela fonctionne ?

– Il faut plusieurs séances pour accompagner ces femmes à se reconnecter avec leurs corps. Je les attache, je leur apprends à attacher. C’est un moyen de leur montrer qu’elles ont du pouvoir, sur elles-mêmes mais aussi sur les autres. Peu à peu, elles reprennent confiance, goût au toucher et à toutes les sensations qui traversent leur chair.

– C’est une sorte de catharsis ?

– Oui, et puis je construis avec elle un travail de mise en parole. Je crois beaucoup à la puissance de l’écrit. On passe de la corde à la verbalisation des traumas… Les femmes qui sortent de mes séances sont plus libres.

Une thérapie par les cordes… Avec toujours cette idée d’une libération sous contrainte. Vivre des situations extrêmes consenties, c’est ouvrir la porte paradoxale de l’horizon dialectique. La corde est une prothèse transitoire pour la réalisation de soi, me dis-je. Dans la soirée, j’en discute au téléphone avec Alexia, qui surveille de loin ma petite enquête, car elle a peur que le trop initié que je suis ne raconte des bêtises. Elle peste:

– Franchement, je n’y crois pas trop, à cette approche pseudo-médicale. Ça ouvre la porte à tous les abus. Du genre, je te touche la chatte pour guérir tes blessures. Tu vois? 

Bon, Charlotte n’a pas l’air détraquée, mais je comprends bien le risque.

 
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Sur FetLife, le Facebook de tous les fétichismes, je discute avec Karolina. Elle m’invite à venir la rencontrer lors d’une jam à Marseille. Dimanche soir, 19 heures, dans un complexe associatif situé à l’est de la ville, entièrement aménagé autour d’un grand bar, de tatamis et de bambous de suspension accrochés un peu partout au plafond, je la retrouve avec sa copine, Elsa. Nous sommes une bonne vingtaine. Les gens viennent ici chercher dans la jam un cadre safe pour s’adonner à leurs jeux, tandis que des membres de l’association circulent, donnent des conseils et interviennent en cas de problème. Un mauvais nœud sur le bras suffit à atteindre le nerf radial, et c’est perte irréversible de motricité. On peut aussi mourir par arrêt cardiaque ou étranglement.

– Pourquoi aimes-tu te faire attacher ?

– Parce que c’est bon. Quand je suis attachée, j’entre dans un état second grâce aux endorphines. C’est comme une transe.

– Mais dans cet état, celui qui t’attache peut tout te faire ?

– Oui! C’est pour cela qu’il doit toujours garder le contrôle, en particulier de lui-même, ne jamais se laisser prendre à son propre jeu.

En 2018, la communauté du shibari a été frappée par une vague de dénonciations visant certains hauts représentants de la pratique. Un #MeToo des cordes. Cyril G., principal accusé, fait l’objet d’au moins quatre témoignages, tous disponibles sur Twitter, qui décrivent différents types de sévices, subis par des femmes, allant de la torture au viol. Il n’est pas le seul. Avec la démocratisation du shibari sur les réseaux sociaux, de plus en plus d’hommes ont bien compris que proposer une initiation à des mannequins est un excellent moyen d’attirer la chair fraîche dans le dojo. Ces abu-riggers ont tendance à minimiser la dimension sexuelle du shibari, pour insister sur les vertus esthétiques, comme si c’était un art avant tout. Les femmes, encordées, ne comprennent alors pas pourquoi, dans cet art, l’homme qui attache bande, bave, a les mains baladeuses. Les agresseurs profitent de la fausse bonne réputation que la pratique a acquise pour se livrer à l’ignoble. Un porc, ça reste un porc.

Une chasse aux abuseurs a été faite, bien sûr insuffisante, dans un monde si petit, qui tient tant à sa discrétion. De nouvelles associations ont remplacé les anciennes et créé des lieux de «pratique» plus safe, mieux encadrés, pour du cul plus éthique.

– On ne se contente plus d’envoyer, comme les anciens, un simple questionnaire avec des cases à cocher. Le consentement doit être éclairé, libre, informé, spécifique et toujours RÉVOCABLE (elle insiste).

Karolina privilégie l’opt-in: juste avant la session, l’attaché expose ce dont il a envie (plutôt que l’inverse). Seules les envies exprimées serviront de feuille de route. On n’ira pas plus loin. Le consentement n’est jamais totalement acquis, il est scruté, surveillé, écouté.

– Tu viens ? me demande Karolina.

 
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C’est la première fois que j’assiste à une séance de shibari.

Gêné, dans la position du voyeur, installé avec mon carnet de notes devant les deux amies, je demande une nouvelle fois à Karolina si elle est bien certaine de vouloir le faire devant moi.

– Ah non ! Aucun problème !

Ces deux-là n’ont pas 30 ans, deux gabarits très différents, Elsa est tatouée de la tête aux pieds, avec dans le dos une large version de Saturne dévorant un de ses fils, Karolina ressemble à une fille plutôt sage, blonde, menue, souriante. Elles se font face, la négociation commence. Indispensable au consentement, elle fait aussi partie du fantasme. L’énoncé d’une pratique déploie dans l’imaginaire de celui qui le prononce mille feux de plaisir.

– Ce soir, j’ai envie d’être bien punie.

– Comment ?

– Impact, cire, inversion et griffures. 

Karolina retire sa robe, ne porte plus qu’un simple body noir, et s’installe sur le tatami. La séance commence. Elsa, déjà dans son rôle, lui tourne autour. L’animal renifle sa proie. Elle s’assoie derrière elle et l’attrape par le cou. Karolina, yeux clos, couche délicatement sa tête en arrière contre l’épaule de sa partenaire, se laisse faire dans une étrange tendresse. Une première corde sert à ligoter ses poignets vers l’avant. Le nœud est serré très fort. Karolina lâche une première plainte. Elsa invite son amie à s’allonger sur le côté. Se tenant sur ses genoux, comme un chasseur en embuscade, elle lui tire les cheveux vers l’arrière et lui murmure, oreilles bien dégagées, quelques paroles obscènes. C’est le kotobazeme. Du bondage par la parole pour soumettre l’esprit. Karolina gémit, on dirait qu’elle a peur, commence à se débattre. «Pas si fort!» mais Elsa tire de plus belle sur les cheveux. Je me sens inquiet, est-ce qu’il faudrait que la séance s’interrompe, est-ce bien un jeu? Je reste sans bouger. Réclamer l’inverse de ce que l’on désire est ici une manière d’assurer que l’on consent, que l’on est toujours conscient. 

– Qu’est-ce que je vais bien faire de toi ? souffle Elsa.

Elle attrape alors de nouvelles cordes, se remet à genoux, puis finit de ligoter les bas membres. Chevilles attachées aux cuisses. Je regarde la chair serrée, comprimée, qui se gonfle de part en part. Le corps est un matériau que l’attacheur travaille. Les nœuds, les points d’attache, la qualité des cordes déterminent le résultat final. Une nouvelle corde, reliée au mollet, passe en hauteur, entoure le bambou de suspension et permet d’écarter légèrement ses cuisses en tirant dessus. Karolina, un pantin dirigé par une marionnettiste perverse qui laisse son œil s’amuser. Deux autres cordes viennent parfaire le système d’attache, l’une au niveau du corset, l’autre au niveau de la hanche. Elsa enroule alors les cordes dans un système de poulies et tire d’un coup vers le bas, faisant lever le corps vers le ciel. Le miracle sous mes yeux advient. Inversion du corps, tête plongée dans le vide. Karolina expire une douleur intense, vive, qui la prend à tous les points de suspension. Ce n’est pas un cri, ce n’est plus un gémissement. Quelque chose se passe dans ses profondeurs, tandis que la corde la griffe et lui mord la peau. Voir un corps porté dans les airs, comme un gigot, est assez spectaculaire. Quelque chose de l’épiphanie d’une chair vivante, battante, désirante.

Elsa s’assure qu’elle n’a pas trop mal, checke surtout ses nerfs. Tout semble OK.

Deux heures trente plus tard, le désencordage de Karolina commence. Un moment sacré, le passage d’un seuil à l’autre. Son visage, comme tous ceux que j’ai pu observer ce soir, ressemble à celui de sainte Thérèse par Le Bernin. Même extase que D’Avila. Extase cosmique du vertige par la douleur. Plaisir introspectif du recroquevillement. Les mains d’Elsa la caressent. Et l’attachée se délivre de son agréable mauvais sort, comme si la soumission n’était qu’une farce.

 
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Nous sommes une civilisation de la contrainte. Nos vies entières sont sacrifiées à faire semblant, à ignorer ce que nous pressentons trop bien, tout ce qui, dans le fond de nous-mêmes, s’agite et grouille: la menace toujours précise du Grand Crime et de la Catastrophe. Je suis le volcan analogue dont l’irruption est permanente. Je suis la rage qui coule et s’échappe par je-ne-sais-quel puits magmatique. Je suis l’homme-souterrain. L’homme de toutes les cavernes, celui de l’underground. Je suis le flux et le reflux du mal toujours présent, toujours grouillant, qui brasse. Je suis le vertige, l’abîme et la tentation. Je vis sous l’exposition radioactive de mon cerveau reptilien. Il n’y aura pas de mise sous scellé. Ma civilisation des mœurs est une tour de Kapla.

Alexia devrait bientôt arriver. Un athée ne prie que lorsqu’il craint, comme la particule attrapée par l’accélérateur, de voir sa nature matériellement altérée. Suis-je consentant ? Alexia dit qu’on se connaît assez tous les deux.

– Tu voudras prendre des photos ?

– Mais, Victor ! Le shibari, ce n’est pas un fucking art, c’est un putain de kink, me répond-elle en ricanant. 

Je suis la main d’Alexia. Je suis la corde qui brûle. Je suis mon genou tiré, ma cheville suspendue, mon cou serré. Je suis toute l’agitation nerveuse. Je suis un premier cri strident. Je suis elle, mon corps et moi.

Que la session commence ! 

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Entre extase et catharsis, kinbaku, rope bottom et shinai, plongée initiatique dans l’univers du shibari : ses rituels, ses instruments, ses disciples et ses abu-riggers.   Je suis la plaie et le couteau. Charles Baudelaire   Les prénoms et les lieux de cet article ont été modifiés à la demande de mes interlocuteurs afin de garantir leur anonymat.   0   – C’est ta première fois, hein ? –Oui. Je lui réponds nerveusement, en repliant mes bras sur le tatami. – Un conseil ? Laisse-toi faire.  Sur ces mots, elle m’invite à m’asseoir sur le tatami, attrape mes deux mains –jointes dans un signe de fausse prière– et, selon ses indications, je me laisse faire. Elle enroule la première corde autour de mes poignets, avant de la serrer le plus fort possible. La douleur se plante sans prévenir dans ma chair, et l’abîme me saisit.   1   Il y a quelques années, j’ai croisé par hasard une ancienne petite copine, Alexia, dans les rues de Lyon. Elle m’explique que, juste après notre rupture, elle s’est lancée dans les cordes. – Dans les cordes ? – Oui, je fais du shibari. – Mais tu te fais attacher ? – Ah non! Je préfère largement attacher. Tu n’imagines pas le plaisir que c’est de réduire des gros balaises à des petites choses fragiles. Le 3 janvier 2024, Alexia, avec qui j’ai gardé quelques liens, m’appelle. – Je serai à Paris dans trois semaines – silence, puis –, ce serait l’occasion de t’attacher. Ça te tente…

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