Longtemps les Etats-Unis ont soutenu des dictatures en Amérique latine, en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient sous le prétexte de combattre le communisme. Cette stratégie, défendue par Henry Kissinger lorsqu’il était secrétaire d’Etat du président Richard Nixon, visait à assurer l’hégémonie américaine. Grâce à Jimmy Carter, élu à la Maison Blanche en 1976, Washington a peu à peu renoncé à cette vision impérialiste alors qu’un vent de démocratisation soufflait sur pratiquement toute la planète. Après un premier mandat, entre 2016 et 2020, qui semblait marqué par un repli sur soi, une forme d’isolationnisme, Donald Trump a surpris la communauté internationale en affichant ses prétentions sur le Groenland, qui dépend du Danemark, sur le Panama et même sur le Canada. Il serait facile d’y voir les
élucubrations d’un homme dérangé car on ne voit pas en quoi ces sorties tonitruantes peuvent le servir sur la scène politique intérieure.
En revanche, les Européens doivent se réveiller et cesser de croire qu’on peut travailler avec Donald Trump. Sous Joe Biden, les Etats-Unis, adeptes du double standard en matière diplomatique, avaient déjà montré qu’ils se souciaient peu du droit international, soutenant activement leurs alliés et sanctionnant promptement leurs « ennemis. » Avec le nouveau chef de la Maison Blanche, cela sera pire. D’ores et déjà, il a proposé de déporter la population palestinienne de la bande de Gaza vers la Jordanie et l’Égypte, ce qui correspond à un crime de guerre. S’agissant du Groenland, il semble n’avoir pas compris que s’il mettait à exécution sa menace d’envahir ce territoire, la Chine y verrait un feu vert pour attaquer Taïwan, de quoi provoquer une grave crise internationale avec des répercussions économiques incalculables. La Russie pourrait de son côté annexer l’Ukraine. Tout doit être fait pour rappeler à l’ordre Donald Trump. La première ministre danoise Mette Frederiksen a obtenu cette semaine le soutien de ses alliés européens. Mais l’Europe est-elle en mesure de riposter à une offensive militaire américaine ? Non. Les dirigeants européens, à l’exception de la présidente du conseil italienne, Georgia Meloni, sont aujourd’hui fragilisés par leurs errements. S’ils veulent retrouver du crédit, ils doivent définir un plan pour contrer les Etats-Unis. Cela passe par des sanctions ciblant des entreprises emblématiques européennes. Une guerre commerciale n’est dans l’intérêt de personne mais l’Europe a là l’occasion unique de montrer qu’elle existe. Sinon, elle sortira de l’histoire, par la petite porte.