Le feu sacré

L’introduction du bronze en France, entre 2300 et 800 avant Jésus-Christ, a transformé radicalement l’Europe, permettant l’émergence d’une nouvelle civilisation. En dérobant le feu aux dieux de l’Olympe pour l’offrir aux hommes, Prométhée leur a permis de découvrir divers arts. Métaphoriquement, il leur a apporté la connaissance. Cette transgression déclenche la foudre de Zeus, qui le condamne à être attaché à un rocher du Caucase afin qu’un aigle vienne dévorer son foie chaque jour. Cet épisode de la mythologie grecque, sans doute emprunté à des légendes de l’Inde védique et d’autres régions d’Asie, apparaît emblématique de l’âge du Bronze, qui marque la naissance de la métallurgie. Fondre le cuivre et l’étain pour fabriquer du bronze est une révolution technique majeure. Pour Claude Mordant, président de l’association pour la promotion des recherches sur l’âge du Bronze (Aprab) et professeur émérite de protohistoire européenne à l’université Bourgogne-Europe, «cela relève de la high-tech car c’est l’alliage de deux métaux qui n’ont pas les mêmes propriétés et qu’on doit aller chercher dans des endroits différents.» L’âge du Bronze débute à partir de 3000 av. J.-C. au Moyen-Orient, probablement dans le nord-ouest de l’Anatolie, avant d’englober les grandes civilisations de la région. Il prend véritablement son essor un millénaire plus tard et c’est à ce moment-là que les Européens entrent dans la danse. Attiser le feu, sortir le métal de sa gangue de minerai relève de l’exploit. L’être humain peut ainsi mettre à profit son intelligence et prolonger le rêve prométhéen. Car cet alliage permet…