L’autre, c’est moi

Par William Emmanuel

Et si, face à un monde déchiré par des conflits militaires, politiques ou sociétaux de plus en plus violents nous tentions de redécouvrir les vertus de la bienveillance ? Question sans doute naïve qui suscitera plus de dédain que de réponse en cette époque agonistique où prévalent les positions tranchées, les ruptures irréconciliables et les dialogues de sourds. La tolérance, qui consiste à supporter ce que l’on désapprouve, semble avoir disparu. Un constat qui semble rendre fantasmatique voire illusoire l’idée de bienveillance.

Pourtant, nous devons continuer à vivre ensemble, dans notre village, dans notre ville, dans notre pays, sur notre continent, sur notre planète. Il n’y a pas de plan B, car « il n’y a pas de planète B », disait le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres. Une évidence que confirme Étienne Klein dans l’entretien qu’il nous a accordé : quand bien même la vie serait-elle possible sur l’une ou l’autre des exoplanètes, elles sont toutes bien trop lointaines pour que nous puissions espérer les habiter un jour. Faute d’alternative, et sauf à nous résigner à l’extinction de notre espèce, il nous faudra donc bien cultiver l’irénisme.

Dès les premiers temps de la Seconde Guerre mondiale, Albert Einstein n’a pas hésité à s’engager pour cette cause, posant en 1940 cette question cruciale : « Est-il possible de lutter pour un ordre international fondé sur la justice ? »

Un tel objectif paraît inatteignable mais doit-on l’abandonner ? Il est nécessaire de réhabiliter d’abord le dialogue, qui incite à développer sa propre pensée, comme le faisaient les philosophes de l’Antiquité. De nos jours, l’on écoute pour répondre bien plus que pour comprendre. L’évolution médiatique, avec les réseaux sociaux, conduit à cette tyrannie du clash où chacun doit choisir son camp, où chacun se persuade de représenter le bien et d’avoir le droit de combattre le mal par tous les moyens, jusqu’à l’annihilation de l’autre.

Sur ce champ de bataille idéologique, voire théologique, la bienveillance est traitée avec mépris, tout comme l’expression de bons sentiments. Cette disposition d’esprit incitant à la compréhension et à l’indulgence n’implique nullement l’abandon de ses convictions, comme l’explique Emmanuel Hirsch dans son essai. Il n’est pas question de renoncer à se défendre et à protéger les siens. Mais toute réplique doit respecter l’humanité de l’autre. Considérer, comme Marc Aurèle (121-180), qu’« il est naturel à l’homme de protéger tous les hommes », n’est pas un aveu faiblesse. C’est reconnaître qu’il n’y a qu’une communauté humaine et que nous devons partager une même planète.

Sortir de cette logique mortifère est une urgence absolue. Nous devons, tous, nous poser cette question : En quoi « souhaiter le bien de l’autre » nous est-il préjudiciable ?...

Et si, face à un monde déchiré par des conflits militaires, politiques ou sociétaux de plus en plus violents nous tentions de redécouvrir les vertus de la bienveillance ? Question sans doute naïve qui suscitera plus de dédain que de réponse en cette époque agonistique où prévalent les positions tranchées, les ruptures irréconciliables et les dialogues de sourds. La tolérance, qui consiste à supporter ce que l’on désapprouve, semble avoir disparu. Un constat qui semble rendre fantasmatique voire illusoire l’idée de bienveillance. Pourtant, nous devons continuer à vivre ensemble, dans notre village, dans notre ville, dans notre pays, sur notre continent, sur notre planète. Il n’y a pas de plan B, car « il n’y a pas de planète B », disait le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres. Une évidence que confirme Étienne Klein dans l’entretien qu’il nous a accordé : quand bien même la vie serait-elle possible sur l’une ou l’autre des exoplanètes, elles sont toutes bien trop lointaines pour que nous puissions espérer les habiter un jour. Faute d’alternative, et sauf à nous résigner à l’extinction de notre espèce, il nous faudra donc bien cultiver l’irénisme. Dès les premiers temps de la Seconde Guerre mondiale, Albert Einstein n’a pas hésité à s’engager pour cette cause, posant en 1940 cette question cruciale : « Est-il possible de lutter pour un ordre international fondé sur la justice ? » Un tel objectif paraît inatteignable mais doit-on l’abandonner ? Il est nécessaire de réhabiliter d’abord le dialogue, qui incite à…

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