Ciel dégagé, brise légère. Un léger clapotis me berce doucement dans ce matin calme. Un rayon de soleil se détend sur mon roof, telle la queue d’un lézard géant. Je les observe, un après l’autre, franchir la coupée en file indienne. Monter à bord, le pied en équilibre, la main de Peter, le skipper, qui les aide à se stabiliser sur le pont. Ils ressemblent à leurs prédécesseurs, comme les suivants leur ressembleront. Faits dans le même moule, habillés à […]
Ciel dégagé, brise légère. Un léger clapotis me berce doucement dans ce matin calme. Un rayon de soleil se détend sur mon roof, telle la queue d’un lézard géant. Je les observe, un après l’autre, franchir la coupée en file indienne. Monter à bord, le pied en équilibre, la main de Peter, le skipper, qui les aide à se stabiliser sur le pont. Ils ressemblent à leurs prédécesseurs, comme les suivants leur ressembleront. Faits dans le même moule, habillés à l’identique – cinquantaine grisonnante et pull zippé mérinos pour les hommes, trentaine débordante, la ligne tenue, déjà botoxées, et marinières Saint James pour les femmes. Encore des marins d’eau douce qui viennent goûter l’air du large. Je sais bien ce qu’ils veulent. Voir hisser mes voiles, sentir la vague cogner sous ma coque, avec juste ce qu’il faut de tangage, histoire de connaître ce frisson des navigateurs au long cours dont on leur a parlé. Pour faire bonne figure, ils feront front en se tenant aux drisses, un œil sur l’horizon. Les plus téméraires iront à ma proue, me voir danser sur le parquet des flots. Et quand je ferai escale dans une crique aux eaux cristallines – car c’est bien connu, tous les voiliers de légende jettent l’ancre, à un moment ou à un autre, dans un paradis perdu –, ils se remettront de leurs émotions, devant une petite friture du golfe et un homard bleu en salade, arrosés de champagne millésimé. Ils s’en mettront plein la lampe et les doigts, comme…
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