elle est l’avenir du cinéma français
À dix ans, Luàna Bajrami tournait son premier film. Après avoir écrit et réalisé La colline où rugissent les lionnes, l’actrice franco-kosovare de 21 ans prépare aujourd’hui le second. Portrait d’une surdouée.
Luàna Bajrami a toujours écrit des histoires. Noirci des dizaines et dizaines de cahiers, qu’elle garde précieusement. « Quand j’écris, je me sonde », dit-elle. Dès son plus jeune âge, elle a mis ses récits en images avec la caméra de sa mère, puis avec celle qu’on lui a offerte à 10 ans. Née en 2001, dans le Val-de-Marne, Luàna Bajrami a grandi jusqu’à ses sept ans au Kosovo, pays indépendant depuis 2008, après un long conflit avec son voisin serbe. Aujourd’hui encore, le Kosovo n’est pas reconnu par tous les membres des Nations unies, ni même par tous ceux de l’Union européenne. Pour ses débuts derrière la caméra, elle a eu envie de revenir dans son village, filmer l’émancipation de trois jeunes femmes face au patriarcat, avec les collines de son enfance en toile de fond.
Dans un bar d’hôtel parisien, sirotant une limonade, la cinéaste-actrice de 21 ans raconte tout naturellement son enfance au Kosovo, « beaucoup de liberté, de nature » dans un environnement « joyeux et lumineux ». L’école consiste en des cours particuliers avec plusieurs enfants. À 7 ans, elle arrive en France. Sa mère travaille dans l’urbanisme, son père dans le mobilier de cuisine. Elle est encore fille unique. Ses deux petites sœurs arriveront plus tard. « Je n’ai eu pas eu de choc en déménageant, je parlais très bien français, mais je me souviens du changement, le passage du village à la ville. Et le rapport à la nourriture m’a marquée : nous, on mangeait des légumes et fruits du potager du jardin », se souvient-elle en replaçant une mèche de ses longs cheveux derrière ses épaules.
Dans le Val-de-Marne, ses parents l’inscrivent à des cours de théâtre et de musique – elle joue toujours de la batterie. Chaque année, elle retourne au Kosovo. Un jour, après avoir vu Les Enfants de Timpelbach (2008), de Nicolas Bary, Luàna demande à sa mère la permission de tourner dans un film. Elles trouvent un casting. Luàna décroche le rôle. Elle a 10 ans. Dans le téléfilm, Le Choix d’Adèle, elle partage l’affiche avec Miou-Miou. Elle joue alors Kaniousha, une petite Albanaise du Kosovo sans papiers. « Le plus difficile, c’est de bien sentir le personnage, de le comprendre intimement. Kaniousha, c’est une petite fille fermée, traumatisée », avait-elle déclaré lors d’une interview télévisée, sur le tournage du film. Une maturité déjà bien ancrée. Interpréter une enfant exilée, était-ce compliqué ? « À un moment, on a tourné une scène dans un centre de rétention de réfugiés, ça m’avait marquée, mais j’avais vraiment un rapport curieux avec tout ça et n’étais pas du tout traumatisée. Je pense que je n’avais pas totalement conscience de la situation. J’étais aussi super contente de pouvoir parler Albanais dans un film français. Finalement, c’était assez innocent comme approche : le concept de fabrication d’un film était très flou pour moi. » Sur le plateau, elle vit un « rêve éveillé ». De ce lieu où elle se sent tout de suite à l’aise, elle peut observer le travail du cinéaste, des cameramans, des ingénieurs son... Elle découvre alors ce qu’est un scénario et commence à écrire ses propres récits en séquences : « Je me suis dit : c’est comme ça que je veux raconter des histoires. »
« On m’a toujours dit que j’avais une maturité désarçonnante. L’école, ça m’ennuyait un peu... »
En CM1, inspirée par son expérience, elle propose à sa classe de tourner un court-métrage. « Je les ai tous embarqués. Le film n’avait aucun sens, c’était sur une bande de copines – comme d’habitude – qui essayaient de démanteler un réseau de robots ! C’était ma phase Tim Burton donc j’avais un univers un peu dérangé. On s’était bien marré », sourit-elle en mimant des scènes avec ses mains fines aux ongles vernis de rouge bordeaux. Dans les histoires qu’elle compose, elle tient toujours à mettre en scène et explorer des personnages de son âge. Après Le Choix d’Adèle, elle évoque « cinq ans de nage, de vide » durant lesquels elle apparaît quand même dans quelques courts-métrages d’étudiants de l’école de cinéma de la Fémis, qu’elle sollicite « toujours au culot ». Elle poursuit le collège, puis le lycée « avec facilité », mais sans grand entrain : « Je savais très bien m’adapter à ce qui était attendu, mais je me sentais un peu cloisonnée. » Elle continue le théâtre jusqu’en seconde, dans un conservatoire du Val-de-Marne. « En vrai, à ce moment-là, je m’accroche un peu, je me posais beaucoup de questions, les castings ne marchaient pas... Mais ça m’a libérée de la pression d’en passer. » Elle réalise des petits films de deux minutes pour des festivals. « Ça m’a vraiment formée parce qu’il y avait un cadre que je ne m’étais jamais imposé. De toute façon, je suis toujours nulle en organisation, ça n’a pas changé ! »
Alors qu’elle a 15 ans, Luàna tente un nouveau casting pour Marion, 13 ans pour toujours, un téléfilm de Bourlem Guerdjou, qui retrace le destin de Marion Fraisse, une adolescente harcelée à l’école qui a fini par se suicider. Une histoire vraie, adaptée du livre éponyme écrit par sa mère Nora Fraisse et diffusée en 2016 sur France 3. « Le casting était long : c’est dur quand on caste pour le rôle de quelqu’un qui a existé mais qui n’est plus là, il y a une pression énorme. » Luàna se documente alors sur le harcèlement scolaire : « Ça a été une obsession pendant un moment. » Elle a même essayé de mener des actions de prévention dans son lycée, sans grand succès. Elle se félicite en tout cas de l’impact du film sur l’opinion publique. « On m’a beaucoup écrit sur Instagram, Facebook, je répondais à ma manière, j’essayais de rassurer, d’être un soutien, de rediriger vers des structures. J’ai été une oreille pour beaucoup de jeunes, finalement. Ce film est une référence. On m’écrit encore aujourd’hui. » Après le tournage, le réalisateur la met en lien avec une agent. Elle prend conscience que le cinéma peut devenir son métier. Comme toujours, ses parents sont derrière elle : « Ils m’ont soutenue constamment dans ce que j’ai entrepris. » Avec une règle : qu’elle passe son bac et ne délaisse pas l’école.
Portrait de Luàna Bajrami ©Cosmo
Avec le film de Sébastien Marnier, L’Heure de la sortie, elle fait ses débuts sur grand écran. Elle y joue une adolescente surdouée. Pas si loin d’elle. « Le rôle était plaisant à jouer parce que c’était presque la caricature de moi à l’école. On m’a toujours dit que j’avais une maturité un peu désarçonnante. L’école, ça ne me prenait pas beaucoup de temps, limite, ça m’ennuyait un peu, j’ai sauté une classe… Si je travaillais bien, je pouvais faire ce que je voulais à côté. » Elle entreprend une première scientifique puis change pour une terminale littéraire : « La meuf qui tient pas en place », se marre-t-elle. Elle décroche finalement son bac mention très bien, avec 19 en philosophie. À chaque tournage, elle ouvre grands ses yeux, scrute, détaille chaque geste... « Dans mon for intérieur, sur les plateaux, je sais que je suis aussi en observation et que ça me forme, je suis à fond. Je pense avoir voulu être actrice pour devenir réalisatrice. » Entre deux projets, elle trouve du temps pour retourner au Kosovo, où vit sa grand-mère : « Ça, ça bouge pas. » Luàna, elle, bouge, mais sans jamais cesser ni de lire, ni d’écrire. Elle voue un réel amour à la littérature, que tous ses collègues remarquent. « J’adore aller au cinéma, mais je pense que je lis plus que je ne regarde de films. C’est abusé, c’est trop bien. » Elle cite pêle-mêle ses dernières lectures : À l’Est d’Eden (John Steinbeck), Les Frères Karamazov (Fiodor Dostoïevski), Peau de chagrin (Honoré de Balzac), Les Identités meurtrières (Amin Maalouf), Karnak Café (Naguib Mahfouz)… Côté cinéma, elle revendique être « inspirée » par Céline Sciamma et Xavier Dolan. Elle évoque aussi Quentin Tarantino ou le film Thelma et Louise de Ridley Scott.
En 2018, elle enchaîne le tournage de deux films : Fête de famille de Cédric Kahn et le renversant Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, dans lequel Luàna tient le rôle de Sophie, la femme de chambre. Elle se souvient encore du moment où elle a su qu’elle était prise. « Je suis debout sur la table basse de mon appartement provisoire. Céline m’appelle et me dit “c’est bon tu vas jouer Sophie”, et là, c’était l’explosion. » Le tournage est « hyper bienveillant, très famille, avec que des meufs, riche intellectuellement, on s’amusait beaucoup, on débattait... » Ce rôle lui vaut une montée des marches à Cannes, un Swann d’or de la révélation féminine au Festival du film romantique de Cabourg et une nomination aux César 2020, catégorie du meilleur espoir. « Je l’ai pris comme une reconnaissance… Bon, après, les César, c’était pas une cérémonie de fou ! Oh putain, qu’est-ce qu’on a ri, enfin on a ri jaune quoi ! » C’est en effet la cérémonie au cours de laquelle Adèle Haenel, sa partenaire dans le film, a crié « La honte ! » en quittant la salle quand un César a été remis à Roman Polanski, accusé de plusieurs faits de violences sexuelles.
Après le tournage de Portrait de la jeune fille en feu, en janvier 2019, Luàna retourne au Kosovo. Elle a 17 ans et, en revenant de ce voyage, rédige une première version du scénario de son film en une semaine, à moitié en français et à moitié en albanais. « Je me suis un peu auto-surprise, je me suis dit : ok, donc t’es capable d’écrire un long-métrage… J’avais beaucoup de doutes, je me posais des questions sur ma légitimité. » Sa première lectrice est sa mère avec qui elle a « une grosse entente artistique » : « J’ai foi en son regard. Elle était émue. Elle est aussi franco-kosovare, ça faisait beaucoup écho en elle. » Sa mère pointe les choses à retravailler. Luàna peaufine puis fait lire à Céline Sciamma et à Sébastien Marnier. Les retours sont encourageants. Elle travaille à nouveau et se lance dans l’organisation. Elle souhaite que le tournage ait lieu six mois plus tard : « J’étais persuadée que j’allais changer de vision si j’attendais plus. Ce qui m’intéressait avec ce film, c’était de capturer une énergie, un âge entre 18 et 20 ans, un peu comme une photo. » L’histoire n’est pas autobiographique, explique Luàna, mais très personnelle : « Il y a des événements inspirés de mon vécu, de choses dont j’ai été témoin... » La première séquence qu’elle écrit – celle qui ouvre le film – nous présente les trois personnages principaux, trois amies en train de rugir comme des lionnes en haut d’une colline. « C’est mon univers. Hurler comme ça sur une colline, on l’a fait, oui. » Son ambition : « Faire un film sur la jeunesse sans filtre nostalgique, l’envie de quelque chose de brut. » Pour accélérer le processus, elle monte une boîte de production avec Val, une proche : « On disait qu’on jouait au poker sans lunettes de soleil, c’était un saut dans le vide, très instinctif, parce qu’on n’y connaissait rien. On s’est soudainement ultra-organisées. » La détermination dépasse la peur : « Je me disais que j’allais certainement me tromper et que même si c’était un grand raté, je n’avais que 18 ans, personne ne m’en voudrait. C’est une liberté que t’as à cet âge-là. » Elle n’échappe pas à quelques mots méprisants : « Jamais je mets une équipe pour toi », ou « Tu tiendras pas un jour de tournage ». « Plus on me disait ça, plus ça me donnait la rage de le faire. » Elle réalise les repérages dans le village de son enfance, le casting sur Instagram mais aussi dans les universités d’acteurs et actrices du pays. « On n’avait pas tout l’argent deux semaines avant de tourner, on était en mode guérilla style. Comme le Kosovo n’est pas reconnu partout, c’était compliqué d’avoir des aides publiques. » C’est finalement une coproduction franco-kosovare qu’elle tourne en quatre semaines, avec une partie de l’équipe logée chez sa grand-mère : « Merci Mamie ! » Un film nécessaire pour elle : « C’était important de dresser un portrait d’une certaine jeunesse, avec le thème de l’amitié qui reste assez central, mais aussi les histoires d’amour, les rapports aux familles et des sujets universels qui me touchent et que j’ai envie de mettre en lumière, parce qu’encore tabous, notamment l’inceste, le corps de la femme, le rapport au père... »
« J’adore aller au cinéma, mais je pense que je lis plus que je ne regarde de films. C’est abusé, c’est trop bien. »
Ses protagonistes parlent de leur vie comme d’une « prison ». Une idée qui a émergé de discussions avec sa cousine avec qui elle a grandi, « sa voisine dans le village », mais aussi avec les actrices : « J’ai mis du temps à comprendre l’impact du visa au Kosovo : sans visa, on ne peut se rendre que dans une poignée de pays et ça, ça pèse sur le moral général, sur les rêves et l’ambition. Il y a une forme d’idéalisation de l’ailleurs, de l’Europe occidentale, des États-Unis, et pour certains, le but d’une vie, c’est d’y aller. Ce rapport d’idéal est beaucoup ramené par la diaspora. On m’a toujours dit :“Toi, t’as de la chance, tu peux faire les deux.” » Luàna joue d’ailleurs une jeune Franco-kosovare dans son film : « Je me suis questionnée sur ma légitimité à parler de la jeunesse kosovare, c’était presque l’esquisse de mon duel intime dans mon rapport avec mes pairs en France et au Kosovo. » « On a le droit d’être heureuses chez nous », dit une de ses héroïnes. Pourquoi cette phrase ? « Ça découle de mes interrogations sur ma double identité. Cela veut dire qu’on ne quitte pas ce pays parce qu’on le déteste, mais parce qu’il n’y a pas de perspective. On est presque poussées à devoir le quitter, ce n’est pas un choix de cœur et ça, c’est triste. Parce que c’est difficile de partir, parce que c’est difficile de revenir. » D’où la joie de Luàna d’avoir pu organiser des projections de son film La colline où rugissent les lionnes à Pristina, la capitale. C’est la musique de son enfance, celle qu’elle écoutait avec son père, notamment les chansons du groupe kosovar de rock des années 1980, Gjurmët, qui accompagne le long-métrage.
Hugo Paturel, le chef opérateur du film, estime avoir « grandi » aux côtés de Luàna, bien qu’il soit un peu plus âgé qu’elle. Il la décrit comme une « femme formidablement inspirée et animée. Au début, elle n’avait peut-être pas la recette, mais elle avait la vision de ce qu’elle voulait faire ». Il se félicite de leur « connivence artistique » et adore leurs « discussions littérature » à n’en plus finir. Sa « spontanéité » et son « autorité naturelle » en tant que réalisatrice l’ont marqué. Il a pu l’épauler dans ce que la cinéaste appelle un « travail instinctif », sur un film où il fallait savoir s’adapter à toutes les situations (une actrice qui fait faux bond, un décor qui change à la dernière minute...). « On a beaucoup bossé en lumière naturelle, pour l’aspect économique, mais in fine je suis assez contente de ça, affirme Luàna, car c’était moins d’installations donc plus de temps avec les acteurs et plus de prises. » Des actrices et acteurs qu’elle filme avec « énormément de bienveillance, de l’amour littéralement : j’avais envie de les sublimer ». Pour l’image, Hugo Paturel et elle ont beaucoup travaillé sur des successions de « tableaux », de plans fixes : « Ça permettait d’enfermer les actrices dans un cadre, qui symbolise la prison en général et les lionnes en cage. » Luàna voulait du réalisme. Elle raconte même avoir regardé, avec son chef opérateur, des documentaires animaliers sur les lionnes pour tenter de filmer ses actrices de la même façon : « On est des gens perchés », s’amuse-t-elle. L’amour lesbien tient aussi une place dans le film de Luàna : « Au Kosovo, il n’y a une Pride que depuis 2016. Les amours restent cachées, c’est d’une tristesse... Le problème du Kosovo, c’est que c’est un pays de contradictions, d’un côté une américanisation avec des fast-foods partout, et de l’autre, des traditions et des mœurs patriarcales. »
« Je me suis questionnée sur ma légitimité à parler de la jeunesse kosovare, c’était presque l’esquisse de mon duel intime. »
Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, en lice pour la Caméra d’or et la Queer Palm au Festival de Cannes en 2021, le premier long métrage de Luàna est sorti en avril dernier, salué par la critique. « Ode à la sororité » pour Télérama. « Une cinéaste est née », pour Première. Et cela tombe bien, puisque Luàna prépare son deuxième film, toujours au Kosovo, toujours sur la jeunesse. « Je n’ai pas épuisé le sujet ! » Elle n’en dit pas plus pour le moment. « Tournage à l’automne, inch’ Allah », précise-t-elle en touchant du bois. Superstitieuse ? « Superstitieuse de ouf ! » Pour un possible futur projet, elle documente également les questionnements de la jeunesse en filmant presque en continu lorsqu’elle se rend au Kosovo, avec la caméra qu’elle a depuis ses 10 ans : « Comme je fais partie de cette jeunesse-là, je filme mes potes. Et la caméra ouvre un dialogue. Je pense que c’est exploitable, mais pas tout de suite, il faut que je me concentre. » Tout en avançant sur ses propres créations, elle a tourné dans les films de Bruno Podalydès, Samir Guesmi, Michel Hazanavicius, mais aussi dans L’Événement d’Audrey Diwan (d’après le roman d’Annie Ernaux). Des choix toujours réfléchis. « C’est une rencontre avec le ou la metteuse en scène. Il faut que le projet me parle. » On l’a vue également dans l’un des courts-métrages H24, 24h dans la vie d’une femme, de Nathalie Masduraud et Valérie Urrea, 24 histoires inspirées de faits réels de violences de genre, joués par 24 comédiennes (Camille Cottin, Déborah Lukumuena…) et écrites par 24 écrivaines (Lydie Salvayre, Lola Lafon, Alice Zeniter, Christiane Taubira…). Le film dans lequel joue Luàna, Emprise, est adapté du texte de Chloé Delaume sur le suicide d’une jeune femme victime de violences conjugales.
Valérie Urrea, l’une des réalisatrices, insiste : « Dans le film de Céline Sciamma, Luàna avait une force incroyable. » Nathalie Masduraud poursuit : « Elle était lumineuse avec une présence à l’écran complètement dingue. On a proposé son rôle à personne d’autre, on savait que c’était elle. En plus, Luàna a un rapport à la littérature très fort, elle connaissait les textes de Chloé. Elle a beaucoup de rigueur, de générosité et elle est super modeste. Quant à sa maturité, c’est de la folie. Elle a une espèce de force tranquille. Vingt ans, c’est normalement un âge où on se cherche. Elle, elle donne l’impression de s’être déjà bien trouvée. On est super fan, Elle a le talent d’une grande cinéaste. » Samir Guesmi, qui l’a également dirigée dans Ibrahim n’en dit pas moins : « J’ai vu beaucoup de douceur chez Luàna et c’est quelqu’un de très ancré, très lucide, avec une force assez impressionnante. Comme tous ces gens qui ont quelque chose avec l’ailleurs, elle a une dimension supplémentaire. Elle est extrêmement observatrice, ses yeux parlent beaucoup. Et elle a une délicatesse, une profondeur et une grande élégance. »
Luàna doit composer avec un emploi du temps très chargé : elle fait une petite pause dans l’interview pour répondre à une note vocale et repousser un rendez-vous pour la préparation de son nouveau film qu’elle pensait pouvoir caler dans sa journée. « Quelle vie ! », s’exclame-t-elle en riant. En pleine constitution de son équipe, elle sait déjà qu’elle repart avec le même chef opérateur, mais le reste est en construction. Une dernière chose nous intrigue. On a lu dans une interview qu’elle se rêvait « inventrice d’objets ». Elle rigole : « Comment je raconte ma vie ! Ça n’existe pas comme métier, mais c’était mon ambition, je voulais créer une machine à rêves, j’ai même des croquis ! C’était une machine qui enregistrait les rêves ! Eh, on n’est pas loin du cinéma... Tu pouvais regarder ton rêve le matin sous forme de film, ça n’a aucun sens ! C’était l’imagination, hein. J’avais des encyclopédies et j’étais fascinée par le sommeil, le cerveau et les rêves. Avec mes potes, on essayait de faire des rêves lucides, où tu peux prendre contrôle sur le rêve. » Aujourd’hui, Luàna les réalise. ...
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