Professeur aux positions marxistes affichées dans l’école de commerce la plus réputée du pays, Taimur Rahman est un personnage atypique. Il lutte avec son groupe de musique Laal contre l’extrémisme religieux, à travers un répertoire de musiques soufies aux sonorités rock.
Dans le sud de la capitale du Pendjab, Lahore, un ensemble harmonieux de bâtiments en brique s’étend sur plus de 40 hectares. Pelouses impeccables, arbustes taillés, allées balayées… malgré l’humidité étouffante de cette fin d’été, une armée de jardiniers s’affaire sur le campus de la prestigieuse Lahore University of Management Sciences (LUMS). Parée de vert et de terracotta, la plus réputée des business schools du Pakistan assume fièrement son statut symbolique de modernité et d’excellence.
Dans ce temple du libéralisme, le bureau du professeur Taimur Rahman fait office d’exception. Ce marxiste convaincu de 47 ans, secrétaire général du parti communiste Mazdoor Kissan (« travailleurs et paysans »), enseigne depuis près d’un quart de siècle dans le département des sciences sociales. Posé sur une étagère, un grand portrait de Mao fait ironiquement face au Pepsi dining hall, la cafétéria sponsorisée de l’université. « C’est un cadeau que m’ont offert des étudiants de Karachi après un concert. Ça ne plaît pas à tout le monde ici, mais le geste m’a beaucoup touché », explique le professeur d’un naturel bavard. En plus d’enseigner les sciences politiques à l’université et sur sa chaîne YouTube, Taimur est également un artiste reconnu, leader du groupe de rock Laal (« rouge » en ourdou), une référence non dissimulée à son engagement politique. Alors, quand son emploi du temps le permet, Taimur délaisse ses livres et ses cours pour sa deuxième passion : la musique.
Voilà plus de dix ans que cet infatigable quadragénaire aux cheveux désormais grisonnants sillonne les routes du pays en compagnie de Mahvash, sa femme, et de Haider, son cousin. Taimur s’est fixé un objectif : combattre l’extrémisme religieux par ce qu’il appelle le « pouvoir de la musique ». À travers le Pakistan, ce « pays des purs » né en 1947 de la partition douloureuse de l’Empire britannique des Indes, il convoque les grands maîtres soufis et met en musique leurs poésies imprégnées d’amour et de tolérance, désormais profondément enracinées dans le folklore national. S’il ne fallait retenir qu’un seul de ces poètes, pour Taimur ce serait Bulleh Shah, dont l’esprit profondément rebelle a eu une influence décisive sur le chanteur. Au fil des ans, Laal a réussi à imposer son univers propre en reprenant ce répertoire soufi sur fond de sonorités rocks rythmées par la guitare électrique de Taimur. Son succès se mesure surtout dans les zones rurales, qu’il affectionne tout particulièrement. Loin des shows à gros budget et des principales salles de concert des grandes villes, ce passionné de guitare qui ne se sépare jamais de sa « Strat » privilégie les coins reculés, un travail de fourmi dans ce vaste pays de plus de 230 millions d’habitants. Une démarche artistique à l’ambition politique assumée. « Je fais plus de 60 concerts par an, j’essaie le plus possible d’aller là où la musique ne va pas, dans les petits villages ou les écoles. Je veux qu’elle soit accessible partout, pour tous ».
“L’avantage avec l’art en général, c’est qu’on peut critiquer de manière déguisée.”
Taimur Rahman est originaire de Lahore, issu d’un milieu plutôt bourgeois. Scolarisé à Aitchison College – un Eton en plein cœur du Pakistan – le chanteur baigne très tôt dans une atmosphère ultrapolitisée. À sa naissance, au milieu des années 1970, le Pakistan est un pays amputé : après une sanglante guerre de libération, sa petite partie orientale a accédé à l’indépendance en 1971, prenant le nom de Bangladesh. Désormais réduit à sa moitié occidentale, le Pakistan est dirigé par Zulfikar Ali Bhutto, Premier ministre socialiste proche de l’Union soviétique. « Toute l’intelligentsia était à gauche à cette époque, très jeune j’ai grandi entouré de bohèmes, de hippies et d’artistes en tout genre », se rappelle Taimur. Mais en 1977, à la faveur d’élections législatives contestées, Mohammad Zia ul-Haq, un militaire de carrière soutenu par les États-Unis, s’empare du pouvoir par un coup d’État. Ses parents affichent très tôt leur opposition au dictateur. Son père dirige à l’époque Ajoka, une troupe de théâtre qui montre des pièces très politiques, tandis que sa mère, une féministe engagée dans le Women’s Action Forum, milite contre la vague d’islamisation insufflée par le nouveau pouvoir à travers les ordonnances Hudood, des lois conservatrices punissant notamment l’adultère de lapidation. Des parents qui deviennent des modèles pour le jeune Taimur : « j’assistais aux pièces de de théâtre de mon père et j’accompagnais ma mère en manif. C’était très politique mais, dans les deux cas, la musique et la poésie étaient très présentes. C’était une forme joyeuse de résistance face à la dictature. » À la fin de son adolescence, le jeune homme découvre la guitare grâce à Bob Marley et Redemption Song.
Vingt ans plus tard, c’est pour marquer son opposition à un autre dictateur que Taimur écrit son premier morceau Kal, Aaj Aur Kal (« Hier, aujourd’hui et demain »). En 2006, finissant son doctorat à Londres sur la structure de classes de la société pakistanaise, il publie avec sa femme et un ami cette chanson engagée en soutien au mouvement des avocats, alors en lutte contre la dictature de Pervez Mucharraf. Diffusé en boucle sur les chaînes de télé, le tube devient rapidement la bande son du mouvement. « C’était le début d’Internet, tout le monde n’y avait pas accès aussi facilement qu’aujourd’hui et c’était lent. Je ne pensais pas que ça deviendrait viral, admet Taimur. Est-ce que j’ai été inquiété ? L’avantage avec l’art en général, c’est qu’on peut critiquer de manière déguisée. »
De retour au Pakistan, Taimur prend conscience de l’ampleur du mouvement d’opposition à Mucharraf et de l’affaiblissement du dictateur. Un soulagement de courte durée. Comme de nombreux pakistanais, il constate impuissant la montée du terrorisme et de l’extrémisme religieux. Cet admirateur de Marx – sa bibliothèque compte plus d’une dizaine d’ouvrages du philosophe allemand –, convaincu que la religion reste bien l’opium du peuple, se méfie des mouvements politico-religieux, responsables selon lui de semer la division dans le pays et de détourner la population des véritables enjeux. En 2007, les forces gouvernementales prennent d’assaut la mosquée rouge d’Islamabad pour y déloger des fondamentalistes islamiques défiant le gouvernement. Suite au siège sanglant qui dura plusieurs jours, un nouveau mouvement émerge, le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), qui unit sous une seule bannière l’ensemble des groupes talibans du pays. « C’était une période vraiment sombre, ils ont semé la terreur dans tout le pays. Des milliers de civils et de membres des forces de sécurité ont été tués », se souvient Taimur.
C’est pour tenter d’enrayer cette montée de l’extrémisme que Taimur, alors jeune professeur à l’âme de rockeur, lance sa campagne Music for peace. À mesure que l’artiste s’intéresse à la question de la tolérance, il redécouvre le rôle majeur des poètes soufis dans le refus de l’extrémisme religieux. « J’ai donc intégré de plus en plus de musique soufie à mon répertoire. Peu après que j’ai sorti un morceau tiré d’un poème de Baba Farid, sa tombe a été profanée. Ça a été un choc pour beaucoup. Le peuple est attaché aux poètes, pas les extrémistes. » C’est sans moyens, et en menant de front ce nouveau projet et son boulot d’enseignant, que Taimur se consacre à la promotion de Music for peace. « Au début, je partais seul avec ma guitare, les gens pensaient que j’étais fou, que ça n’avait pas de sens de lutter contre des hommes armés avec de la musique », avoue-t-il. Très vite pourtant, sa démarche suscite l’intérêt d’organisations et il reçoit des soutiens, notamment de la maison d’édition Oxford University Press, pour financer ses concerts dans les écoles du Pakistan rural.
Taimur l’assure, durant ses tournées, le public, qui n’a que rarement l’occasion d’assister à des concerts, est toujours séduit et rares sont les réfractaires. « Un jour, lors d’une représentation dans une école, un professeur en religion m’intime d’arrêter de chanter des paroles obscènes. Les vers en question disaient “mes bijoux, ma parure, j’ai tout perdu quand j’ai croisé ton regard”, ça sonne comme une chanson d’amour mais dans le soufisme c’est de l’amour divin. Quand je lui ai dit que c’était un chant soufi d’Amir Khusrau, il ne savait plus quoi dire », s’amuse encore Taimur. Des concerts sont également organisés dans des sanctuaires soufis. « Là non plus, il n’y a pas de problèmes. Personne ne peut arrêter une performance de chants soufis dans un mausolée soufi, c’est impensable. »
Pourtant, le professeur-guitariste ne fait pas l’unanimité auprès des responsables politiques et religieux. En 2014, la page officielle du groupe aux quelque 400 000 followers est bloquée par Facebook sur demande de l’autorité pakistanaise des télécommunications. Une censure rapidement levée face à une vague de protestations des fans sur les réseaux sociaux. Deux ans plus tard, alors que l’ancienne star du cricket pakistanais Imran Khan est aux commandes du gouvernement, Laal est interdit de jouer dans les salles de concert gérées par l’État. « Laal Band » (« Laal le groupe ») est même surnommé « Laal Banned » (« Laal les bannis »). Une petite récompense pour Taimur. « Ça montrait qu’on dérangeait et ça ne nous a pas empêché de continuer à jouer à la campagne ou dans les écoles ».
“Il est essentiel de continuer à lutter contre les fanatiques et de rappeler des choses aussi simples que : ‘on ne tue pas son prochain’.”
En 2017, il doit pourtant mettre ses activités entre parenthèses. En avril de cette année-là l’université de Lahore annule la conférence « Unsilencing Balochistan » (« Sortir le Baloutchistan du silence »), « sur ordre du gouvernement », selon la déclaration officielle. Mama Qadeer, un activiste baloutche des droits humains, devait y prononcer un discours dénonçant les disparitions forcées au Baloutchistan, une province frontalière de l’Iran et de l’Afghanistan où l’armée et les services de renseignements sont accusés d’enlever des militants politiques et sociaux. « J’ai critiqué ouvertement les militaires dans la presse, dénonçant cette censure, et cela m’a valu de gros soucis », raconte Taimur, d’habitude peu enclin à exagérer la gravité de ses problèmes. Sabeen Mahmud, une activiste qui organisa quelques semaines plus tard dans son café de Karachi « Unsilencing Balochistan - Take 2 », en réponse à la censure, fut assassinée le soir même en rentrant chez elle. Pendant deux ans, Taimur, habitué des scènes et des plateaux télé, fait profil bas. « À ce moment-là, tout le monde me disait que je serai le prochain, qu’on allait m’abattre parce que j’étais l’instigateur de cette évènement », confie Taimur avec calme. « Mais je suis toujours là », reprend-il très vite en souriant, retrouvant son entrain habituel.
Aujourd’hui, Taimur est reparti sur la route, pour de nouvelles tournées avec Laal. « Il est essentiel de continuer à lutter contre les fanatiques et de rappeler des choses aussi simples que : “on ne tue pas son prochain”. » Une évidence qui semble de plus en plus ignorée au Pakistan où crimes et lynchages collectifs au nom de la défense de l’islam se sont multipliés depuis le début des années 2000. Au cœur de ces attaques qui secouent régulièrement la société pakistanaise, la question du blasphème cristallise toutes les violences. Le cas d’Asia Bibi, cette jeune chrétienne accusée de blasphème envers le prophète Mahomet, après une simple dispute entre femmes dans un champ de Nankana Sahib, est révélateur. Condamnée à mort en 2010, son acquittement par la Cour suprême en 2018 soulève de violentes protestations dans les principales villes du pays, les manifestants allant jusqu’à menacer de mort les juges de la plus haute juridiction du Pakistan. En 2011, le gouverneur de la province du Pendjab, Salman Taseer, est assassiné par son garde du corps après avoir défendu Asia Bibi et appelé à réformer la loi sur le blasphème, passible au Pakistan de la peine de mort. Son meurtrier, pendu par les autorités, est élevé au rang de martyr par les partisans d’une ligne dure et un imposant mausolée a été érigé à sa mémoire près de la capitale pakistanaise. Sa condamnation a donné naissance au Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), un mouvement fondamentaliste religieux également à l’origine des manifestations antifrançaises suite aux caricatures de Charlie Hebdo.
“Des groupes religieux ont posé un ultimatum à l’université : soit elle me renvoyait, soit ils viendraient me chercher”
« Ces mouvements extrémistes sont très présents, ils gagnent du terrain, même à l’université, déplore Taimur. Très peu de gens osent s’opposer à ces ligues étudiantes, de peur d’être ensuite pris pour cible. » En 2017, Mashal Khan, un jeune étudiant pachtoun accusé à tort de blasphème, est lynché sur le campus de l’université de Mardan par une foule en colère. En août dernier, c’est un autre étudiant de l’université de Mirpur, dans la province de l’Azad Cachemire, qui a échappé de peu à un lynchage après un post sur les réseaux sociaux.
En 2019, Taimur a lui-même fait l’expérience de l’intolérance. Dans le cadre scolaire, il a accompagné un groupe d’étudiants à Rabwah, le fief des ahmadis, une minorité dont la foi islamique a été proclamée hérétique (un amendement de 1974 à la constitution les déclare non-musulmans). Considérés comme des citoyens de seconde zone, les ahmadis sont régulièrement la cible de groupes extrémistes comme le TTP et font l’objet de persécutions. Inscrit dans sa recherche de dialogue œcuménique, ce déplacement a suscité la colère des fanatiques religieux. « Nous avons simplement échangé et chanté l’hymne national, il n’y avait rien de polémique dans cette rencontre », se souvient Taimur. Qu’importe, il n’en fallait pas plus pour s’attirer les foudres de la puissante Khatme Nabuwwat, comité regroupant les différents partis et organisations religieuses pakistanaises. « Ils ont posé un ultimatum à l’université : soit elle me renvoyait, soit ils viendraient me chercher », résume Taimur. Malgré ces menaces et une série d’attaques dans la presse, l’université n’a pas cédé. « Je n’aurais jamais cru que cela prendrait une telle ampleur », admet-il encore surpris des remous provoqués par cette visite.
Malgré ce climat délétère, Taimur insiste pour nuancer cette image négative du Pakistan : « les Occidentaux pensent que tous les Pakistanais sont des fanatiques extrémistes, c’est totalement faux ! C’est une minorité, influente certes, mais une minorité ! » Les extrémistes, parvenant parfois à entraîner des foules immenses, donnent l’illusion d’un soutien de l’ensemble du pays. « Ici, rien qu’un dixième de la population ça représente tout de même plus de 20 millions de personnes, aux croyances déjà si profondément ancrées que je n’arriverai sûrement pas à les convaincre. Alors, je cherche à parler et à jouer ma musique pour les 90 % restants. Lorsqu’on s’adresse à eux, avec les bons mots, on a une chance de faire reculer les idées extrémistes », soutient Taimur qui ne semble pas prêt de ranger sa guitare. Son public principal, ce sont les élèves des écoles et universités. Des jeunes gens guère différents de tous les jeunes du monde entier, « qui aiment écouter de la musique, s’habiller librement et vivre dans un monde mixte. Avant qu’ils ne soient touchés par les discours de haine et de division, la grande majorité fait preuve d’une ouverture d’esprit impressionnante. »
Une conviction qui laisse le musicien plutôt optimiste quant à l’avenir de son pays. « Je pense que nous avons atteint un plafond de l’extrémisme, car ces groupes ont une capacité d’autodestruction : plus ils sont violents et s’enferment dans leur idéologie, plus les gens se détournent d’eux. » Après l’attaque de l’école militaire de Peshawar en 2014, qui a coûté la vie à plus de 130 enfants de 8 à 18 ans, le TTP – jusqu’ici populaire dans le nord-ouest du pays – a perdu une part importante de ses soutiens. Un rejet qui résiste au temps : le mois dernier, des manifestations spontanées anti-TTP ont eu lieu dans la vallée de Swat, provoquées par la crainte d’un retour des talibans, longtemps aux commandes dans ce district situé à quelque 150 kilomètres au nord de la capitale, Islamabad. Au sud, dans l’État du Pendjab, l’assassinat d’un ressortissant sri lankais, manager d’une usine textile installée dans le centre industriel de Sialkot, a profondément choqué l’opinion publique. Soupçonné de blasphème, l’homme a été lynché et brûlé sur la voie publique. Selon le professeur, ces mouvements terroristes font du bruit et peuvent mobiliser rapidement leurs partisans mais sont très loin d’être majoritaires. « Je me dois d’être optimiste, de me dire que ça va changer, ne serait-ce qu’un petit peu, sinon autant arrêter tout de suite les concerts et la musique. » Cette confiance dans l’avenir se retrouve dans les chansons du groupe. L’un des titres phares de Laal est tiré d’un poème de Faiz Ahmed Faiz : « Umeed-e-sahar ki baat suno ». Symbole du combat de Taimur, la chanson se conclut sur ces mots : « écoutez l’espoir de l’aube ».
« Vous devriez venir voir les gens danser lors de nos concerts. C’est cette joie, ce bonheur, qui me donne l’énergie de continuer », lâche Taimur. Des concerts que Taimur aime commencer par ces vers du grand poète soufi Bulleh Shah « If I were a dancing girl, it would not decrease my self respect, nor the respect that society owe me, let me please the people with my dancing » (« si j’étais une danseuse, ça ne diminuerait ni mon estime de moi, ni le respect que la société me doit, laissez-moi faire plaisir aux gens en dansant »). Une sensibilité qui lui permet de créer un lien spécial avec chacun de ses publics. « Avec les années, je deviens sentimental ; je leur dis que si je joue et danse devant eux, c’est pour être dans leurs cœurs. »
Taimur, électrique comme sa guitare, ne tient pas longtemps en place, assis dans son bureau. L’appel de la scène, le besoin du public résonnent en lui. La tournée prévue par Laal dans le Sind, une province du sud-est du pays, a été annulée après les inondations dévastatrices qui ont frappé le pays cet été. Le guérillero de la chanson le répète, il n’a qu’une hâte, pouvoir reprendre la route pour continuer à chanter et jouer avec l’espoir de sensibiliser ses concitoyens village après village. Un rempart musical face à l’extrémisme, construit pierre après pierre depuis plus d’une décennie, aujourd’hui menacé par l’appel des talibans pakistanais à la reprise des attaques terroristes dans tout le pays....
Pas encore abonné(e) ?
Voir nos offresLa suite est reservée aux abonné(e)s
Déjà abonné(e) ? connectez-vous !