Le goût d’un baiser

Le livre est blanc, court. Format compact, qui tient dans la poche arrière du jean. Sur la couverture, on voit une bête fauve, style panthère musculeuse, haltérophile, dont la gueule est agressivement ouverte, avec des canines en poignards, face au serpent qui se dresse. Position offensive. Un face-à-face sans issue autre que fatale. Juste comme quatre poings dressés, comme deux fleurets qui se mettent en garde. L’extatique. État de fixation qui appartient autant à la vie qu’à la mort. Du sexe et du sang : un défi. Ce livre, Le Dialogue est celui de Simon Johannin. Une sorte d’opuscule poétique hybride. Quelque chose du genre nouveau, qu’on doit avoir du mal à sérier sur l’étal du libraire. Catégorie : littérature. C’est évident. De celui qu’on présente souvent comme l’étoile montante dans la littérature (reste à savoir de quel ciel, car a priori, à moins d’être une de ces fusées Starship qui explosent coûteusement, mieux vaut ne pas être trop pressé de rejoindre le ciel commun), j’avais une opinion assez moyenne. J’ai lu Nino, je n’ai pas aimé Nino. C’est donc à reculons que je me suis offert sa dernière parution. Un peu par curiosité, savoir de quoi et de qui on parle. Un peu, aussi, parce que je suis très amoureux et que j’ai l’impression, en ce moment, de ramer dans un lac sentimental qui se vide de son eau. D’habitude je lis Barthes pour mieux mourir d’attendre. J’ai tenté autre chose. Et mon opinion a changé : Johannin est puissant. Sensuel. Et lyrique.…