Pendant les étés de ses années d’étudiante, la belle Marguerite aurait pu trouver un emploi de caissière dans un hypermarché, mais elle préféra travailler pour les Chemins de Fer. Seule sur la voie, elle guettait le passage des trains, les sens en alerte, et devait en avertir les jeunes gens du chantier mobile. Un peu plus loin sur la voie, ils travaillaient toute la journée, torse nu. Ils transpiraient, leurs muscles apparents semblaient du bois des vieux meubles souvent cirés, […]
Pendant les étés de ses années d’étudiante, la belle Marguerite aurait pu trouver un emploi de caissière dans un hypermarché, mais elle préféra travailler pour les Chemins de Fer. Seule sur la voie, elle guettait le passage des trains, les sens en alerte, et devait en avertir les jeunes gens du chantier mobile. Un peu plus loin sur la voie, ils travaillaient toute la journée, torse nu. Ils transpiraient, leurs muscles apparents semblaient du bois des vieux meubles souvent cirés, souples et doux, luisant dans l’ombre. Des poils follets brillaient sur leur peau bronzée, comme des poignées de poudre d’or dont ils se seraient frottés. En plein soleil, ils ne portaient qu’un large short à poches et un gilet réfléchissant. En abattant une masse, soulevant une traverse, en se relevant pour s’essuyer le front, ils envoyaient des éclairs. Postée à l’écart pour les prévenir, la pulpeuse Marguerite était troublée de la présence floue de ceux qu’elle devait protéger. Ils étaient trop loin pour qu’elle leur parle, elle sentait seulement un peu d’agitation entre les arbres, l’éclat citronné des gilets, des exclamations et des rires dissous par la distance, mêlés aux tintements de métal qui filaient vivement le long des rails. Elle savait qu’ils travaillaient sans méfiance, ils relevaient rarement la tête, rassurés d’être veillés par cette jeune femme si attentive à leur présence. Ils allaient sous la direction d’un chef à bedon, pâle et vite essoufflé, qui ne quittait qu’à regret les tronçons ombragés. Il déléguait, dirigeait de loin et…
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