Le magicien Gandalf aux prises avec le monstrueux Balrog, Sam et Frodon échoués sur un rocher cerné de lave… Autant d’images grandioses qui, dans les trois films adaptés du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson au tout début des années 2000, nous avaient marqués, enfants comme adultes – et qui continuent de nous tirer des larmes. Ce sont ces images, ou plutôt celles qui leur ont donné le jour, que le Fonds Hélène et Édouard Leclerc pour la culture, à Landerneau (Finistère), nous fait découvrir dans l’exposition Sur les traces de Tolkien et de l’imaginaire médiéval. Au programme, plus de 250 dessins et peintures de l’artiste canadien John Howe, né en 1957 et la renommée internationale , qui commença par illustrer les œuvres de J.R.R. Tolkien (1892-1973) avant de prendre part à la direction artistique de la trilogie cinématographique qui en sera tirée, le tout ponctué de présentations éclairantes des sources d’inspiration d’un auteur devenu culte.
Car ici, plus qu’à leurs adaptations, c’est d’abord aux grands romans du père de la fantasy que l’exposition rend hommage : si le spectateur d’aujourd’hui reconnaît tout de suite dans les peintures de John Howe des plans précis des films, il est frappant de se rendre compte que, pour la plupart, elles furent réalisées bien avant leur sortie – si l’influence qu’elles exercèrent sur la trilogie de Jackson est claire, c’est dans l’univers de Tolkien, et non celui du cinéaste, que l’artiste nous immerge.
Une œuvre savante et complexe
Et c’est ce paradoxe qui fait tout l’intérêt de ce parcours : le médium pictural réconcilie un public qui avait majoritairement découvert Le Seigneur des Anneaux à l’écran avec l’œuvre originale (parue en 1954 et 1955), si savante et complexe que sa lecture avait pu en décourager certains. C’est par l’image et de façon naturelle que le visiteur plonge jusqu’aux sources les plus lointaines des récits de Tolkien, au premier chef desquelles les épopées nordiques telle la Völsunga saga ou les grands poèmes anglais médiévaux comme le Beowulf, dont l’écrivain était un fin connaisseur.
Les panneaux explicatifs, à la fois denses et précis, fournissent juste assez d’éléments de contexte pour comprendre les œuvres de John Howe, sans pour autant leur voler une place centrale que leur beauté et leur finesse justifient d’elles-mêmes. Après deux heures écoulées comme deux minutes, c’est avec émotion qu’on quitte enfin les lieux, tout plein d’un univers qui, soixante-dix ans après sa création, reste on ne peut plus vivant.
Sur les traces de Tolkien et de l’imaginaire médiéval, Peintures et dessins de John Howe, au Fonds Hélène et Édouard Leclerc pour la culture à Landerneau (29800), jusqu’au 28 janvier 2024.