Étrange et fascinant essai-fiction, Mal de Denis Lafay entrelace les récits dans une France dystopique en proie à la tentation totalitaire. Le Mal, avec sa belle, son inquiétante, couronne de majuscule. Un vertige s’ouvre dans l’esprit des bonnes âmes que nous sommes: est-il possible de le vouloir? Certains disent non, d’autres, comme Sade, disent oui. Origine et cause du mal, mais aussi ce qui nous pousse à le commettre, telles sont les énigmes millénaires, travaillées par toutes les générations […]
Étrange et fascinant essai-fiction, Mal de Denis Lafay entrelace les récits dans une France dystopique en proie à la tentation totalitaire. Le Mal, avec sa belle, son inquiétante, couronne de majuscule. Un vertige s’ouvre dans l’esprit des bonnes âmes que nous sommes: est-il possible de le vouloir? Certains disent non, d’autres, comme Sade, disent oui. Origine et cause du mal, mais aussi ce qui nous pousse à le commettre, telles sont les énigmes millénaires, travaillées par toutes les générations de philosophes brillants (Platon, Leibniz, Descartes, Kant, Hegel, Bataille, etc.), que creuse l’étrange essai de Denis Lafay, Mal, paru en janvier aux éditions de L’Aube. Étrange car il ne s’agit pas à proprement parler de l’un de ces livres qui combine, façon bric et broc, des concepts philosophico-sociologico-littéraro-anthropologiques, pour donner une maladroite, outrecuidante et pompeuse tentative de compréhension du mal. Cet essai-fiction est construit autour d’un double récit. D’abord, il y a cette voix, principe premier d’une conscience malicieuse, qui a surgi d’on-ne-sait-où, qui «absorbe, sans filtre, les altérités de ce vivant pluriel», à qui rien n’échappe, et qui prétend commander une nuée d’autres âmes, imparfaites, banales et manipulables, dans lesquelles le lecteur, sans doute, se reconnaîtra. Cette voix ourdit un plan de propagation. Elle rêve de son propre triomphe, piochant dans les exemples de célèbres «théoriciens», notamment Reinhard Höhn, juriste et général de la SS, et entend réussir là où les nazis ont échoué. Est-il possible de vouloir le mal ? On suit en parallèle Alexandre qui,…
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