Ouvrez la parenté

Avec Cézembre, roman historico-maritime, Hélène Gestern nous embarque au large de Saint-Malo, dans les profondeurs secrètes d’une famille.   Cézembre : ce pourrait être le nom d’un mois fantôme – celui du fameux treizième mois que l’on attend avec impatience, à la fin de l’année. Or non ; vous découvrez que Cézembre est une île. Comme son nom ne vous dit rien, vous pensez à un lieu imaginaire, mais vous avez encore faux. L’île qui donne son titre au dernier roman d’Hélène Gestern existe bien, ancrée au large de Saint-Malo. Elle se profile en ombre chinoise sur l’arrière-plan du livre, même si le lecteur n’y pose pied qu’à la page 159, car il faut à l’auteure le temps de préparer le terrain : deux lignées nous sont présentées, les Kérambrun et les Sainte-Croix, sans oublier l’histoire agitée de Cézembre, cette île tout sauf paradisiaque, où les quidams eurent interdiction de débarquer pendant soixante-treize ans. Les Kérambrun forment une de ces familles de la haute bourgeoisie que l’on aime détester, et certaines pages de Mauriac, voire des scènes de Happy End de Michael Haneke, viennent à l’esprit lorsqu’on découvre les relations au sein de cette lignée malouine, dont certaines figures se révèlent au bout du compte attachantes, contrastées. Car Hélène Gestern module la lumière et éclaire ses personnages différemment à mesure que le récit progresse. Cézembre a des airs de saga familiale, mais ce n’est pas un remake des Buddenbrook à la mode de Bretagne ; plutôt un roman à étages et à tiroirs secrets : nous sommes…