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DYSTOPIES LIBERTARIENNES

Coups d’État en ligne

Par Kiera Butler

Moins d’impôts, moins de charges, moins de règles et plus de profit. Richissimes mais nullement rassasiés, les magnats de la Tech tentent de créer des nations numériques indépendantes.
Au début de l’année dernière, des entrepreneurs passionnés de technologie venus du monde entier se sont rassemblés pour plancher sur les moyens de dynamiser des sociétés entravées par une législation tatillonne. Le cycle de conférences, parrainé par la Startup Societies Foundation, basée à Salt Lake City (Utah, États-Unis), s’est tenu à Vitalia, une « ville pop-up » située sur le territoire semi-autonome de Próspera, dans l’île hondurienne de Roatán. Bien connue des touristes médicaux américains soucieux de contourner les lourdes réglementations de la Food and Drugs Administration (FDA), Vitalia proclame fièrement son ambition : « Nous sommes là pour rendre la mort facultative. »

Dernier avatar de l’obsession de l’élite de la Silicon Valley, l’émergence d’un « État-réseau » – selon l’appellation forgée par Balaji Srinivasan, un entrepreneur – Próspera est une juridiction autonome dotée d’une réglementation limitée. Financée par des entreprises de capital risque soutenues par Peter Thiel, fondateur de PayPal, et Marc Andreessen, financier de la technologie, cette « zone économique spéciale » a été créée en 2017 et résiste aujourd’hui, malgré les efforts répétés du Honduras pour la fermer.

Dans un texte publié en 2021 sur son site web, Srinivasan, ami proche de Thiel et ancien collègue d’Andreessen, expose sa conception du « sionisme technologique », consistant en la création d’une nation en ligne dotée de sa propre culture, de sa propre économie, de sa propre structure fiscale et, bien sûr, de lois favorables aux start-up. À terme, il envisage l’acquisition de propriétés physiques où les gens vivraient selon les lois imaginées par les fondateurs – une « diaspora inversée », écrit-il – sur des terres qui n’auraient même pas besoin d’être contiguës. « Une communauté qui se forme d’abord sur l’Internet, qui construit une culture en ligne et qui, ensuite seulement, bâtit des habitations et des structures », a-t-il déclaré. Reconnaissant que l’idée pouvait sembler un peu loufoque, Srinivasan a insisté sur le fait qu’il s’agissait bien d’une proposition sérieuse. Quand on sait que Facebook compte trois milliards d’utilisateurs, que (anciennement Twitter) en rassemble 300 millions et que de nombreux influenceurs individuels – y compris lui-même – ont plus d’un million d’adeptes, il n’est pas insensé d’imaginer que l’on puisse construire un réseau social de 1 à 10 millions de personnes ayant un véritable sentiment d’appartenance à une nation, avec une cryptomonnaie intégrée et un plan pour financer par crowdfunding l’extension du territoire grâce à l’acquisition de parcelles éparses. Comme une sorte de Pac-Man, un État-réseau engloutirait de petits morceaux de terre et, grâce à l’attractivité d’une politique pro-business débridée, attirerait nombre de grandes entreprises. Pourquoi, par exemple, une entreprise pharmaceutique souhaitant commercialiser un nouveau médicament choisirait-elle de dépenser des milliards de dollars et de consacrer des décennies à des tests obligatoires, alors qu’elle pourrait s’adresser à un État-réseau déréglementé et mettre sur le marché son produit en un temps record ? Comme l’a expliqué Srinivasan, via Zoom, lors de la conférence de Vitalia, « de la même manière qu’il était plus facile de lancer le bitcoin puis de réformer la Fed – Réserve fédérale, la banque centrale des États-Unis – il est plus facile de créer un nouveau pays que de réformer la Food and Drugs Administration. » L’intervention de Srinivasan et le livre qui lui fait suite, The Network State: How to Start a New Country [L’État-réseau : comment créer un nouveau pays], ont rapidement trouvé un large public : la semaine de sa publication, il était en quatrième position sur la liste des meilleures ventes de non-fiction du Wall Street Journal. Ce concept de « cryptocité » a attiré des dizaines de millions de dollars d’investissements de la part de Srinivasan, Thiel, Joe Lonsdale, cofondateur de Palantir, et d’autres poids lourds de la Silicon Valley. Bien que la ville physique promise n’ait pas encore vu le jour, Srinivasan a organisé deux conférences dites Network State, et créé la Network School, un programme de formation pour les aspirants fondateurs d’une nation située sur une île près de Singapour.

Srinivasan n’est pas le seul à envisager ces utopies. De nouveaux projets aux idées similaires à celles de l’État-­réseau voient le jour un peu partout dans le monde. Andreessen, l’ami de Srinivasan, est l’un des principaux bailleurs de fonds de California Forever, initiative d’un groupe de milliardaires de la technologie visant à transformer une partie de la région viticole de la baie de San Francisco en une nouvelle ville dotée d’une « zone dédiée à l’industrie et à la technologie ». En Afrique, un programme financé par Srinivasan, Afropolitan, se propose de créer un État numérique par et pour les entrepreneurs. Crecimiento [Croissance] veut faire de l’Argentine la « première nation cryptographique du monde ». L’Arabie saoudite est en train de bâtir une zone économique spéciale, rasant au passage des villages indigènes, pour un coût global estimé à 8 800 milliards de dollars !

Mais c’est en Caroline du Nord que la vision de Srinivasan trouve aujourd’hui son expression la plus aboutie. En 2022, la nation Catawba, une tribu amérindienne d’environ 3 000 personnes, a lancé la première « zone économique numérique » des États-Unis, où les entrepreneurs peuvent constituer des sociétés en ligne – en particulier des banques – sans le fardeau de la paperasserie archaïque et les lourdes contraintes de la gestion du personnel. « Aujourd’hui, nous entrons progressivement dans l’ère numérique en tirant parti de notre souveraineté tribale, de manière innovante, tant au profit de l’industrie du web3 que de notre peuple, » peut-on lire sur leur site.

La Catawba DEZ (ou CDEZ) est une nouvelle offre radicale que ses promoteurs conçoivent comme une sorte de marché libre où les entrepreneurs peuvent faire le tour des zones déréglementées pour trouver celles qui ont les lois (ou l’absence de lois) qui conviennent le mieux à leurs activités. « Avec la zone que les Catawba sont en train de construire ici, explique Joseph McKinney, directeur général de la CDEZ, il suffit de s’enregistrer virtuellement pour créer une entreprise. » Avant de fonder la CDEZ, Joseph McKinney – qui n’a pas eu à déclarer être membre de la tribu des Catawba, ni même à indiquer qu’il était amérindien – a travaillé pour une société de conseil qui avait pour objet d’aider les pays à structurer des zones économiques spéciales ; il est également membre fondateur de la Startup Societies Foundation, le groupe qui a parrainé la conférence de Roatán.

Par l’intermédiaire de Tom W. Bell, professeur de droit à l’université Chapman, en Californie, et auteur d’un ouvrage intitulé Your Next Government? From the Nation State to Stateless Nations [De l’État-nation à la nation sans État], McKinney a appris que la tribu des Catawba pourrait être intéressée par la création d’une de ces zones économiques spéciales dont il s’est fait l’ardent promoteur. Initialement sceptique – lors d’une participation en 2024 sur un podcast brésilien, il a rappelé avoir affirmé, à tort, que les tribus « n’ont pas de réelle souveraineté » – il a été heureux de découvrir que les nations amérindiennes « ont au moins la même autorité réglementaire et législative qu’un des 50 États américains en ce qui concerne le droit commercial, le droit des sociétés et plus généralement la réglementation des affaires. »

McKinney et son épouse – Nathalie Mezza-Garcia, docteure en sciences politiques et en administration publique, elle aussi fondatrice d’une société de conseil en zones économiques spéciales flottantes – ont donc décidé de s’installer au sein de la nation Catawba et ont commencé à rencontrer les anciens de la tribu et les chefs de famille, à l’occasion de généreux buffets et de cafés thématiques, pour leur présenter leur projet. En février 2022, l’assemblée législative de la tribu a voté la création officielle de la zone économique numérique de Catawba. Que Joseph McKinney ait pu mener à bien ce projet a impressionné Patri Friedman, petit-fils de l’économiste conservateur Milton Friedman et fondateur de Pronomos Capital, une société d’investissement dans les start-up.

Acolyte de Thiel dans Próspera, Friedman a déclaré que les membres du mouvement pour l’État-réseau suggéraient de faire quelque chose sur les réserves indiennes depuis vingt-cinq ans. « Mais il fallait trouver la bonne tribu, celle qui a le bon état d’esprit, et construire une relation solide avec elle, explique-t-il. Je pense que c’est la partie la plus difficile. Joe [McKinney] est le seul à avoir réussi à le faire. »

Au sein de la CDEZ, les entrepreneurs peuvent enregistrer leurs sociétés et bénéficier de charges et d’impôts moins élevés qu’ailleurs, ainsi que d’une réglementation plus souple que celle en vigueur dans les États notoirement favorables aux entreprises, comme le Delaware et le Wyoming. Le droit de la nation Catawba d’opérer selon son propre code civil « protège l’autonomie du système juridique de la nation par rapport aux décisions des tribunaux étatiques ou fédéraux », a écrit le professeur Bell, de l’université Chapman, dans une analyse publiée en 2022. Il confirmait en outre la légalité de l’expansion physique. « Ce qu’il y a de bien avec les nations tribales, et avec les Catawba en particulier, c’est qu’il est possible d’ajouter des terres à leur juridiction par le biais d’un processus clairement établi », a déclaré McKinney.

Quid de l’intérêt de l’opération pour la tribu ? La CDEZ a promis que les membres de la tribu bénéficieraient « d’opportunités d’embauche et de carrière sans précédent » et « d’avantages nouveaux ». Lesquels ? « En tout premier lieu, précise Scott Charles, un citoyen de Catawba qui siège au conseil d’administration, la tribu restera propriétaire de la CDEZ. » Il a refusé de préciser le montant des recettes générées, préférant insister sur le nombre d’entreprises appartenant à des indigènes déjà enrôlées dans le projet – 7 sur 121, dont un fabricant de matériel balistique et une plateforme de communication – ou sur le programme d’embauche préférentielle « qui pourrait se traduire par « des salaires plus élevés et des formations qualifiantes pour les citoyens, des contrats commerciaux pour les entreprises appartenant à la tribu, et pour tous une amélioration des infrastructures. » Scott Charles a également indiqué disposer « des terrains et des ressources énergétiques dimensionnées pour le développement des installations de minage de cryptomonnaies ». Réalisée sur les terres tribales, cette opération, notoirement gourmande en énergie, pourrait être exemptée des réglementations environnementales en vigueur dans d’autres régions des États-Unis.

Ces belles promesses n’ont pas convaincu tout le monde. L’économiste John Quinterno, spécialiste des politiques publiques, doute de la capacité de ce « mouvement économique libertaire doté d’actifs alternatifs bizarres » à améliorer la condition des indigènes. Au sein du peuple Catawba, la méfiance est de règle, nourrie par une histoire particulièrement douloureuse. Ravagée par la variole et les conflits fonciers, la tribu s’est étiolée. En 1959, le gouvernement américain a mis fin à son statut de réserve fédérale, privant ses membres des avantages et protections accordés aux Amérindiens. Plus de trentre-cinq ans de procédure ont été nécessaires pour négocier le recouvrement de ces droits : en 1993, les Catawba ont a accepté de renoncer à toute revendication sur les terres confisquées par la Caroline du Sud en échange de la reconnaissance fédérale et d’une indemnisation de 50 millions de dollars. Mais les Catawba n’en avaient pas fini avec les tribunaux. Un projet de casino occasionna un long conflit qui ne devait s’achever – par une victoire – qu’en 2021. Partiellement opérationnel, l’établissement de jeux procure déjà d’importantes recettes à une population dont le revenu annuel moyen est de 21 000 dollars, soit environ la moitié de la moyenne nationale. Lorsqu’il sera achevé dans quelques années, ce sera le plus grand de la côte est des États-Unis.

Privilège ancien des réserves indiennes, les casinos constituent des entreprises classiques à l’activité compréhensible par tous. Il en va tout autrement avec la CDEZ. Chez les anciens, jamais informés du projet, le scepticisme prévaut. « Ma première réaction, dit une alerte Catawba de 78 ans, a été de penser qu’ils nous utilisaient pour leurs propres intérêts, puisque nous ne savions pas de quoi il s’agissait. On continue de nous parler d’un argent que nous ne voyons pas, produit d’une activité dont nous ne comprenons rien. Pour l’instant, c’est de l’argent fantôme. »

Cette réserve n’est pas le seul lieu d’expérimentation du concept d’État-réseau. À environ 600 kilomètres au nord-ouest, Josh Abbotoy et Nate Fischer, deux membres des TheoBros, un groupe de jeunes hommes ultraconservateurs, ont créé une société d’investissement immobilier, New Founding. L’objectif déclaré est de fonder une société dont « les institutions sont articulées sur les principes du christianisme ». Car leurs convictions sont extrêmes : la plupart d’entre eux pensent que les femmes ne devraient pas avoir le droit de vote, que la Constitution américaine n’a plus de raison d’être et que nous devrions plutôt être gouvernés par les Dix Commandements. New Founding achète des terres dans les zones rurales du Tennessee et du Kentucky pour y construire des quartiers chrétiens conservateurs « propices à un mode de vie naturel, humain et exclusivement américain. » Les communautés seront conçues autour de la cryptomonnaie et de « l’autogouvernance numérique », le tout pour promouvoir une culture « dans laquelle nos droits civiques patrimoniaux, principalement ceux de la propriété, de la libre expression et du port d’arme, peuvent être garantis et perpétués », indique le site web du projet. Le but ultime ? « Être connecté à une vitalité économique plus large et projeter un pouvoir culturel et politique. »

«Nous constatons une augmentation de la demande pour de nouveaux types de communautés construites autour d’une vision partagée de la vie locale en Amérique, affirme Abbotoy. Soixante ménages ont déjà emménagé dans nos régions cibles, désireux de vivre leurs convictions en toute indépendance. » Sans donner de détails sur les projets d’intégration des cryptomonnaies, il estime logique qu’elles séduisent des gens qui « donnent la priorité à la souveraineté dans leur vie personnelle, y compris la souveraineté numérique et financière ». S’il estime que le concept d’État-réseau ne reflète pas entièrement la vision de New Founding, Abbotoy reconnaît que Balaji Srinivasan l’a influencé. À travers une organisation appelée Frontier Foundation, ils mènent une action conjointe pour convaincre Donald Trump de donner suite à l’idée, avancée durant sa campagne présidentielle, de construire des « villes de la liberté » sur des terres fédérales. Dans une lettre ouverte au locataire de la Maison-Blanche, ils ont réclamé que les nouvelles villes « soient exemptées de certaines réglementations fédérales ». Plus récemment, Frontier Foundation et la Freedom Cities Coalition ont eu une rencontre, qualifiée de très fructueuse, avec l’administration Trump.

Sous l’œil bienveillant de Washington, le concept d’État-réseau gagne du terrain et ses promoteurs n’hésitent plus à donner des détails troublants sur l’idéologie sous-jacente. Dans une intervention décousue de quatre heures sur le podcast Moment of Zen, Srinivasan décrit sa vision d’un nouveau San Francisco, dans lequel les habitants proclameraient leur loyauté envers les entreprises technologiques en portant des chemises grises. In fine, après une sorte de guerre des gangs pour le contrôle du territoire, les « Gris » chasseront les « Bleus » – le mot de Srinivasan pour désigner les progressistes. Les « Gris », dit-il, installeront des panneaux portant les logos des entreprises technologiques, mais « des fous, des toxicomanes » viendront les détruire et les remplacer par des symboles « bleus », comme « une seringue plantée dans un bras, ou une effigie de Greta Thunberg... » En conclusion de cette anticipation dystopique, Srinivasan prévoit que les « Gris » auront un accès exclusif à des zones de la ville, bénéficiant d’une protection supplémentaire grâce à un accord spécial avec la police, qu’ils séduiront par de somptueux banquets…

Même si David Karpf, politologue à l’université George-Washington qui travaille sur une histoire de l’optimisme technologique, considère l’État-réseau comme le dernier d’une longue série de « futurs promis qui n’arrivent jamais », les principes de base de la vision de Srinivasan – l’alliance coercitive entre le gouvernement et les seigneurs de la technologie assoiffés de pouvoir – semblent cohérents avec le moment politique actuel. D’autant que Srinivasan et son équipe de stratèges technocrates ne sont pas des idéologues marginaux mais des stars du mouvement MAGA. Ils déploient leurs efforts tant au niveau local – comme en témoignent les tentatives de Garry Tan, de Y Combinator, pour « réformer San Francisco et construire une machine politique alternative dans le domaine de la technologie » – qu’au niveau fédéral, à travers l’action disruptive du département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE) d’Elon Musk. En mars, Balaji Srinivasan a d’ailleurs fait une suggestion à ses 1,1 million de followers sur X. « Il y a un moyen simple de reconstruire l’industrie manufacturière aux États-Unis : donner à Musk le contrôle d’une vaste bande de terre entourant Starbase, au Texas, et lui permettre d’en définir les réglementations. » Il est permis d’en douter. Au-delà des nuisances environnementales déjà dénoncées par les riverains, il n’y aura, dans ce que Srinivasan a appelé une « zone spéciale Elon », pas de réelle promesse d’emploi pérenne : Musk prévoit d’y produire en série des humanoïdes Tesla baptisés Optimus (un million d’ici 2030) qui, en cas de succès, pourraient à leur tour construire tout le reste.

À Próspera, où s’est tenue la conférence de la Startup Societies Foundation, les habitants ont déclaré au média britannique The Guardian en 2022 que les créateurs de la zone insulaire déréglementée l’avaient d’abord présentée comme un « projet immobilier et de développement communautaire ». Ce n’est que plus tard qu’ils ont découvert les plans visant à créer une ville autonome dédiée à la cryptomonnaie, où les propriétaires fonciers disposent d’un nombre de droits de vote proportionnel à la superficie de leur domaine. Après que la présidente du Honduras, Xiomara Castro, a pris des mesures pour mettre fin au projet, ses promoteurs ont intenté un procès au pays, réclamant 11 milliards de dollars de dédommagement. Le premier round de la confrontation entre l’État-réseau et l’État de droit se jouera donc devant la justice hondurienne.

 

© Mother Jones...

Moins d’impôts, moins de charges, moins de règles et plus de profit. Richissimes mais nullement rassasiés, les magnats de la Tech tentent de créer des nations numériques indépendantes. Au début de l’année dernière, des entrepreneurs passionnés de technologie venus du monde entier se sont rassemblés pour plancher sur les moyens de dynamiser des sociétés entravées par une législation tatillonne. Le cycle de conférences, parrainé par la Startup Societies Foundation, basée à Salt Lake City (Utah, États-Unis), s’est tenu à Vitalia, une « ville pop-up » située sur le territoire semi-autonome de Próspera, dans l’île hondurienne de Roatán. Bien connue des touristes médicaux américains soucieux de contourner les lourdes réglementations de la Food and Drugs Administration (FDA), Vitalia proclame fièrement son ambition : « Nous sommes là pour rendre la mort facultative. » Dernier avatar de l’obsession de l’élite de la Silicon Valley, l’émergence d’un « État-réseau » – selon l’appellation forgée par Balaji Srinivasan, un entrepreneur – Próspera est une juridiction autonome dotée d’une réglementation limitée. Financée par des entreprises de capital risque soutenues par Peter Thiel, fondateur de PayPal, et Marc Andreessen, financier de la technologie, cette « zone économique spéciale » a été créée en 2017 et résiste aujourd’hui, malgré les efforts répétés du Honduras pour la fermer. Dans un texte publié en 2021 sur son site web, Srinivasan, ami proche de Thiel et ancien collègue d’Andreessen, expose sa conception du « sionisme technologique », consistant en la création d’une nation en ligne dotée de sa propre culture, de sa propre économie, de sa propre structure fiscale et, bien…

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