Fabrice Humbert “La puissance de métamorphose est la plus grande qualité d’un écrivain”

De l’autre côté de la vie, paru fin août, marque le retour d’un romancier élémentaire. Dix livres derrière lui, traduits à travers le monde, et pourtant jamais tout à fait sorti de cette manière très intime d’entrer en littérature : par le récit, la transmission, l’obsession d’une voix qui cherche à comprendre. « Autrefois, nous étions tous inoffensifs. » Ce n’est pas seulement une déclaration mélancolique, c’est l’acte de naissance d’un père. L’auteur signe ici un livre de seuil, qui dialogue en creux avec L’Origine de la violence, comme si De l’autre côté de la vie en était le contrechamp : à la figure du fils succède celle du père, à la mémoire imposée succède la responsabilité transmise. Un homme part avec ses deux enfants, et c’est tout un monde – intime, historique, français – qui s’ébranle. La narration, chez lui, reste un abri, une agitation, un intermezzo.   Histoire d’amour et de ténèbres d’Amos Oz « C’est un récit autobiographique où la fiction est indissociable de la vérité. Ce qui m’émerveille dans ce livre, c’est sa capacité de métamorphose épique : transformer un détail personnel en une histoire universelle – comme celle d’Israël. Cette puissance de métamorphose est, à mes yeux, la plus grande qualité d’un écrivain. Faire littérature à partir des grands événements est déjà un défi, mais en faire surgir à partir d’un lit, d’une conversation avec une institutrice, d’un repas, voilà ce que je considère comme le plus grand art. »                 Crime et Châtiment de…