Impossible de prédire le temps qu’il fera sur les côtes de la Bretagne sud à l’approche de l’équinoxe d’automne. Pour se faire une idée de ce que sera l’ouverture de l’automne, on attend le matin du 21 septembre. Si le ciel est sans nuage et qu’il affiche un bleu franc, l’été va défier pendant quelques jours, parfois quelques semaines, le cours ordinaire des saisons. S’il est plombé, on comprendra qu’à cette date où le soleil amorce sa lente bascule vers l’hiver, on aura droit à un de ces furieux coups de chien bien connus des météorologues : les tempêtes d’équinoxe.
C’est ce qui se passe ce matin. Deux heures après l’aube, à la marée montante, le vent se lève et s’attaque aux vieilles maisons de pêcheurs qui jalonnent la pointe sud de la rade. Puis une pluie drue et féroce s’abat sur la côte. Partout, les gouttières se réveillent. Juliette aussi.
Pas la moindre envie de se lever. Loin de l’effrayer, les tempêtes l’apaisent. Même petite, elle était ainsi. Se pelotonner dans son lit tandis que les rafales secouaient la maison, c’était même un de ses plaisirs préférés quand elle passait ses vacances ici. Elle s’est longtemps demandée pourquoi. Ceux qu’elle a questionnés lui ont fait la même réponse : « C’est la maison. Elle est vieille, elle a de bonnes ondes. » Elle a trouvé l’explication un peu courte mais elle en est restée là.
Puis l’an passé, la maison, jusqu’alors celle de sa grand-mère, est devenue la sienne : la vieille dame lui en a fait don. Et c’est au moment précis où elle sortait avec elle de l’étude du notaire qui avait établi l’acte de donation, qu’elle l’a à son tour interrogée. Sa grand-mère ne s’y attendait pas : Juliette, une pudique, une secrète ; ces questions-là, elle les réserve aux gens de son âge, encore faut-il qu’ils soient très proches. Puis le moment de surprise passé, elle s’est fait une joie de lui répondre :
— Tu as remarqué ça, toi aussi ? Ça remonte à la guerre. Avant, les gens de la rade étaient comme tout le monde, ils redoutaient les tempêtes et tout le temps qu’elles soufflaient, ils dormaient mal. Mais en 1943, quand Churchill a voulu détruire la base sous-marine que les Allemands venaient de construire et qu’il envoyait chaque nuit ses bombardiers pilonner la base, ici, c’était l’enfer. Les gens se disaient qu’ils allaient tous y passer. Sauf quand ça soufflait. Ces nuits-là, ils savaient que l’aviation anglaise n’attaquerait pas. Ils avaient beau détester les Allemands, ils respiraient. Ils allaient pouvoir dormir sur leurs deux oreilles. Même les petits, dont j’étais, le savaient. Ça nous a tous tellement marqué qu’après la guerre, c’est resté dans les mentalités.
— Et quatre-vingts ans plus tard, ça n’aurait pas changé ?
La vieille dame a pointé le sac où elle avait enfoui l’acte de donation :
— Ces choses-là se transmettent plus facilement que les héritages. Tu n’as pas besoin de passer par un notaire et en plus, tu ne payes pas de taxes…
*
Donc en ce premier matin d’automne, pluie et vent sur la maison de Juliette. Jamais elle ne s’est sentie aussi bien. Au point que vers neuf heures, quand la tempête forcit, elle se plaît toujours à nageoter à la lisière qui sépare la veille du sommeil en égrenant le chapelet de pensées qui vont l’aider à rabibocher le jour qui s’annonce à la nuit qui s’en va. Ça donne quelque chose comme :
« Je suis dans ma maison de Bretagne.
On est quel jour ?
21 septembre, équinoxe d’automne.
Cette année, tempête, pluie et vent.
Tant mieux.
Ce que je me sens bien.
Surtout quand je repense à l’état où j’étais à Paris il y a trois mois. »
Et il suffit qu’elle forme au fond de sa tête ce mots-là, « il y a trois mois » pour qu’un flux de souvenirs la submerge, plus irrésistible encore que la mer qui s’empare de la plage à 500 mètres de là.
Puis c’est le ressac, féroce, lui aussi, et il lui semble que ce flux l’entraîne elle-même au large, pas celui de l’océan en furie mais jusqu’à un moment de sa vie où elle a cru sombrer – c’était en juin, à Paris.
*
Souvenirs ? Images ?
Disons images. Tantôt nettes, tantôt floues. À quand remontent-elles ? Elle ne saurait dire. Autant elle est sûre et archi-sûre qu’on est aujourd’hui le 21 septembre, autant, pour ce qui lui est arrivé en juin dernier, elle est incapable de dire quand l’enfer a commencé.
À l’approche du solstice, finit-elle par estimer, sans doute aux environs du 15, quand le temps, très frais jusque- là, et même pluvieux parfois, s’est soudain mis au beau. Et encore plus vite au chaud, puis au très chaud, jusqu’à ce qu’il devienne, de la même façon, en quelques heures, à l’insupportablement chaud. Les Parisiens, tout aussi vite, se sont transformés en créatures assoiffées et transpirantes. Mais dans ce chaos d’images qui déferle soudain sur Juliette, la plus insistante est celle des rues de la nuit. À l’approche du soir, les gens sortaient. Elle entend aussi la bande-son de ces nuits qui n’en finissaient pas. Des cris, des sirènes d’ambulance, des moteurs de motos qui fendaient les carrefours à toute vitesse, des sirènes d’ambulance.
Et le soleil qui ne voulait plus se coucher. À ces quelques jours qui précédèrent l’approche du solstice, elle trouve maintenant quelque chose de la fin du monde, on se serait cru dans les premières pages de Tintin et l’Étoile mystérieuse. Elle a croisé un soir un allumé qui criait à qui voulait l’entendre que la Terre, d’ici huit jours, cesserait de tourner et la Lune aussi.
Voilà pour le décor et l’ambiance. Et pour ses états d’âme, à Juliette, dans ce Paris pris au piège de la canicule ? C’est à la fois très simple et très bizarre : elle se sent dans la peau d’une feuille morte. Pourquoi une feuille morte ? Parce qu’il y en a déjà plein les rues. Les gens s’étonnaient : « Des feuilles mortes, en juin, disaient-ils, jamais vu ça. » Jamais vu, en effet : un tout petit souffle de vent et elles se détachaient des branches. Et on les voyait s’effondrer sur les trottoirs avec une discrétion remarquable : une à une, contrairement à ce qui passe en automne, sans voltiger, sans tourbillonner, comme si leur souci premier était de ne pas se faire remarquer. Mais même si ça les surprenait, les gens, dans le fond, s’en fichaient. Leur but à eux, c’était de vivre, et vivre, c’était d’abord ne pas se sentir seuls avec leurs insomnies. Sitôt sortis du travail, et malgré la massue de la chaleur, ils couraient s’installer en terrasse pour se gorger de verres bourrés de glaçons jusqu’à la gueule et y rester jusqu’à minuit. Les cafetiers avaient flairé la bonne affaire, ils fermaient de plus en plus tard. Et puisque Paris, à mesure que la chaleur montait, semblait voué à l’insomnie perpétuelle, les autorités fermaient les yeux.
*
Dans ce chaos de petites saynètes, une autre image revient, encore plus obsessionnelle. Juliette se revoit attablée à une de ces terrasses, mais seule, contrairement aux autres. Dès le premier soir où elle est sortie, elle aussi et comme tout le monde, pour conjurer l’insomnie, elle a été sidérée par le nombre de gens qui déambulaient dans les rues. Et par la surface de peau qu’ils exhibaient.
Très vite, elle n’a plus vu que ça, leur peau. Et comme elle n’avait pas elle-même grand-chose sur le dos, elle a compris : « Tous ces corps à moitié dévêtus poursuivent le même but que moi : dégoter vite fait un autre corps avec qui passer l’été. Mais moi, cette année, je ne veux pas ce soit seulement pour l’été. 34 ans, le temps presse, il est urgent que je trouve. »
« Urgent que je trouve » : elle ne dirait pas mieux si elle était postée devant l’écran de son ordi et surfait de site en site en quête d’un maillot de bain ou d’une paire de sandales. Elle en est parfaitement consciente : cinq ans qu’elle s’en remet, pour ses amours, aux plateformes de rencontre. Mais elles ne lui ont jamais rien offert que des flambées de sexe vite éteintes et maintenant, c’est décidé : finies les navigations en solitaire sur l’océan des amours électroniques. Elle va se choisir son homme dans le catalogue de la vie.
Donc une aubaine, ces chaleurs et ces terrasses. Sur les trottoirs, des hommes à profusion. Mais phénomène bizarre (et faut-il qu’elle aille mal, la chaleur, va savoir), elle ne s’attache qu’à leur peau. Peaux blanches comme neige des contes de Perrault, peaux noires d’ébène comme ça s’écrivait dans les vieux romans d’aventure. Peaux de bruns, peaux de blonds, peaux métisses. Peaux roses, toutes fraîches, presque enfantines, peaux cuites, recuites et re-recuites. Peaux grêlées de grains de beauté. Peaux trafiquées, peaux hormonées. Peaux déjà pelées, au mépris des pubs pour crèmes solaires qui s’affichent à tous les coins de rue dans les vitrines des pharmacies.
Pas plus aigu que l’œil de Juliette : elle est radiologue. Et au fil des heures, déformation professionnelle, elle débusque sous les peaux à l’air ce qu’elles enveloppent. Des muscles en berne, des vertèbres fatiguées, des bedons naissants. Ou l’inverse : fabuleux cadeau de la jeunesse, des chairs de marbre.
Elle n’est pas longue non plus à le noter : alors que les corps d’hommes, dans le cabinet où elle exerce, n’en mènent pas toujours très large quand ils approchent de ses machines à voir à travers, ici, au cœur du mouvement brownien qui se déploie devant les terrasses et pas seulement, dans les coulées de bitume où les vélos ahanent et les moteurs s’étouffent, ils semblent bien plus confiants. Et comme Juliette est vive, elle saisit pourquoi. Sitôt sortis de chez eux, ils ont un horizon : l’Eldorado des vacances. Et comme l’heure de le rejoindre est loin d’avoir sonné, ils s’en imaginent un de remplacement. « Comment leur jeter la pierre ? » se dit-elle. « Le rêve de ces passants est aussi le mien : gagner le plus vite possible ce paradis-là et m’arranger pour que septembre n’ait plus jamais lieu. »
Elle est vraiment comme eux. Si lucide soit-elle, ça lui fait un bien fou d’oublier que l’année dernière, comme toutes celles d’avant, l’Eden a mis la clé sous la porte le 31 août et qu’au premier nuage, elle est rentrée à Paris veuve de son beau mirage : trouver une bonne fois pour toutes l’homme-oiseau rare avec qui faire sa vie – sa vie qui s’enfuit.
Alors c’est plus fort que tout : comme tous les ans, elle retombe dans le piège. Et à la vue de toutes ces peaux en attente d’autres peaux, elle se convainc qu’avec un sud – n’importe quel sud du moment qu’il ressemble à ceux qui s’affichent partout dans Paris, des abribus jusqu’à l’écran de son portable, toujours les mêmes images, soleil, palmiers, liberté nue, bronzage, couples enlacés devant des lagons turquoise – le Messie de l’été va enfin se montrer et avec lui, l’homme de sa vie.
Puis elle se demande : et si je m’en faisais tout de suite une idée, de ce à quoi il ressemble, mon oiseau de paradis ? Et c’est ainsi qu’elle se retrouve tous les soirs seule à une terrasse, à ne rien faire d’autre que mater les hommes.
*
Elle sort bien avant que la nuit tombe, sur le coup de vingt heures ; et quand elle s’approche de son poste de guet – jamais la même terrasse, elle tient à varier les terrains d’observation – elle prend bien soin de se donner des airs absents.
Elle a trouvé une méthode : pour s’assurer qu’on ne la remarque pas, elle visse les écouteurs de son portable à ses oreilles, se branche sur une radio d’informations continues et tandis que la machine déverse dans son conduit auditif les nouvelles censées changer à jamais le cours du monde – tigui-ding-tigui-ding-ding-ding, FUSION DU GROUPE AGROALIMENTAIRE AUSTRALIEN CORNED KANGOUROU AVEC LA SOCIÉTÉ FINANCIÈRE LUXEMBOURGEOISE GLADIATORI, tigui-ding-tigui-ding-ding-ding, LE PROCUREUR ZEPPELIN DÉCHIQUETÉ PAR UN COLIS PIÉGÉ, LA MAFIA GÉORGIENNE IMPLIQUÉE, tigui-ding-tigui-ding-ding-ding, LA SUPÉRIEURE D’UN COUVENT DE CARMÉLITES SOUPÇONNÉE D’AGRESSION SEXUELLE SUR LE FILS NATUREL DE SA JARDINIÈRE EN CHEF tigui-ding-tigui-tigui--ding-ding, les champs magnétiques des portables seraient à l’origine de la disparitions des fantômes dans les manoirs Écossais, en Ukraine, l’armée russe… À Washington, Donald Trump – elle commence à scanner les hommes.
Son œil lit en eux aussi bien côté pile que côté face. Un seul regard à leur dos, leur carrure, leur cambrure, leur voussure, elle sait ce que sera l’amour avec eux. Ce qu’il faudra leur donner, ce qu’elle devra leur refuser. Rien ne lui échappe, ni la force, ni la lâcheté, la faiblesse, la détresse, la joie d’habiter son corps ou son contraire, le dégoût de soi. Les résultats de l’examen, malheureusement, sont chaque fois désastreux : « Ça, pas pour moi. Ça non plus. Et ça, surtout pas. Tout mais pas ça. »
C’est comme un mauvais jour de soldes : elle a beau fouiller, rien ne lui va. Le pire, c’est quand elle décrète : « Plus jamais ça. » Au souvenir de ses amours ratées, elle préfère encore les tigui-ding-tigui-ding-ding qui lui dégoulinent dans les oreilles.
Mais, d’eux aussi, elle en a vite assez. Alors elle les arrache, quitte la terrasse, hèle un taxi en errance dans la ville échouée sur le bitume comme une grande méduse fatiguée. Et rentre chez elle où elle emploie le peu d’énergie qui lui reste à rallumer la clim. Puis elle se couche et s’endort. Et pourtant le soir suivant, elle recommence.
Puis elle se lasse. Si elle ressort, c’est sans doute comme pour tout le monde. L’horizon des vacances… Mais toujours pas de corps à son goût. Alors c’est fatal : un jour, elle craque.
*
Avec la chute des feuilles mortes et le défilé des peaux sur les trottoirs, c’est la seule scène, dans tous ses souvenirs du mois de juin, qui soit extrêmement nette. Ça s’est passé vers midi et la chaleur n’y fut pour rien, elle se trouvait dans une galerie marchande parfaitement climatisée. Pourquoi y était-elle entrée ? Une énième affiche. Guère plus inventive que les autres : sur un fond de vagues turquoise, un slogan, SPLASH ! et par en-dessous, un second : « Cap sur les Îles du Sud ! »
Comme ce fut facile d’entrer dans l’agence. Les portes coulissèrent dès qu’elle s’en approcha et elle n’était pas à l’intérieur qu’une blonde peroxydée lui offrit un siège. Elle avait dû la voir venir de loin : tipeu-tipeu-tip-toup-toup-toup, elle tapotait déjà son clavier d’où jaillissaient, dociles, quelques photos d’un bleu aussi turquoise que l’affiche. Puis elle lui a servi un sourire de synthèse : « Qu’est-ce qui vous plairait ? »
— Pas vraiment d’idée.
— Tant mieux, vous vous y prenez tard. Jusqu’au 31 août, je n’ai plus grand-chose.
Nouveau tipeu-tip-toup-toup-toup. Puis la blonde tourne son écran dans sa direction :
— Ceci ? À condition que vous partiez à deux.
— Je pars seule.
— Alors je n’ai rien. Les personnes seules sont les plus difficiles à caser.
Les plus difficiles à caser : Juliette s’effondre sur le bureau de la blonde et y répand les larmes qu’elle n’a pas versées depuis des années.
*
Dans les romans à couverture rose bonbon et bleu lagon qui colonisent plus que jamais les têtes de gondole des librairies à l’approche de l’été, une main inconnue – main d’homme, bien entendu – se serait aussitôt posée sur l’épaule de Juliette. Le visage encore noyé de larmes, elle se serait retournée et l’inconnu, moche ou pas, lui aurait souri et ils auraient tout de suite saisi, à on ne sait quel signe mystérieux, qu’ils passeraient leur vie ensemble.
Le plus beau de l’histoire de Juliette, c’est qu’au début de la scène, ça se passe comme ça. Une main presse son épaule, elle se retourne. Sauf que l’homme qui lui fait face par le plus grand des hasards n’est rien moins que le jeune clerc de notaire qui là-bas, en Bretagne a rédigé l’acte de donation de sa maison. Et le plus ancien de ses amis – elle le retrouvait tous les étés. Donc quand elle retrouve ses esprits, tout ce qu’elle trouve à lui dire, c’est : « Qu’est-ce que tu fous là ? » Il lui répond du tac au tac : « Et toi ? »
Rien de tel qu’un vieil ami pour vous remettre la tête à l’endroit. Il comprend tout dans la seconde. Et dans le café climatisé où il l’emmène illico prendre un verre, il ne prend pas de gants : « Tu vas mal, Juliette. Et tu seras encore plus mal si tu pars au bout du monde. Même au soleil. Même avec quelqu’un. »
« Il m’a épiée », se dit-elle, et elle éclate :
— Tu peux parler ! Tu cherchais quoi, toi, dans cette agence ? Sun, Sex and Sea, je suis sûre, exactement comme moi !
Il ne se trouble pas :
— Mon oncle est le propriétaire de l’agence. Il prend sa retraite, il la vend. Je dois lui trouver un acheteur. Toute une affaire. Mais comme je ne prends pas de vacances cette année…
Puis il réfléchit :
— Et toi, au fait, ta maison…Tu l’as louée ?
Sa maison, des semaines qu’elle n’y pense plus. Elle tombe des nues :
— Non. Mais pourquoi ?
— Alors pars-y tout de suite. Mets-toi en congé-maladie, pars et reste là-bas le temps qu’il faudra. Repose-toi, ne bouge pas. Tu ne seras pas seule, je viendrai te voir. Et au moins tu seras au frais.
Elle se sentait déjà au frais. Ce n’était pas seulement l’effet de la clim.
Elle a quand même pris quelques jours pour réfléchir puis elle a jugé qu’il avait raison. Elle s’est mise en congé-maladie et le lendemain, elle a rejoint sa vieille maison du bout de la rade. Comble d’ironie, le jour où elle a pris la route, les chaleurs ont cessé.
L’ami d’enfance a tenu parole, il est venu la voir presque chaque soir. Ils se parlaient de tout et de rien, ça lui faisait du bien.
Où ça s’en allait, tout ça ? Elle ne cherchait pas. Elle préférait s’abandonner à son humeur du jour, lire, se baigner, cuisiner, marcher, arroser ses hortensias. Début septembre, elle a prolongé son congé. Elle rêvait d’une tempête d’équinoxe.
Et la voici. Toujours pas envie de sortir de son lit. Et tellement de paix qu’un seul désir : s’abandonner à la vie qui, comme les vagues, là-bas, sur la plage, vont et revont. Elle va sans doute y arriver, elle s’y prend très bien.
L’œuvre d’Irène Frain est riche d’une trentaine de romans et biographies salués par la critique et le public pour leur souffle narratif et leur documentation sans faille. Certains sont devenus des classiques : Le Nabab, Secret de famille, Devi, Les Naufragés de l’île Tromelin, Sorti de rien, Marie Curie prend un amant. L’un de ses romans, Un crime sans importance (éd. Seuil), a reçu le prix Interallié. Elle a publié L’Or de la nuit chez Julliard en 2025....
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