Il y a quelques mois, un ami de ma fille a testé sur nous son cours sur le réchauffement climatique et la nécessaire décroissance. Nous l’avons écouté sagement pendant près d’une heure, impressionnés par les « slides » qu’il faisait défiler, l’accélération du phénomène qu’il détaillait, chiffres du GIEC à l’appui, et surtout par la parabole du colibri qui concluait sa démonstration.
Alors que la forêt brûle, tous les animaux s’affolent sans rien faire. Seul le colibri va chercher de l’eau dans la rivière. Et quand on lui dit qu’il n’éteindra jamais ce grand feu avec les trois gouttes qu’il trimbale dans son bec, il répond : « Je sais, mais je fais ma part. »
J’en ai déduit assez fièrement que j’étais un peu le colibri de cette maison : dans le rôle de la mégère obsédée par le tri sélectif, les ampoules à éteindre ou les fruits de saison. Pour ne pas décourager ces quelques velléités, Tom m’a gentiment répondu « tout à fait ! », comme à une brave fille qui vient de comprendre que 2 et 2 font 4.
Néanmoins, depuis ce cours magistral, nous avons repris le cours normal de nos activités. En nous sentant peut-être vaguement plus coupables d’aller faire un plein de diesel, mais avec toujours autant d’épluchures de patates dans le bac à papier. Ma fille, déterminée à voter écolo à la présidentielle, a rallumé son ordi et commandé dans la foulée quelques fringues chez Zara.
Mais je crois avoir compris : le timing n’était pas le bon. C’est en janvier que nous allons tous passer naturellement de la consommation débridée à la sobriété heureuse. Gavés ad nauseam par trop de vin, foie gras, dinde et saumon, encombrés de cadeaux le plus souvent totalement inutiles, il est juste temps de dire stop. Notre foie et nos placards eux-mêmes nous y encouragent. La nouvelle mode américaine qui consiste à ne boire que de l’eau après les fêtes pourrait ainsi devenir une variation sur la fable du colibri. À condition d’extrapoler ce Dry January à d’autres domaines que la divine bouteille.
Alors Dry à tous les étages, on n’achète plus même en solde : on répare, on rafistole, ou on s’habille de vieilleries rebaptisées vintage pour être plus chics. À sec le réservoir, ce sera marche ou pédale ! Adieu la viande, vive le tofu et le quinoa.
Et puis après janvier on verra. Il sera toujours temps de commander une côte de bœuf ou de prendre un billet pour les Antilles. Nous aurons fait notre petite part, peut-être perdu deux kilos et lâché quelques gouttes de bonne conscience sur l’incendie qui fait rage. ...
Il y a quelques mois, un ami de ma fille a testé sur nous son cours sur le réchauffement climatique et la nécessaire décroissance. Nous l’avons écouté sagement pendant près d’une heure, impressionnés par les « slides » qu’il faisait défiler, l’accélération du phénomène qu’il détaillait, chiffres du GIEC à l’appui, et surtout par la parabole du colibri qui concluait sa démonstration. Alors que la forêt brûle, tous les animaux s’affolent sans rien faire. Seul le colibri va chercher de l’eau dans la rivière. Et quand on lui dit qu’il n’éteindra jamais ce grand feu avec les trois gouttes qu’il trimbale dans son bec, il répond : « Je sais, mais je fais ma part. » J’en ai déduit assez fièrement que j’étais un peu le colibri de cette maison : dans le rôle de la mégère obsédée par le tri sélectif, les ampoules à éteindre ou les fruits de saison. Pour ne pas décourager ces quelques velléités, Tom m’a gentiment répondu « tout à fait ! », comme à une brave fille qui vient de comprendre que 2 et 2 font 4. Néanmoins, depuis ce cours magistral, nous avons repris le cours normal de nos activités. En nous sentant peut-être vaguement plus coupables d’aller faire un plein de diesel, mais avec toujours autant d’épluchures de patates dans le bac à papier. Ma fille, déterminée à voter écolo à la présidentielle, a rallumé son ordi et commandé dans la foulée quelques fringues chez Zara. Mais je crois avoir compris : le timing n’était pas le bon. C’est en janvier que…
