Les photographies d’Afghanistan de Marc Riboud ont été prises entre 1955 et 1956 pendant son premier grand voyage en Orient, lorsqu’il est parti de Beyrouth avec la vieille Land Rover de George Rodger [l’un des cofondateurs de l’agence Magnum] pour aller par la route jusqu’à Calcutta. Il a donc traversé le pays d’ouest en est, arrivant de l’Iran et roulant à son rythme vers le Pakistan puis l’Inde.
En regardant ces images, soixante-dix ans plus tard, on est frappé tour à tour par la permanence de certaines choses, et par la disparition d’autres.
Les voiles et les burqas sont toujours là, même si les couleurs et les matières ont changé. Les routes asphaltées ont souvent remplacé les pistes de sable, les Afghans préfèrent aujourd’hui les voitures aux chevaux, la télévision a détrôné les chanteurs dans les maisons de thé et, sur les murs de Kaboul, on chercherait en vain des affiches de films occidentaux comme celle avec Leslie Caron et Kirk Douglas en 1955. Et puis enfin, quand on traverse la magnifique vallée de Bamiyan, désormais, deux trous géants dans les falaises remplacent les deux bouddhas qui veillaient là depuis des siècles.
Mais là n’est peut-être pas l’essentiel. En 1955, un voyageur pouvait traverser le pays, les villes, les villages et les campagnes en sécurité. Il trouvait toujours un lit dans les maisons de thé qui jalonnaient la route. Le pays était pauvre mais pas encore déchiré par les guerres intestines, les occupations étrangères, la guerre civile ou l’extrémisme religieux. Aujourd’hui l’Afghanistan, un des plus beaux pays d’Asie centrale par ses paysages, son art, sa littérature, étouffe sous le joug des talibans et nul ne sait combien de temps ce joug va durer.
Catherine Riboud, décembre 2022
Vue de la vallée de Bamiyan sous la neige.
Scène de rue à Kaboul. Sur le mur on voit l’affiche du film The Story of Three Loves (Histoire de trois amours en français), un film à skecths de 1953, réalisé par Vincente Minnelli et Gottfried Reinhardt.
Femmes en burqas dans une rue de Kaboul.
Scène de rue à Kaboul.
Infirmières afghanes dans un hôpital pour femmes à Kandahar.
Femme et enfant sur la route menant à l’aéroport de Kaboul
Un homme et son âne croisent un camion en panne sur la route menant de Kaboul vers le nord du pays.
Cavaliers se réunissant pour un bouzkachi (« attrape-chèvre » en persan). Ce jeu aux origines très anciennes est ici organisé à l’occasion d’un mariage, réunissant des communautés turkmènes et ouzbeks.
À l’aéroport de Kaboul, devant l’un des quatre avions de la compagnie aérienne Aryana, fondée en 1955.
Jeune paysan turkmène devant la maison familiale. Cette famille est arrivée vingt ans plus tôt de Russie et a été installée sur ces terres pauvres, d’anciens marais.
Halte à Pul-e-Khumri, sur la route menant vers le nord du pays et la Russie. Les chauffeurs des camions peints et les cavaliers s’arrêtent pour la nuit.
Dans une tchaikane, une maison de thé à Pul-e-Khumri. Les chauffeurs fatigués se reposent, mangent et boivent du thé, en écoutant les musiciens.
Passe de Khyber. Devant ce panneau de signalisation, Marc Riboud se plaisait à raconter qu’il avait longtemps hésité sur la route à prendre, car il aimait voyager à son rythme.
Sur la route de Pul-e-Khumri, au loin les hautes montagnes de l’Hindou Kouch.
Vue sur la falaise de Bamiyan et le grand bouddha [détruit en 2001 par les talibans].
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Les photographies d’Afghanistan de Marc Riboud ont été prises entre 1955 et 1956 pendant son premier grand voyage en Orient, lorsqu’il est parti de Beyrouth avec la vieille Land Rover de George Rodger [l’un des cofondateurs de l’agence Magnum] pour aller par la route jusqu’à Calcutta. Il a donc traversé le pays d’ouest en est, arrivant de l’Iran et roulant à son rythme vers le Pakistan puis l’Inde. En regardant ces images, soixante-dix ans plus tard, on est frappé tour à tour par la permanence de certaines choses, et par la disparition d’autres. Les voiles et les burqas sont toujours là, même si les couleurs et les matières ont changé. Les routes asphaltées ont souvent remplacé les pistes de sable, les Afghans préfèrent aujourd’hui les voitures aux chevaux, la télévision a détrôné les chanteurs dans les maisons de thé et, sur les murs de Kaboul, on chercherait en vain des affiches de films occidentaux comme celle avec Leslie Caron et Kirk Douglas en 1955. Et puis enfin, quand on traverse la magnifique vallée de Bamiyan, désormais, deux trous géants dans les falaises remplacent les deux bouddhas qui veillaient là depuis des siècles. Mais là n’est peut-être pas l’essentiel. En 1955, un voyageur pouvait traverser le pays, les villes, les villages et les campagnes en sécurité. Il trouvait toujours un lit dans les maisons de thé qui jalonnaient la route. Le pays était pauvre mais pas encore déchiré par les guerres intestines, les occupations étrangères, la guerre civile ou l’extrémisme religieux. Aujourd’hui l’Afghanistan, un des plus beaux pays…
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